Test | Sid Meier's Civilization VI
21 janv. 2019

Pro Evolution Conquistador

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Sid Meier's Civilization VI
  • Éditeur 2K Games
  • Développeur Firaxis Games
  • Sortie initiale 21 oct. 2016
  • Genre Stratégie tour par tour

Disponible sur Switch, Sid Meier's Civilization VI vous ouvre les portes du pouvoir. Saurez-vous mener votre peuple vers un contrôle militaire du territoire ? Ou imposerez-vous à vos voisins votre religion ? Est-ce que la science occupera une place clé dans le développement de votre culture, ou plutôt des merveilles érigées de-ci de-là ? À vous d'en décider.

L'histoire

Le principe de Sid Meier's Civilization VI est justement d'explorer l'Histoire à travers les âges. Essayez-vous aux différents préceptes religieux, guerriers, d'ingénierie, de divertissements, mettez votre peuple à l'épreuve de différents dogmes et systèmes gouvernementaux, pour le mener vers la domination de la carte : militaire, culturelle ou religieuse. Les ambitions des différents peuples peuvent varier. Certains voudront étendre leur territoire et négocier avec vous un droit de passage pour aller taper sur votre voisin, d'autres seront intéressés par vos richesses et voudront se les approprier. Civilization VI est avant tout un jeu qui repose sur les décisions et l'évolution, à la fois concernant votre propre peuple, mais aussi les relations extérieures. Difficile de la jouer solo dans son coin sans interagir avec les autres. Vous devez donc gérer des problématiques d'expansion, d'approvisionnement, de formation de votre peuple, mais aussi passer maître en diplomatie, sous peine d'être écrasé par un voisin un peu trop gourmand.

En plus d'être un très bon simulateur de l'évolution de cet étrange être qu'est l'Homme, Civilization VI affiche régulièrement des infos historiques sur les évolutions auxquelles vous assistez. Cela donne du contexte culturel intéressant, ce qui est certainement un très bon argument pour mettre le jeu entre les mains d'ados réfractaires aux cours d'histoire-géo. Même si les cartes et les temporalités sont farfelues, Civilization VI donne tout de même les clés pour comprendre les enjeux géo-politiques des civilisations. Ça tombe bien, c'est le concept de base du jeu.
Petit guide à l'usage d'apprentis dictateurs

Le principe

Comprendre : "Je suis une bitch sans pitié là pour t'éclater comme un moustique".

Si vous êtes un joueur de RTS, oubliez tout ce que vous savez. Lancer une partie de Civilization VI, c'est comme s'aventurer dans un Risk un dimanche après-midi pluvieux : vous devez immanquablement laisser le plateau en plan tard dans la nuit et y revenir le week-end suivant. Dans Civilization, on prend son temps. La faute au tour par tour qui vous force, avant de passer la main à l'adversaire, à bien faire le tour de vos unités pour leur attribuer des tâches. S'il n'est pas possible d'accélérer le temps de celles-ci – et c'est bien dommage –, le jeu vous indique spontanément les unités en attente d'instruction lorsque c'est votre tour, ce qui est appréciable. Vous lancez donc une construction d'unité ou de quartier dans votre ville, ordonnez un déplacement à votre éclaireur, et la construction d'une ferme à vos bâtisseurs. Si vous lancez des unités plus loin que leurs cases de déplacement, celles-ci avanceront seules aux tours suivants. Certaines unités développent aussi une certaine autonomie suite à des évolutions.

L'autre particularité par rapport aux RTS, outre la temporalité, concerne la gestion de la production d'unités. Vous démarrez par un centre-ville, qui occupe une case du terrain. Vos bâtisseurs peuvent exploiter les cases alentour pour construire une ferme, une mine... ce genre de choses qui vont générer et récolter automatiquement des ressources à chaque tour. Pas de petites unités pour aller couper du bois, donc. Par contre, votre centre-ville peut accueillir de nombreux bâtiments comme des habitations, mais aussi s'étendre à d'autres cases pour développer des savoirs (une université, par exemple). Mais tout cela est uniquement produit par votre centre-ville, sur un certain nombre de tours. La stratégie est donc de très rapidement créer de nouvelles villes, pour pouvoir ainsi produire plus rapidement des unités et bâtiments.
À chacun son tour de se mettre sur la tronche

Première fois sur Civilization

Votre femme, votre fils et votre domaine.

Ce test a la particularité d'être écrit par un néophyte de la saga. Pour en arriver au 6ème du nom, c'est que la recette fonctionne plutôt bien. Et en effet, quand vous débarquez dans Civilization VI sans jamais y avoir mis les pieds, vous avez l'impression de débarquer en retard à une fête qui bat son plein. En plus, elle est costumée et personne ne vous a prévenu. Et quelqu'un vous pousse dans la piscine. Certes, avec de petites bouées en guise de flotteurs, mais vous devez nager dans différentes directions avant de bien saisir le sens de la longueur. Les possibilités offertes par le titre sont tellement nombreuses qu'il n'est même pas clairement édicté d'objectif de partie. C'est par l'échec que vous comprendrez que Civilization VI ne consiste pas à faire pousser du blé et bâtir de beaux voiliers juste pour le plaisir du peuple, mais qu'il faut avant tout s'imposer sur la face du globe. Le progrès. L'évolution. L'acquisition de connaissances. Voilà ce qui va vous motiver à poursuivre ces parties interminables de 500 tours. Mais même après plusieurs heures sur une partie, vous n'aurez exploré qu'une infime partie du jeu. Une approche plus didactique, avec des parties courtes au démarrage (et la possibilité de gagner !) auraient été les bienvenues sur cette version Switch.

