Test | Death's Door
06 déc. 2021

Danse avec les piafs

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Death's Door

De l'exploration, des combats nerveux, des boss redoutables et des gigues endiablées : Death's Door va vous faire transpirer à grosses gouttes. Et rêver aussi, devant ces décors et ces personnages sortis d'un dessin animé d'Hayao Miyazaki.

L'histoire

Vous êtes un piaf, un corbeau armé d'une épée et d'un arc certes, mais une pauvre petite chose incapable de voler. Vous êtes un piaf, et vous parcourez un cimetière, un marais, une montagne, tout ça à pattes. Vous êtes un piaf, et vous êtes à la rue : l'âme que vous étiez censé ramener au bercail vous a échappé, et vous voilà coincé dehors. Comble de malchance, tout le monde vous en veut : une sorcière et ses sbires, un crapaud et son armée, un yéti et ses adulateurs. Il vous faudra beaucoup de dextérité pour survivre, et parfois un peu de chance aussi.
Retrouvez l'âme que vous étiez censé faucher

Le principe

Les puzzles sont simples. Vous pouvez parfois tricher sur les angles, comme ici.

Bonne nouvelle : Death's Door n'est pas un rogue like. La mort n'est pas punitive, vous reprenez juste à la dernière porte franchie. Oui, avec tout ce que vous aviez ramassé en route. Death's Door n'est pas un Dark Souls non plus. Il a beau en reprendre certains codes, comme le message humiliant « Tu es mort » pendant que les ennemis s'acharnent sur votre dépouille, ou les échelles à faire tomber pour débloquer des raccourcis, il s'en distingue par sa difficulté mieux dosée – les points gagnés en combat permettent d'upgrader le piaf sans avoir besoin de récupérer quoi que ce soit sur sa carcasse fumante.

C'est une bonne nouvelle car les combats sont brutaux. Les ennemis attaquent en meute, sans attendre que leur copain ait placé un coup pour vous en donner un aussi (coucou les Assassin's Creed). Après un coup reçu, vous ne disposez pas de plusieurs secondes d'invincibilité généreuse comme dans la plupart des jeux – du coup il n'est pas rare de se prendre une deuxième mandale d'affilée. Avec quatre points de vie seulement hors upgrades, ça pique un peu. Il faut donc user des roulades pour esquiver les attaques, en faisant attention à ne pas tomber dans l'eau ou le vide, ce qui vous retire un point de vie aussi. Enfin, il faut utiliser les attaques à distance à son avantage, soit en renvoyant certains projectiles, soit en faisant exploser des barils à distance – en restant hors de portée du blast. Sinon... Exact, vous perdez un point de vie aussi.
Death's Door reprend quelques codes des Dark Souls

Les combats

Avant de récupérer une nouvelle magie, il faut survivre à des vagues d'ennemis.

Comme à l'escrime, tout est une question de placement. Votre attaque chargée, surtout une fois upgradée, permet de toucher certains adversaires sans qu'eux ne puissent vous atteindre. Et il faut frapper un ennemi ou certains éléments du décor (vases, champignons, cristaux) pour remplir quatre petits losanges blancs qui sont autant de points de magie : tir à l'arc, boules de feu, bombes... Sans prise de risque impossible de remplir les fameux losanges et donc de rester prudemment hors de portée des ennemis. Comme utiliser la magie vous force à rester immobile, et qu'il faut un peu de temps pour charger un tir, tout est décidément question de placement. Trop proche d'un ennemi, et il vous colle une mandale alors que vous chargiez votre bombe dévastatrice. Trop loin, et vous risquez de vous prendre un projectile pendant que vous bandiez votre arc...

Cette dynamique, et la complémentarité des ennemis, vous obligent à rester toujours en mouvement. Roulade pour vous éloigner d'une brute, coups d'épée pour tuer un ennemi collant et recharger les losanges, roulade pour éviter le projectile de la brute, boule de feu pour le cramer à distance, roulade pour éviter sa charge... Les combats ressemblent à des danses, avec des bruitages et des sensations d'impact hyper satisfaisantes quand un coup touche. En jouant volontairement sur les restrictions – quatre attaques magiques maximum hors upgrades, coups à donner pour recharger la magie – Death's Door nous gratifie de combats nerveux et passionnants.
Alternez attaques à distance et au corps à corps

Pour qui ?

C'est ici que vous pouvez améliorer vos compétences avec les points gagnés en combat.

Il y a du Hades dans ce jeu, même si ce n'est pas un rogue like. Les combats nerveux, la complémentarité des ennemis, la possibilité de renvoyer des coups et de se servir du décor en font un des meilleurs jeux d'action du moment. C'est aussi un jeu d'exploration formidable, un peu comme les Zelda, avec de nouveaux pouvoirs à récupérer sur les boss pour accéder à de nouvelles zones – y compris à des duels planqués, duels parfois plus durs que les boss. Certes, Death's Door est difficile. Il faut aimer gagner au fil du rasoir, reprendre un peu de vie au dernier moment... et se haïr pour avoir fait une faute d'inattention qui coûte un point de vie bêtement. Mais le jeu est toujours équitable : vu la perfection de son gameplay et la réactivité des commandes, vous ne pouvez vous en prendre qu'à vous-même en cas d'échec.
Exploration à la Zelda, combats à la Hades

L'anecdote

Les boss viennent régulièrement vous troller avant de vous affronter enfin.

Ça ne vous étonnera probablement pas venant des développeurs du brutal Titan's Souls : les combats de boss sont mémorables. Mention spéciale à ce crapaud géant qui frappe le sol et fait disparaître des cases de l'arène au fur et à mesure, un grand classique des combats de boss. Le crapaud frappe le sol avec sa masse rose, les cases reviennent, vous continuez de le frapper, tout va bien... Jusqu'à ce qu'il cesse de frapper le sol, qu'il range la masse dans son dos et que du coup les cases cessent de revenir... vous forçant à tomber dans le vide tôt ou tard. Et à perdre de précieux points de vie. Alors que les attaques s'intensifient. La solution... ? Je vous laisse la trouver ! C'est aussi ça, le plaisir de Death's Door : observer et comprendre comment résoudre un problème épineux.
Des boss et des nœuds au cerveau
Les Plus
  • La maniabilité et les combats
  • L'exploration
  • La difficulté corsée mais jamais punitive
  • L'univers, les personnages secondaires
  • La direction artistique
  • La sensation de progression : upgrades, pouvoirs...
Les Moins
  • Pas de multi, pas de coop
  • Pas de carte pour se repérer
  • La Dual Sense PS5 est peu exploitée
Résultat

Quelle claque. Avec ses petits airs de jeu indé sans prétention, Death's Door vous retourne comme une crêpe : combats intenses qui vous laissent les mains moites de sueur, univers atypique, level design incroyable avec raccourcis à activer progressivement, direction artistique digne des maîtres japonais, ambiance inoubliable, gameplay millimétré et inventif, ou encore difficulté prononcée mais pas punitive. C'est aussi un jeu qui sait ménager des surprises avec son scénario à tiroirs et ses personnages hauts en couleur. Sans oublier un rythme incroyable – le jeu vous laisse parfois explorer un donjon longtemps sans que le moindre ennemi ne pointe le bout de ses lames, vous laissant le temps de vous imprégner des lieux... avant de vous en faire tomber sur le bec par paquets de douze une fois un certain mécanisme activé. Du génie.

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