Test | Prince of Persia : Les Sables du Temps
02 févr. 2004

Il y aura un "avant" et un "après"

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Prince of Persia : The Sands of Time
  • Éditeur Ubisoft
  • Développeur Ubisoft
  • Sortie initiale 13 nov. 2003
  • Genres Action, Aventure

Précédé par un nombre impressionnant de récompenses (l'E3 a littéralement sacralisé ce jeu lors de sa dernière édition), et après une première tentative 3D (en 1996) que tout le monde a préféré oublier, le nouvel épisode de Prince of Persia fait donc parti des produits auxquels le joueur va légitimement demander beaucoup. Et ça tombe bien, puisque ces Sables du Temps ont effectivement beaucoup à offrir.

Touches pas à mon sablier !

Méfiez-vous, car sous ses airs de héros au grand cœur, le fils du Roi Sharaman de Perse cache un guerrier assoiffé d'honneur et de gloire qui cherche à prouver, coûte que coûte, sa bravoure à son père et à son peuple. Et ce genre d'ambition dans un pays où légendes et magies sont légion, ça peut parfois avoir des conséquences inattendues. En libérant les Sables du Temps, le prince n'imaginait sans doute pas qu'il répandrait les forces du mal sur le royaume. Même ce traître de Vizir, sorte d'Iznogoud auquel on aurait ôté tout sens de l'humour, n'a pas levé le petit doigt pour l'en empêcher, trop heureux de voir réaliser la phase 1 de son plan diabolique. Nous voilà donc partis pour une chasse aux zombies exotique, certes, mais surtout acrobatique.

Premiers contacts visuels

Les décors sont tellement beaux qu'on a envie de les serrer dans ses bras à chaque instant.

Il est déjà loin le temps où Prince of Persia n'était qu'un simple jeu de plates-formes 2D avec des graphismes sommaires et un gameplay "arcade" qui rendait le challenge terriblement addictif. Une intrigue basique (une princesse à sauver) mais des niveaux complexes, bourrés de pièges mortels en tout genre, et des ennemis qu'un coup de sabre bien placé envoyait valser. Les Sables du Temps reprennent exactement le même principe mais à une sauce 3D on ne peut plus délicieuse. Mâtinés d'une brume orientale du plus bel effet, les graphismes sont superbes et bien qu'il n'y ait qu'une seule unité de lieu (le palais royal), un level design astucieux permet de diversifier les environnements et d'éviter les redondances. Architectures majestueuses, tentures transparentes qui ondulent au gré du vent, jardins luxuriants, lumières féeriques, les exemples pour illustrer ce visuel enchanteur sont nombreux.

Premiers contacts manuels

On peut quasiment aller partout, même là où les pieds d'un homme normal ne se sont jamais posés.

Voici venu le temps non pas des rires et des chants mais de diriger ce prince afin de lui permettre d'accomplir sa destinée et, surtout, de réparer son erreur. Le moteur utilisé (pour la petite histoire, il s'agit d'une version améliorée de celui développé pour Beyond Good & Evil) est très efficace mais nécessite un passage éclair dans les options pour reconfigurer des contrôles inadaptés à un clavier parce qu'issus du monde "consoles". Inutile aussi d'essayer d'utiliser la souris. A dire vrai, avec la multitude de mouvements que le prince peut accomplir, mieux vaut opter pour la prise en main intuitive offerte par un gamepad pour espérer une progression sans prises de tête. Les acrobaties du prince sont d'ailleurs si nombreuses qu'elles procurent un réel sentiment de liberté, si bien qu'on a rapidement l'agréable impression de pouvoir aller partout. Aucune corniche n'est plus inaccessible, aucun saut n'apparaît plus irréalisable. Le prince, et nous même, sommes les maîtres de l'espace.

Des combats royaux mais pénibles

Les ennemis attaquent toujours en groupe comme de gros lâches.

