Test | Quake (Enhanced)
05 sept. 2021

Papy fait de la résistance

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Quake (Enhanced)
  • Éditeur Bethesda
  • Développeur id Software
  • Sortie initiale 20 août 2021
  • Genre First Person Shooter

1996. L'association Familles de France a des sueurs froides tandis que les joueurs PC assistent à une nouvelle révolution : Quake pousse les limites du FPS encore plus loin, pourtant largement explosées quelques années plutôt par id Software avec Doom. C'est fluide, ça va vite, c'est nerveux, ça crache des clous sur des démons sanguinolents, c'est sans limite. C'est magique. 2021 : Quake (Enhanced) est porté sur une multitude de supports avec pour ambition de faire revivre à 120 images/seconde et avec une flopée d'extensions les heures glorieuses du titre. Et pour la première fois : le mode multijoueur est crossplay. Concrètement, oui, les joueurs Switch peuvent fricoter à coup de lance-roquette avec les joueurs PC.

L'histoire

Quake ne jouit pas d'un storytelling des plus bavards mais parvient malgré cela à vous transporter dans son univers techno-médiévalo-démoniaque si particulier. Le pitch de base est assez simple : alors que la technologie de la téléportation vient d'être mise au point, un ennemi sorti d'une autre dimension en profite pour envahir la Terre. Son nom : Quake. Pour contrer cette attaque, vous êtes envoyé dans quatre dimensions afin de récupérer des runes magiques ouvrant la dimension de Quake lui-même, et aller lui botter l'arrière-train à coup de roquettes. Sacré plan. Qui ne peut qu'aboutir avec vous aux manettes. Voilà pour la base. Ajoutez à cela les deux extensions de l'époque, Scourge of Armagon et Dissolution of Eternity, ainsi que deux créées par Machine Games : Dimension of the Past et une inédite : Dimension of the Machine, et vous obtenez de nombreuses heures de grognements bestiaux et d'hémoglobine.

Ainsi, au fil des chapitres, vous croisez des ennemis variés et nécessairement de plus en plus féroces. Si les premiers badauds rencontrés sont d'apparence humaine, nombreuses sont les créatures démoniaques qui croiseront la trajectoire de vos clous, cartouches et autres roquettes. Chaque niveau se termine par un portail, vous emmenant dans le labyrinthe suivant. L'architecture globalement non-linéaire des niveaux a fait l'effet d'une évolution notable, avec des objectifs intermédiaires à base de clés à collecter de-ci de-là. Rappelez-vous, c'était il y a un quart de siècle...
Carmack contre-attaque

Le portage

Guerre épée.

Une vue grand angle. Des niveaux labyrinthiques en 3D avec de nombreux passages secrets. Des armes dévastatrices, à la hauteur de la férocité des ennemis. Une ambiance lugubre, démoniaque, dérangeante. Et surtout : une vitesse de jeu vertigineuse. Tout joueur de Quake se souvient très probablement davantage de sa première expérience avec le jeu que de ses premiers émois. Retrouver cet amour de jeunesse presque intact dans cette version 'augmentée' est à la fois un plaisir innocent, et une douleur sincère. Un plaisir car tout y est, comme à l'époque. Ce portage est fidèle à la perfection. Comprenez que les textures n'ont pas été redessinées ou à peine, subtilement 📺, et que les ennemis ont toujours le même nombre limité d'animations. Une petite souffrance également, donc, car en effet, rien n'a changé, et depuis vous avez été largement infidèle au Quake de votre jeunesse. Et même si le titre a été un hit longtemps exploité, notamment pour son mode multijoueur, s'impliquer massivement dedans requiert un effort et une persévérance qu'il faudra puiser bien profond pour en tirer une satisfaction qui dépasse les quelques heures de redécouverte.

Dans cette version, la modernité côté solo réside dans le choix des niveaux et des extensions. Vous pouvez suivre la campagne de manière classique, avec les trois difficultés usuelles (eh oui, par folie ou par naïveté, vous démarrerez en difficile, avant de revoir vos critères et ravaler votre honneur face à des ennemis bien décidés à mourir après vous). Mais grande nouveauté : vous pouvez choisir n'importe quel niveau de n'importe quelle campagne. Voilà qui va vous permettre, enfin, de découvrir les niveaux plus avancés là où votre alter ego adolescent peinait à se rendre. Cependant sachez que vous commencez avec l'arme de base, rendant la progression finalement encore plus difficile sans les armes glanées au fil des niveaux précédents.
Come get some

Le multi

Cette roquette va me propulser en bas du classement dans exactement une milliseconde.

