Test | Disintegration
05 août 2020

Décolage hasardeux pour un atterrissage raté

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Disintegration

Les vils méchants – forces de Rayonne – s'en prennent à l'espèce humaine, tandis que les courageux gentils – les résistants – tentent de combattre afin de sauver l'humanité. Aux commandes de votre Gravicycle, un véhicule de combat planant au-dessus du sol, vous dirigez votre groupe de survivants afin de faire face à ces ennemis qui cherchent à vous annihiler. De retour à ses origines, le co-créateur de Halo, Marcus Lehto, présente Disintegration, aux allures du jeu de Bungie mais avec une singularité dans son gameplay. Croisement entre shooter et jeu de stratégie, le concept s'écrase un peu à côté de sa cible.

Le principe

La proposition de gameplay offerte par le tout neuf studio V1 Interactive semble au premier abord – relativement – originale, avec un mix entre shooter et stratégie en temps réel. C'est depuis les hauteurs que vous dirigez vos unités au nombre de quatre maximum pour arriver à bout de vos missions. Deux composantes de jeu sont alors présentées : le shoot, qui consiste à utiliser votre véhicule pour tirer et éviter les coups de feux ennemis, et la stratégie, qui consiste à donner à votre groupe des ordres de combat et déplacements. À vous de doser convenablement votre manière de faire afin de tirer au mieux parti des possibilités de Disintegration. Cependant c'est là que le jeu se plante, en proposant trop sans pour autant aller au fond des choses.

On se retrouve tout d'abord avec une partie FPS/shooter qui permet un faible éventail de possibilités. Vous disposez d'une arme, d'un outil de soin, de la possibilité de scanner votre environnement ainsi que d'une fonction de dash. Malheureusement, la situation vire exclusivement au rail-shooter, ne laissant place qu'à des échanges de coups de feu particulièrement décérébrés et sans une once de tactique. De plus, la partie stratégie du jeu est du même acabit. Les ordres sont peu nombreux, et il est impossible de diriger indépendamment une unité des autres. Vous pouvez demander à vos coéquipiers de vous suivre, de se diriger à tel endroit, ou encore de concentrer leurs tirs sur un ennemi en particulier. Cependant, la situation devient rapidement chaotique, puisque que l'IA n'en fait qu'à sa tête une fois le lieu indiqué atteint ou la cible éliminée. Il leur est impossible de se mettre à couvert, et vous passez le plus clair de votre temps à les rappeler à l'ordre afin de leur faire fuir la mêlée. La seule portée “stratégique” est d'utiliser au moment opportun les compétences uniques de chaque personnage. Le résultat est totalement hasardeux et ressemble plus à la gestion d'une cours de récré qu'à de la stratégie militaire en plein front de guerre.

Vous retrouvez ainsi une série d'environ 10 missions au cours de la campagne, pour presque 10 h de durée de vie. À noter que les missions ne proposent pas grand intérêt de l'une à l'autre, puisque les objectifs sont finalement assez classiques et similaires, sans aucune envolée épique pour un groupe de survivants censé sauver l'humanité. La mention spéciale revient à l'impossibilité de sauvegarder pour reprendre en cours de mission plus tard, obligeant à toujours recommencer du début l'heure de jeu éprouvante que vous venez de passer.
Un assemblage raté

La direction artistique

Le HUB permet entre les missions de... lancer les prochaines missions.

En arrivant dans l'univers de Hal... de Disintegration, vous découvrez des visuels et une ambiance vus et revus de nos jours. Tout est extrêmement classique, de la direction artistique à l'univers, en passant par l'écriture des personnages. Vous avez droit là à tous les clichés des protagonistes : le rigolo un peu lourd, la tireuse d'élite ténébreuse, le gros bourrin, et j'en passe. Le joueur évolue avec ses acolytes dans un fil rouge très pauvre et dénué d'intérêt, tout comme les légers arcs narratifs des divers personnages. Les péripéties se déroulent à la surface de la Terre, en essayant de dépeindre des paysages vastes. De la forêt à la ville, en passant par les plaines, les décors sont ainsi presque variés, sans être transcendants. Tout se ressemble presque, sans aucune surprise ou dépaysement dans aucune mission. Heureusement, la musique reste assez fonctionnelle et agréable, bien que tout aussi classique avec sa symphonie épique qui accompagnerait n'importe quel blockbuster ou jeu AAA qui présente un protagoniste dont la mission est de sauver le monde. On ne se souviendra pas très longtemps de ce à quoi ressemblait Disintegration.
La quintessence du classicisme

Le multi

Vos quatre partenaires vous permettent de venir à bout de vos adversaires.

Quoi de mieux pour pouvoir profiter un peu plus de ce que propose Disintegration en se penchant sur le multijoueur ! Trois modes de jeu sont disponibles : capture de zone, collectionneur, et récupérateur (une capture de drapeau). Les modes sont plutôt classiques, mais il est possible de personnaliser ses unités, ça c'est chouette ! Il semblerait cependant que les serveurs soient dorénavant déserts... Vous pouvez donc passer votre chemin, ou alors vous lancer dans une partie avec vos amis avec qui vous tomberez à coup sûr via le matchmaking rapide. Il est toujours possible d'effectuer "l'entraînement multijoueur" qui vous placera face à une équipe de bots. Mais l'IA totalement perfectible rend ce mode de jeu très peu intéressant.
Houston, on a un problème...

Pour qui ?

La tireuse d'élite ténébreuse, écoutant les ordres de son coin reculé.

Eh bien Disintegration ne s'adresse pas à grand monde. Si vous avez la nostalgie du premier Halo et souhaitez une redécouverte dans le genre – bien que largement en deçà de Halo : Combat Evolved, soyons sérieux – peut-être que le jeu vous fera passer un moment qui espérons-le sera bon. Mais le jeu reste très pauvre tant sur le visuel que sur le gameplay, et souffre donc d'un manque d'intérêt notable. Parmi la pléthore de jeux du genre sur le marché, Disintegration ne serait pas celui à recommander, surtout pour son prix du niveau de n'importe quel jeu AAA.
Ressortez plutôt votre vieille Xbox qui prend la poussière
Les Plus
  • La direction est plutôt fonctionnelle…
  • Les cinématiques sont visuellement soignées
Les Moins
  • ... mais d'un classicisme sans nom
  • Un gameplay très peu intéressant par son manque de profondeur
  • L'IA très perfectible
  • Un scénario vu et revu
  • Des personnages clichés au possible
  • Le multijoueur est désormais désert
Résultat

Disintegration partait pourtant avec de bonnes intentions, mais vise totalement à côté en n'allant pas assez loin dans chacun de ses aspects. Sur le fond comme sur la forme, le jeu reste très classique en plus de ne proposer qu'une faible envergure de possibilités de gameplay. La campagne est ainsi très répétitive tout en ne racontant finalement pas grand-chose. Le résultat tombe à plat avec ce premier essai pour V1 Interactive qui restera probablement anecdotique dans l'histoire du jeu vidéo. Espérons le mieux pour leurs prochaines expérimentations !

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