Test | Tennis World Tour 2
13 oct. 2020

Un deuxième set pour progresser

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Tennis World Tour 2
  • Éditeur NACON
  • Développeur Big Ant Studios
  • Sortie initiale 24 sept. 2020
  • Genres Simulation, Sport

Difficile de briller avec un jeu de tennis ces dernières années. Si quelques titres restent dans les mémoires collectives comme Top Spin 4 ou Virtua Tennis, il faut être un plombier moustachu pour réussir dans ce sport. Tennis World Tour 2 débarque avec l'intention d'effacer les erreurs commises sur Tennis World Tour, qui n'est pas passé loin de la double faute. Que pouvez-vous attendre de ce titre hormis un gros patch et un DLC par rapport au premier épisode ? La réponse ici.

La technique et le roster

Commençons par le roster avec une liste de joueurs bien fournie, si l'on excepte l'absence de Djokovic ou d'un hypothétique Murray pour les hommes. Nadal, Federer, Nishikori ou encore Monfils sont eux de la partie. Chez les femmes c'est clairement moins bon. Barty est bien du casting tout comme Kvitova ou Bertens, mais Osaka, les sœurs Williams, Kerber et même Halep sont absentes de cette liste, et c'est vraiment dommageable pour le jeu. Si vous êtes fan des joueurs français, vous êtes plutôt bien loti puisque Monfils, Paire, Cornet, Mladenovic ou Garcia sont bien présents. Le jeu propose même deux anciennes gloires de l'ATP à savoir Kuerten et Marat Safin, cependant, ils sont seulement disponibles avec la précommande, ou pire, par DLC payant.

Maintenant que vous avez tous ces jolis noms en tête, penchez-vous sur votre écran pour la modélisation et les animations. Et là, clairement, vous perdez un peu de la superbe annoncée. Si le travail sur Nadal et Federer est globalement bon, pour les autres joueurs c'est un cran ou deux en dessous. Et même les deux têtes d'affiche ont le droit à un traitement inégal (je vous laisse apprécier les grimaces de Federer un peu plus bas). Les animations sont plus fluides que dans le premier épisode mais marquent parfois des à-coups, ne serait-ce que sur les coups faux où le joueur s'arrête comme une machine. Cela rend d'ailleurs l'utilisation du Hawk-Eye quasiment inutile vu que l'animation brutale d'arrêt vous empêche de jouer un coup faux à la base. Une technique qui marque un certain progrès, mais qui reste très perfectible.
Où sont les femmes ? Avec leurs cris pleins de charme ?

Le principe

L'évolution de votre joueur en mode carrière est un peu trop simpliste.

Tennis World Tour 2 est un mélange entre la simulation et le jeu d'arcade qui ne veut pas faire le choix. Cela rend le jeu relativement accessible dans un premier temps et permet une forme de progression avec son système de coup fort lié au timing et au fait de maintenir la touche. Coups plats, slices ou lifts sont à votre disposition pour créer votre jeu, tout comme les amortis et les lobs. La variation entre ces différents coups permet de gagner du temps ou finir rapidement les points. Chaque joueur dispose d'une jauge d'endurance que vous consommez en courant et en frappant et qui remonte un peu après chaque échange. Le principe est assez simple et ressemble finalement à ses illustres modèles. La gestion du timing est capitale si vous souhaitez progresser dans le jeu. Il en va de même pour le système de service qui reprend un principe déjà utilisé : une première pression pour le type de service, un QTE pour la précision et un second QTE pour la force. Tous ces éléments assemblés fonctionnent, sauf que la technique vient souvent embrouiller tout cela. Entre les animations de coup qui ne se lancent pas, les gestes farfelus et les téléportations (en ligne), faire durer un échange devient vite compliqué.

Le mode carrière propose du grand classique avec une gestion du joueur, de son agent et de son entraîneur. Après avoir créé votre avatar, vous embarquez comme joueur sur le circuit ATP en commençant loin dans le classement soit la 500e place. Techniquement et physiquement faible, il faut avouer que les premiers matchs sont laborieux. Mais au fil de l'expérience engrangée en tournoi et en matchs d'exhibition, vous allez pouvoir le faire progresser dans trois domaines : la précision, la défense et l'attaque. Seulement il faut avouer que ce système de progression est sommaire, voire flou, et que les premières attributions de points n'ont guère d'effets. Surtout que la vraie purge de ce mode vient des services, autant les vôtres que ceux adverses (voir l'anecdote). Il est à noté que le jeu est riche en accessoires divers et variés comme les raquettes Wilsons, Babolats, etc. Vous retrouvez aussi d'autres modes classiques comme exhibition en simple ou double, tournoi ou en ligne et même un marché pour les cartes.