Après l'émerveillement, il est grand temps de passer aux choses sérieuses. Les quelques pièges de mise en jambes évités (il en existe 8 sortes, des éternels piques en passant par les lames acérées sortant des murs), les premiers ennemis débarquent. Si le contrôle de l'espace du prince s'illustre formidablement dans les passages plates-formes (souvent en temps limité), les combats sont aussi un vrai régal pour les yeux. Le fils du Roi de Perse dispose de plusieurs types d'attaques et les effets qui accompagnent chacun d'eux sont dignes des meilleurs films d'arts martiaux. Cependant, vu la complexité de la tâche (une caméra capricieuse, notamment dans les lieux confinés, complique les placements) et la répétitivité des coups portés (les ennemis attaquent généralement par groupe de 30, 3 par 3 simultanément), les combats peuvent rapidement apparaître lassants. Rien de bien dramatique, rassurez-vous, mais ça reste suffisamment pénible pour briser le charme quelques instants. Heureusement, un élément extérieur permet de revitaliser notre intérêt.

Moi Prince, toi Farah

Elle n'a l'air de rien comme ça, mais c'est une vraie meneuse d'hommes.

En ces temps de batailles, la venue d'un allié est toujours appréciable, qui plus est quand il s'agit d'un allié féminin, agile et non dénué d'humour. Cette fois, la princesse n'est plus la pauvre malheureuse qu'il faut libérer des griffes du méchant. Le personnage non jouable de Farah est un acteur essentiel à la progression (certains passages ne peuvent être débloquer qu'à deux) et insuffle à l'histoire une légèreté rafraîchissante. Les dialogues échangés entre les deux héros sont emprunts d'un second degré sympathique (essayez de dévisager la princesse en vue à la première personne, par exemple) et, même si un lipsinc catastrophique dénature ces conversations, ils sont attendus avec une certaine impatience. Farah se révèle aussi d'une grande utilité lors des combats puisque, grâce à son arc, elle peut s'occuper des volatiles trop agressifs et affaiblir les autres ennemis. Attention toutefois à ne pas se trouver sur la trajectoire de ses flèches, chose qui peut arriver plus souvent qu'on ne le pense, les choix de placement de la belle n'étant pas des plus étudiés. Mais, au final, le prince et la belle forme une équipe d'une efficacité à toute épreuve.
Les Plus
  • Une liberté de mouvement inégalée
  • La majesté des graphismes
  • Le couple "Farah-Prince" et le second degré de leurs échanges
  • Le quick-save habillement remplacé par la maîtrise du temps
  • L'ambiance orientale générale
  • La magie de certaines séquences oniriques
  • Les montées d'adrénaline provoqués par les passages plates-formes en temps limité
Les Moins
  • Une caméra capricieuse
  • Un parti pris "console" flagrant
  • Des combats parfois trop longs et laborieux
  • Un lipsinc inexistant
  • Des pouvoirs un peu "gadget"
Résultat

Nul doute qu'en matière de jeux de plates-formes 3D, il y aura un "avant" et un "après" Prince of Persia: les Sables du Temps qui opère donc une mini-révolution du genre comme a pu déjà le faire un certain Rayman: The Great Escape. Certes, l'univers du prince est bien moins complexe et attachant que celui du petit bonhomme sans membres, mais ça n'est pas vraiment ce qu'on lui demande. En se concentrant essentiellement sur un gameplay étudié, des graphismes enchanteurs et une action quasi ininterrompue, le jeu d'Ubisoft se place immédiatement comme une vraie référence. Et il paraît évident que celui qui parviendra à le détrôner n'est pas prêt d'arriver. Le seul reproche que l'on pourrait lui faire, c'est son positionnement "console" qui l'empêche de proposer au joueur PC une prise en main parfaitement adaptée à sa plateforme de prédilection. Mais c'est bien là un défaut mineur que ses nombreuses qualités balayent sans aucun problème.

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