Il a fait l'objet de nombreuses soirées de jeu en réseau. Vous y reveniez même dix ou vingt ans après sa sortie, en fin de soirée entre amis, histoire de terminer par une note nerveuse à défaut d'être poétique. L'essence même de Quake (Enhanced), la vitesse, est largement mise à l'honneur dans ses maps multi que vous connaissez certainement par cœur. Ici, rien n'a changé. Tout est en place, tel que vous l'aviez laissé quelques mois avant de devenir parent. Il ne vous suffit que d'un pas pour dépoussiérer ce shootgun et tenter de faire quelques frags. Quake (Enhanced) vous met le pied à l'étrier grâce au crossplay : joueurs PC, PS4, PS5, Xbox Series, Xbox One et Switch peuvent tous ensemble se mettre sur le coin de la figure. Dans les tableaux des scores, la plateforme du joueur est précisée, et oui, les joueurs PC ont tendance à tenir le haut du classement. Mais l'occasion est trop belle pour prouver que les FPS sur console se jouent (presque) aussi bien que sur PC. Non ?
Le nerf de la guerre

Pour qui ?

Qui est chaud pour du jarret de porc ?

Soyons honnêtes, replonger 25 ans plus tard dans Quake (Enhanced) a le même effet que déballer ses vieux jeux dans le grenier de ses parents. Les souvenirs surgissent à flot, et la tentation de finir la campagne solo est palpable. Le mode facile ou le choix des niveaux sont un atout qu'il ne faudra pas négliger, sous peine de vous heurter à une difficulté nécessitant une détermination sans faille pour avancer de niveau en niveau. Car dans Quake, malgré les bonus d'armure, de multiplicateurs de dégâts et d'armes cachées, la mort vous attend à chaque tournant. À vous de profiter de votre dextérité, des environnements et des talons d'Achille de vos ennemis pour en venir à bout. La brutalité n'est pas une solution.

Par ailleurs, l'idée d'explorer des extensions inconnues, dont l'inédite Dimension of the Machine sincèrement réussie peut motiver le joueur à la recherche de nouveauté que vous êtes, à condition d'apprécier le rétrogaming dans toute sa splendeur. À ce sujet, un sous-menu dédié à des extensions à venir sous-entend la promesse de niveaux créés par des joueurs. En attendant, vous pouvez activer la version Nintendo 64 de Quake, qui vous procurera instantanément une hémorragie sous-conjonctivale, tant sa compression serait d'office rejetée au vu des critères de qualité contemporains. Sa présence a certainement pour but de satisfaire le côté encyclopédique du titre.
Plongée en enfer

L'anecdote

Le très réussi Dimension of the Machine.

Me voilà tout guilleret. Je lance la campagne solo en me remémorant avec émoi ces mêmes instants, presque 25 ans plus tôt. À l'époque je suis un pré-ado, et je suis impressionné par ces décors grandioses, sortes de châteaux démoniaques, où des chevaliers en armure côtoient de grosses bêtes à deux pattes. Des bougies éclairent des escaliers, une armure me protège davantage, un passage secret m'offre une sorte de lance-clous. Et les clous tirés, pointes triangulaires, se plantent avec délice dans la chair des ennemis. Aujourd'hui, affalé dans mon canapé, Switch en mains, je lance la campagne solo, en difficile évidemment. Après tout, combien d'heures ai-je déjà passées sur Quake ? Je suppose que mes doigts sont pleins de réflexes et sauront me guider de rune en rune. Que nenni. Je meurs lamentablement. Encore et encore. Je peine à atteindre le troisième niveau, avant de repasser au mode "normal", voire d'explorer des niveaux plus lointains en "facile". Quoi, on vieillit tous, non ?
On ne s'améliore pas en grandissant
Les Plus
  • Comme à l'époque
  • Un bundle bien complet
  • Le multi crossplay
  • Accéder à tout niveau à tout moment
Les Moins
  • Des connexions serveur parfois difficiles
  • Les menus alambiqués
  • Même lifté, ça reste moche
  • Il n'y avait plus de place pour Quake II ?
Résultat

L'exhaustivité de ce portage a de quoi vous occuper un moment, si la dure réalité du rétrogaming ne vous effraie pas. Car au-delà d'un multijoueur crossplay bienvenu et le choix du niveau dans toutes les extensions disponibles, le titre n'apporte aucune nouveauté. Les grosses textures pixelisées restent de grosses textures pixelisées. C'est aussi ce qui fait le charme de Quake, qui semble ainsi répondre à la tendance des jeux faussement rétro en clamant haut et fort « Eh oh, c'est moi le patron ici ». Alors pour jouer comme en 1996 avec Nine Inch Nails bien fort dans les oreilles, vous savez quoi faire.

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