En effet, Big Ant Studios a aussi réintégré son système de cartes qui apportent des bonus durant les matchs. À choisir avant chaque début de match, elles confèrent bonus ou malus en les activant, ou améliorent vos statistiques de façon passive. Heureusement, il ne s'agit pas ici d'un système pay-to-win mais d'éléments qui se débloquent avec l'argent in-game que vous ne pouvez pas acheter avec de l'argent réel. Le système ressemble à beaucoup d'autres : en ouvrant des packs, vous aurez la chance (ou non) d'obtenir des cartes à rareté variable. Cependant, l'IA se trouve fort bien lotie en terme de cartes et d'avantages, et il vous faudra jouer des dizaines d'heures pour pouvoir rivaliser ne serait-ce que le temps d'un match.
Du tennis entre simulation, arcade et billard

Le multi

Le roster est riche mais il y a des absents.

Big Ant Studios a glissé pas mal de choses dans son petit dernier pour retenir les joueurs sur le multi. Partie rapide ou classée, tournoi, simple ou double, autant d'éléments qui vous feraient tenir toutes vos soirées. Enfin, ce serait si le jeu ne souffrait pas de problèmes techniques, d'équilibrage inexistant et que les ragequits étaient sanctionnés. Il est par exemple tout à fait possible de faire un match Nadal contre Cornet, c'est votre choix, mais ça vire franchement à la purge pour l'un des deux joueurs. Durant les matchs, nous avons eu des téléportations de joueurs, des coups impossibles, des freezes et plein d'autres petites choses à vous faire casser la raquette. En attendant un gros patch, le mode est quasiment à éviter.

Pourtant, il y a un mode multijoueur où cela est moins flagrant, c'est en local, à l'ancienne. Tous les soucis techniques liés à la connexion disparaissent et le jeu est tout de suite plus attrayant. Pas d'IA au niveau variable, pas de bug, l'équilibrage par consensus est plus naturel. En un certain sens, c'est peut-être ainsi que le jeu est le plus réussi et le plus agréable. Vous pouvez vous essayer au double aussi même si les réflexes surhumains de l'IA sont franchement déconcertants.
Un match en deux jeux

Pour qui ?

Le classique Nadal/Federer est l'un des matchs les plus équilibrés.

Alors qu'il n'y a pas vraiment de concurrence, Tennis World Tour 2 peine à plaire. Si le gameplay a largement progressé et propose un ensemble cohérent, souvent la technique, voire l'équilibrage, vient punir le jeu. La première victime est le mode carrière qui souffre d'un début laborieux, donnant vaguement l'impression de voir jouer deux amis un dimanche matin. En match avec des joueurs mieux classés, vous retrouvez ce déséquilibre par la puissance des coups et un enchaînement service/retour de service qui fait trop souvent mouche. Bref, si en ce moment vous regardez Rolland Garros, ne comparez surtout pas.
Les joueurs en manque probablement

L'anecdote

La modélisation des joueurs trouve vite ses limites. Là c'est Greg Guillotin à l'action !

J'avoue avoir énormément pesté sur mon début de mode carrière après avoir créé un personnage aux dimensions physiques proches des miennes. Les premiers matchs ressemblaient malheureusement un peu trop à "Qui sert perd !". Pourquoi ? Tout simplement à cause du mélange de l'IA et des attributs liés à un joueur dit novice. En effet, les doubles fautes et retours Out s'enchaînaient comme pendant un match du dimanche matin entre deux sportifs du week-end. Car mon joueur, considéré comme petit, se retrouvait avec un malus en plus de son inexpérience, tandis que l'IA ne tente quasiment jamais les services "faciles", se contentant de réussir une grosse praline quand elle est devancée au score. J'ai détesté le début. Vraiment !
Un début de légende
Les Plus
  • Un vrai bond en avant par rapport au précédent épisode
  • Un roster chez les hommes relativement complet (manque Djoko principalement)
  • Prise en main intuitive
Les Moins
  • Des jolies choses, mais visuellement parlant c'est encore grossier, surtout les animations de visages
  • Chez les femmes, il y a beaucoup trop d'absentes
  • Les contenus payants ou de précommande onéreux
  • L'IA qui enchaîne les doubles fautes durant le mode Carrière pour finalement vous balayer quand elle a assez de retard
  • Trop gros avantage au service (équilibrage entre les joueurs problématique)
Résultat

En comparaison de Tennis World Tour, ce nouvel épisode est un vrai bond en avant tant sur le plan technique que sur le gameplay. Malgré les progrès dans le second domaine qui monte le jeu d'un cran dans le plaisir procuré, Big Ant peine toujours à se créer une place dans le monde haut de gamme du tennis, à cause de sa technique principalement. Car le mode Carrière ne saurait convaincre en l'état et le déséquilibre des forces des joueurs vient clairement limiter le plaisir de jouer. Le multijoueur en ligne manque encore de stabilité pour être approché, il est d'ailleurs régulièrement déserté. Il n'y a finalement que les matchs entre amis qui pourront donner de l'intérêt à ce jeu qui n'est pas loin du but mais qui ne l'atteint pas encore.

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