Test | Tomb Raider : nouvelle croisière initiatique pour Lara Croft
25 mars 2013

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Tomb Raider

Le retour d'une icône, c'est toujours un évènement. Et lorsqu'il s'agit de la réinventer, près de vingt ans après son apparition, le rendez-vous est encore plus important. Il y a trois ans de ça, Crystal Dynamics s'est attelé à la lourde tâche de faire renaître Lara Croft, la célèbre aventurière dont l'aura a largement dépassé le monde du jeu vidéo. Sobrement intitulé Tomb Raider, le résultat se révèle à la hauteur de la légende même si, depuis son apparition, les critères de qualités ne sont plus tout à fait les mêmes.

Mayday ! Mayday !

"Je m'appelle Lara Croft, je suis archéologue. Je fais partie de l'équipage de l'Endurance, qui a fait naufrage sur une île dans le Triangle du Dragon, à l'est du Japon. Cet endroit est... incroyable. J'ai vu des épaves vieilles de plusieurs siècles. Nous n'étions pas les premiers et je sais maintenant que nous ne sommes pas seuls. Il se passe des choses étranges sur cette île. Si je devais ne jamais partir d'ici, peut-être que quelqu'un finirait par trouver ce journal." Heureusement, vous êtes là ! Lara est dans de beaux draps, et c'est la toute première fois. A vous de faire de cette aventurière inexpérimentée et peu équipée la Croft courageuse et intrépide que l'on connait bien. Le jeu est basé sur cet aspect progressif et utilise même – c'est une nouveauté pour la série – un système de compétences qui permettra à Lara de développer différentes aptitudes. Le principe est très propre et vous laisse un maximum de liberté. Il donnerait presque envie de refaire le jeu plusieurs fois simplement pour mesurer les changements selon que vous optiez pour être un bon survivant, un bon chasseur ou un bon castagneur. Cela dit, les points de compétences se récupèrent assez facilement, pour peu que vous soyez un minimum fouineur.

Dans mon île...

Les environnements sont extrêmement riches et invitent à l'exploration.

A l'heure où d'autres jeux d'aventure n'hésitent pas les milliers de kilomètres autour du globe pour en mettre plein la vue, Tomb Raider choisi un lieu unique. Cette île mystérieuse et hostile apparaît rapidement comme un personnage à part entière. Tantôt alliée, mais aussi très souvent ennemi redoutable, cette île arbore autant de visages que de terrains de jeu. Les situations sont donc nombreuses et vous permettent de ne pas vous ennuyer un seul instant. Comme Lara, vous êtes astucieusement trimballé entre action musclée, infiltration et exploration, le tout dans un équilibre quasi parfait. Si le début de l'aventure vous laisse peu d'amplitude, et donne l'impression d'avancer dans un étroit couloir agrémenté de cinématiques interactives, l'environnement s'élargit peu à peu. Lara Croft évolue ensuite dans des lieux souvent étendus, magistralement mis en relief par un level design aux petits oignons. Vous vous surprendrez à scruter chaque recoin juste pour être certain de n'avoir rien loupé. Des trésors sont d'ailleurs disséminés ça et là, mais également des carnets de route permettant d'en apprendre un peu plus sur l'histoire générale et ses protagonistes. Ce n'est pas nouveau mais l'astuce se révèle encore une fois très efficace.

Par la main

Certaines scénes font penser à un bon gros teenmovie des familles...

Au delà de cette refonte des racines de Lara Croft, avec cette nouvelle histoire qui lorgne parfois vers le teenmovie peu inspiré, ce Tomb Raider bénéficie d'une réalisation impeccable qui balaye très vite les éventuelles réticences. Vous progressez à votre rythme, souvent en choisissant – ou en ayant l'impression de choisir – la manière d'aborder chaque situation. Si l'aspect infiltration est très appréciable pour le joueur discret, le plus téméraire peut opter pour des confrontations frontales avec des combats bien musclés, dans lesquels Lara n'hésite pas à achever ses ennemis avec une violence qu'on ne lui connaissait pas. Étonnant pour une jeune archéologue qui vient tout juste de découvrir qu'elle devait se défendre contre le monde extérieur. Le défaut majeur du jeu, car il y en a un, c'est l'effet pervers de cette progression si fluide. Une fois l'aventure avalée, vous vous rendrez compte que le challenge était artificiel, surtout si vous le comparez à ce que les précédents Tomb Raider proposaient : ennemis peu coriaces, énigmes superbement enveloppées mais d'une simplicité enfantine. Quant aux séquences de plateformes, la Lara Croft 2013 surpasse en tout point celle d'avant pourtant bien plus entrainée : elle grimpe partout comme un cabri et les décrochages mortels emblématiques du passé se sont évanouis. Le syndrome du jeu kleenex, vite digéré, viendrait-il encore de frapper ? Voilà en tous cas de quoi expliquer peut-être la motivation de Square Enix à proposer un mode multijoueur qui, même s'il est amusant, restera probablement anecdotique.
Les Plus
  • Les fondamentaux respectés
  • L'aspect roleplay très bien pensé
  • La progression – du joueur et de Lara – sans faille
  • L'utilisation de l'arc
  • Le parfait équilibre entre exploration, gunfight et infiltration
  • Une level design impeccable
  • Les tombeaux facultatifs et leur côté Zelda
  • Les flashbacks "caméra embarquée"
  • La bande-son qui a aussi su se réinventer
  • Des environnements variés et souvent majestueux
  • Des adversaires pour une fois pas trop idiots
  • Et, évidemment, le prénom du grand méchant
Les Moins
  • Une accessibilité déconcertante pour les fans de challenge...
  • ... qui peut dénoter par rapport à la violence de certaines situations
  • S'il a le mérite d'exister et d'être amusant, le multijoueur n'apporte pas grand chose à la légende
Résultat

Qu'on le veuille ou non, la série Tomb Raider est une légende du jeu vidéo. Et pour la faire perdurer, Crystal Dynamics a logiquement dû faire des compromis afin de contenter à la fois les fans de la première heure – maintenant proches de la quarantaine – et les nouveaux joueurs habitués à la profusion. En effet, il est loin le temps ou Lara Croft était l'unique et ce nouveau Tomb Raider peut parfois apparaitre comme un simple habillage, à la sauce Croft, de ce qui fonctionne actuellement (la fameuse époque où il ne faut surtout pas brusquer le joueur). Si bien que vous pourriez avoir un peu de mal à retrouver l'essence même de l'aventure qui vous avait fait craquer il y a de ça des années. Cela dit, remis dans le contexte actuel, ce reboot bénéficie d'une réalisation impeccable, majestueuse et terriblement bien rodée, de celles qui ne vous font lâcher la manette que lorsque le mot "fin" apparait à l'écran. Si ce n'est pas le signe d'une grande aventure, ça y ressemble drôlement !

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