Test | Mafia : The Old Country
17 août 2025

Quand l'amour frappe à la porte, la mafia tire à travers

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Mafia : The Old Country

En Sicile, il y a trois choses qui comptent : la famille, l'honneur... et la façon dont on sert les pâtes. Mafia : The Old Country ne parle pas de cuisine, mais tout est fait pour que vous soyez immergé dans un plat de cinéma bien al dente. Entre un HUD réduit au strict minimum, une réalisation qui transpire le grand écran, et des détails qui remplacent les artifices habituels – comme ces panneaux indicateurs réalistes aux carrefours à la place des flèches au sol –, on sent vite que l'objectif est clair : vous faire vivre un film mafieux de l'intérieur, sans popcorn qui colle aux doigts.

L'histoire

Ne vous attendez pas à des rebondissements improbables : l'histoire de The Old Country est un hommage assumé aux films mafieux des années 70 et 80. On y retrouve tout : l'ascension, les trahisons, la romance contrariée et, bien sûr, le final qui ne fait pas de cadeau. Les personnages sont magnifiquement écrits, charismatiques comme il faut – on s'attache vite à Enzio, à Cesare, et à leurs échanges pleins de piques savoureuses. Côté féminin, le personnage d'Isabella n'est pas avare en clichés, classicisme oblige, et prend heureusement l'ampleur qu'il mérite à la fin du jeu. Parce que oui, Mafia : The Old Country est d'abord une très belle histoire d'amour contrariée. Certes, tout sent le déjà-vu, même les rebondissements, mais comme un plat qu'on connaît par cœur et qu'on reprend volontiers car il est tout bonnement savoureux.
L'hommage aux grands classiques

Le principe

Vous avez l'occasion d'appuyer sur le champignon, et pas dans des caisses à savon : grisant !

Si Red Dead Redemption 2 vous avait charmé par la construction de ses personnages et leurs interactions, et Uncharted par ses fusillades ou ses poursuites haletantes, vous allez retrouver des saveurs familières ici.


Les premiers chapitres frustreront peut-être les amateurs d'exploration : impossible de trop s'éloigner des PNJ principaux. Mais ensuite, c'est porte ouverte, et ça vaut la peine de prendre le temps – pas de voyage rapide, mais la possibilité de passer les séquences de conduite si vous préférez les raccourcis.


Côté action, les séquences d'infiltration sont particulièrement jouissives : surprendre un ennemi par derrière déclenche un compte à rebours pour l'assommer, et si vous traînez, il se débat et appelle ses copains. Les corps peuvent être dissimulés dans des malles, mais attention : parfois, le contenu s'évapore mystérieusement pour laisser place au suivant, comme si la magie noire avait aussi ses entrées dans la mafia. Les combats au couteau sont bien fichus, et la tension grimpe vite lors des phases les plus silencieuses.


Puis, tout à coup, changement de rythme : course-poursuite en voiture parfaitement mises en scène, dialogues qui fusent, ou même une fuite sur les toits digne d'Hollywood (mais sans excès). Et oui, à un moment, vous laisserez le volant pour... un cheval. On vous aura prévenu.
Entre infiltration feutrée et fusillades nerveuses

L'emballage

L'infiltration reprend les codes du genre avec une vraie efficacité.

Difficile de ne pas tomber amoureux de la direction artistique : les extérieurs respirent la chaleur et la poussière, les intérieurs regorgent de détails, et le tout est sublimé par une patte graphique qui a ce petit quelque chose de pictural. Les doublages sont impeccables, et la musique, elle, est une véritable lettre d'amour à la Sicile : mandolines, violoncelles, cordes qui font vibrer le cœur autant que la gâchette. On est littéralement dans l'ambiance.
La Sicile dans vos oreilles et sous vos yeux

Pour qui ?

La découverte de la campagne sicilienne accompagné d'une guide de choix.

Si vous êtes du genre à vous mettre à couvert derrière chaque caisse en bois comme dans Uncharted, à viser au millimètre en attendant que l'ennemi ait l'amabilité de lever la tête, vous serez en terrain connu. Ajoutez à ça un petit goût de Red Dead Redemption pour les balades à cheval, mais ici sur une carte bien plus réduite – les joies du budget plus modeste – et avec beaucoup moins de liberté. En clair, Mafia : The Old Country s'adresse à ceux qui aiment les aventures scénarisées, les fusillades rythmées, l'infiltration tendue et les décors qui sentent la mandoline et la poudre à canon. Les joueurs en quête d'un open world où on peut passer trois heures à chasser le sanglier sauvage devront, eux, aller voir ailleurs... ou se reconvertir dans la chasse aux mafieux.
Pour qui sonne la mandoline

La licence

Ne vous attendez pas à voir des gratte-ciels de Lost Heaven.

Mafia : The Old Country joue la carte du retour aux sources – mais vraiment aux sources, puisqu'on vous ramène dans une Sicile d'avant les Cadillac et les costumes trois pièces. Chronologiquement, on est donc sur un préquel de la saga, bien avant les événements de Lost Heaven ou Empire Bay. Ici, pas de gratte-ciel, juste des toits en tuiles et des chèvres qui vous regardent passer à cheval. Ce changement de décor apporte un vent de fraîcheur (et un parfum de basilic) à la licence, avec un rythme plus posé et une approche très cinématographique.


Les habitués retrouveront les codes de la série : dialogues bien écrits, fusillades tendues, infiltration nerveuse et personnages au charisme à revendre. Les nouveautés, elles, viennent surtout de la mise en scène immersive et du gameplay plus varié, entre poursuites équestres et exploration dans des villages vivants. Les fans apprécieront de voir comment tout a commencé, et les nouveaux joueurs pourront entrer dans l'univers sans se sentir perdus – à condition d'aimer prendre leur temps... et de tolérer que les voitures ne dépassent pas les 40 km/h sur les routes en terre battue.
Origines contrôlées

L'anecdote

Vous vous sentez parfois comme dans un Uncharted ? C'est normal.

On dit souvent que la mafia n'oublie jamais. Mais The Old Country, lui, oublie parfois... ses cadavres. Lors d'une mission, après avoir consciencieusement rangé un garde dans une malle, j'y reviens pour y déposer un deuxième invité surprise. Et là, miracle : la malle est vide. Pas un cri, pas une trace. Soit le type s'est fait la malle (littéralement), soit j'ai trouvé le seul service de blanchisserie express de toute la Sicile des années 30. Ce n'est bien sûr qu'un détail mais c'est le genre de détail qui donne un petit coup de canif dans le contrat de réalisme de votre aventure.

Le coup de la malle
Les Plus
  • L'ambiance digne d'un grand film mafieux
  • Les personnages charismatiques et bien écrits
  • L'infiltration tendue et les mécaniques de dissimulation
  • Les poursuites scénarisées, en voiture comme à cheval
  • La direction artistique et la musique sicilienne
  • Un retour aux sources synonyme de vent de fraîcheur pour la licence
Les Moins
  • Une histoire très prévisible
  • Les débuts un peu frustrants côté exploration
  • Quelques bugs étranges (comme les malles amnésiques)
  • L'absence d'un mode photo pour rendre hommage au travail graphique
Résultat

Mafia : The Old Country n'invente pas la poudre, mais il la manie avec élégance. Porté par une ambiance soignée, des personnages charismatiques et une réalisation impeccable, il se vit comme un grand film de gangsters où vous êtes à la fois spectateur et acteur. L'histoire est classique, mais c'est un classique qu'on aime revivre. Et quand vient le dernier chapitre, surprenant et sans concession, on sait qu'on vient de boucler une belle histoire... à la sicilienne.

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