Test | Hitman : Contracts, fromage et dessert
22 juin 2004

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Hitman Contracts

Dans la vie, on est gentil, on fait la vaisselle, on se fait doubler sans râler dans la file de ciné et les jolies blondes ne vous regardent même pas. Dans la vie oui, mais dans les jeux non. Notamment dans Hitman : Contracts où on incarne un grand chauve légèrement porté sur le meurtre. Il faut de tout pour faire un monde : pour certains c'est le tennis ou le clubbing, lui son hobby c'est le meurtre. Ca va faire peur aux blondes, c'est sûr, mais que c'est bon de faire le mal !

Je ne suis pas un numéro

On a tous eu ce message touchant, débordant d'amour, d'un proviseur qui a encore sur son bureau un article consacré à Columbine, cette jolie attestation sur papier qualité chie que non, avant d'être un lycéen anonyme, on est avant tout un être humain. Ca n'empêche pas de redoubler, notez bien, mais c'est quand même plus flatteur sur son bulletin que Peut mieux faire ou Progrès encourageants. L'inconvénient avec 47, c'est que ce grand chauve n'a jamais eu de proviseur attendri ou de petits mots doux, exception faite des rectangulaires avec beaucoup de zéros et une signature en bas à droite. C'est peut-être pour ça qu'il a mal tourné, le pauvre. Avec un peu plus d'attention, il aurait pourtant pu finir cuistot, serveur ou même garde du corps.

Fashion victim

Il suffit de le voir enfiler un tablier, un uniforme ou un costard pour s'en rendre compte : 47 sait tout faire, 47 est doué. Il passe inaperçu avec son beau poulet fourré au silencieux, en tout cas jusqu'à ce qu'il le dégaine pour loger un peu de plomb dans les deux cent kilos de graisse de sa cible adipeuse. Sur le fond, rien n'a changé : 47 reste un tueur à gage qui adore l'infiltration, surtout quand elle est relevée d'une pointe d'humour aussi piquante qu'une célèbre petite sauce japonaise. C'est sur la forme, notamment la mise en scène, que les nouvelles aventures de 47 dépotent.

Mort, je suis mort

Le jeu commence mal, vous êtes en train de crever tout seul, comme un pauvre clebs, dans une chambre d'hôtel. Voilà ce que c'est que de massacrer à longueur de journée, on se vide dans son coin au lieu d'être entouré d'une ribambelle de gosses aux yeux luisants de cupidité, à force de recompter le pactole de l'héritage. Vous voyez, finalement, crever seul n'a pas que des inconvénients. Et puis, le beau salaud, il en a bien profité de sa petite vie pépère de tueur à gage. Au fil des missions, puisque le jeu ne s'arrête quand même pas juste après avoir commencé, 47 revit son passé au fil de flash-back foutrement bien mis en scène. Ca commence light, par une petite évasion à la Léon qui rappellera la fin du tout premier jeu aux fans.

C’est beau, le sang

La pièce est grande, lumineuse, d'une blancheur si éclatante qu'on ne voit guère les murs. En fait, on voit juste un cadavre par terre, tout neuf, si frais que son sang s'écoule encore par terre. Là, dans le beau reflet rouge, le grand chauve en costard, c'est vous ! S'il y avait un plafond, il se reflèterait dedans. Sisi, vous pouvez vérifier avec les macchabées suivants, ces clones de 47 qu'il avait massacrés dans le tout premier Hitman. Oui, faut suivre, on ne fait pas de pause culturelle. C'est un asile, il y a de drôles d'expériences, on peut flinguer des fous au pif, rien que pour le plaisir ou pour dire, de sa petite voix coupable : c'était pour vérifier que c'était possible. Le seul hic, c'est qu'on finit par tomber sur des vigiles avec des matraques (facile) puis sur le SWAT local, quand même.

Hétéro ou homo ?

Les tapettes peuvent alors profiter des raffinements de Hitman : Contracts, en leurrant tout ce beau monde royalement. Il suffit de chopper un mec, de le tuer, de prendre ses vêtements, de balancer ses armes, de planquer le cadavre et de se balader tranquille, au nez et à la barbe de ces gros lourdauds qui cherchent désespérément un grand chauve en costard. On peut même récupérer les vêtements d'un membre du SWAT, sans oublier son arme, pour faire style on participe à l'assaut. C'est finaud mais c'est quand même pas bien défoulant. Les hommes, les vrais, prennent leurs deux flingues, passent en vue subjective et butent tout. Ca marche aussi et vous verrez, tôt ou tard, vous y viendrez.

Plutôt bi, en fait

Ce qui est étrange avec la méthode Brute, c'est que la caméra subjective ne respecte pas les codes des doom-like classiques. Ca tangue pas assez, la visée manque de précision, ça pue la caméra plantée dans le bide de 47 parce que le moteur est pensé pour un affichage 3e personne. On s'y fait, surtout sur Xbox, mais sur PC ça surprend. On arrive quand même à faire de jolis tas de macchabées, façon Tartarin de Tarascon : tout ce qui dépasse, on le raligne. C'est pas très subtil mais c'est bien marrant, surtout avec le fusil de chasse qui fait décoller les mecs à la John Woo. En général, on joue le jeu en début de mission, on se cache, on observe, on finasse. On se creuse le ciboulot pour trouver la façon la plus classe d'expédier sa cible dormir au cimetière, avec un poulet donc ou un vulgaire oreiller. Mais l'alerte est vite donnée et plutôt que de recharger une vieille portion (les sauvegardes sont limitées pour chaque niveau), on continue avec la grâce, le doigté et l'élégance de Schwarzenegger.
Les Plus
  • Liberté d'action
  • Réalisation efficace
  • Un petit côté voyeur et vicieux
Les Moins
  • Quelques accrocs comme la visée et certaines alertes
Résultat

C'est sans doute ce qui a valu à Hitman : Contracts cette réputation si mitigée. La liberté de mouvements qu'il offre fait plaisir, les possibilités étant nombreuses et les niveaux étant découpés de façon réaliste. Il existe toujours deux ou trois itinéraires pour atteindre un endroit, comme pour remplir un objectif. C'est bien, surtout qu'on réclame ça régulièrement dans les autres jeux. Mais il faut bien reconnaître que quelques détails gâchent un peu le plaisir, tant en mode discret qu'en mode Berseck. Des patrouilles invisibles repèrent par exemple certains cadavres, ou certaines alarmes se déclenchent sans qu'on comprenne pourquoi. Et on ne saisit pas toujours ce que les développeurs ont imaginé pour résoudre une mission furtivement, faute d'indices. Ca n'empêche pas le jeu d'être vraiment très prenant pour peu qu'on apprécie les deux genres, action et infiltration, mais il est clair que le métissage donne de toute façon un résultat très contrasté. C'est un peu ça, le charme de l'exotisme : le choc de la surprise à partir d'origines qu'on connaît pourtant, mais séparément. Pour peu que vous ayez l'esprit ouvert, ça devrait vous plaire.

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