Car une fois que vous commencez à comprendre comment diriger votre peuple et quels choix de dogmes vous intéressent le plus, surviennent les interactions avec les adversaires. Tiens, voilà la Pologne qui vous propose un accord pour attaquer la France. Mais est-ce que vous voulez vraiment attaquer la France, sachant que vous avez ouvert trois routes commerciales vers ses villes et que cela vous rapporte pas mal ? Oh mais attendez, qui est cet étrange personnage que vous venez d'attraper ? Un espion français ! Voilà qui va peser dans la balance diplomatique...
T'as 6 heures devant toi ? Parfait, tu peux découvrir les bases

Pour qui ?

Pour les leçons de géographie, on repassera.

Soyez rassurés, les néophytes ne seront pas totalement perdus. Cette version Switch de Civilization VI a tout de même le mérite d'assurer une prise en main bien pensée pour la console : les boutons sont clairs et bien répartis, et même s'il n'est pas indispensable, le tactile est un bon complément pour valider des actions. Malgré le nombre impressionnant d'informations affichées à l'écran, la lisibilité reste bonne et il suffit d'un coup de gâchette pour changer l'échelle de la carte. En plus de cela, une assistance vous est proposée aux moments clés, pour vous accompagner dans certaines décisions ou vous guider vers des choix stratégiques. La construction d'unités ou de bâtiments est, par exemple, suggérée pour répondre à une crise imminente. Libre à vous de suivre ces conseils ou de les ignorer.

Cependant, les véritables clés stratégiques ne vous sont pas dévoilées si aisément. Comment choisir le bon dogme à suivre ? Quel régime gouvernemental adopter ? Ici, ce seront vos expériences (et vos échecs) qui guideront vos choix. Et très certainement l'expérience acquise lors de précédentes parties sur la série des Civilization, pour les adeptes du titre. Pour les autres, il faudra improviser. Le tutoriel proposé au démarrage est une bonne approche mais souffre d'une impossibilité de sauvegarder sa progression, le rendant difficile à boucler.
Hakim, le fils du forgeron, est venu me chercher

L'anecdote

Hemingway pensait certainement à Civilization en écrivant cette citation.

Plusieurs heures. Il m'a fallu plusieurs heures avant de comprendre des éléments de base concernant les constructions et le développement de mon peuple. Mais aussi que je n'étais pas dans un jeu de guerre avec pour objectif d'annihiler tous les territoires ennemis. Qu'il fallait plutôt composer avec eux pour exploiter leurs ressources, favoriser le commerce et adopter leurs doctrines pour passer des accords. Et devenir ainsi une puissance supérieure. Être le dernier peuple vivant sur Terre est une des possibilités de victoire, mais pas la seule. Et les autres se révèlent être un challenge plus original. Avec tout de même une certaine difficulté. Les temps sont longs, les tours sont longs, et s'aventurer dans la construction d'une nouvelle ville en territoire étranger est plus qu'hasardeux. Si vous bâtissez votre ville un peu trop proche d'une ville étrangère, cette dernière viendra tout bonnement vous la piquer, à moins d'être lourdement armé. J'en ai fait les frais, alors que je venais de comprendre comment amener mon peuple vers un rendement plus élevé : une petite bourgade installée de l'autre côté de l'océan, qui ne demandait rien à personne, s'est faite absorber le temps d'une guerre éclair. Si je n'avais pas proposé un traité de paix au terme de 11 tours de souffrance, ma ville principale aurait également été anéantie. Protégez-vous, qu'ils disaient !
On m'a refusé mon PVT
Les Plus
  • Des dizaines de possibilités pour devenir le peuple souverain de la carte
  • Des astuces et conseils sont distillés aux nouveaux joueurs
  • La maniabilité Switch n'entrave pas du tout le jeu
  • Vous pouvez y passer des heures comme jouer juste un tour et sauvegarder
  • Des scénarios de 60 tours pour des parties "rapides"
Les Moins
  • Les néophytes sont un peu lâchés dans le grand bain
  • Les tours des ennemis sont longs... très longs...
  • Démarrer une nouvelle ville prend un temps incroyablement long
  • Les explications historiques ne sont pas très bien mises en forme
Résultat

Être un novice de Civilization sera indéniablement une difficulté supplémentaire pour entrer dans Civilization VI. Comprendre les enjeux des choix de dogmes et technologies, saisir le fonctionnement des constructions et de l'expansion, et anticiper les tours plusieurs coups à l'avance sont autant de découvertes qu'il vous faut éprouver, avec souvent des échecs à la clé, avant de bien saisir les rouages du jeu. Dommage qu'un accompagnement un peu plus encadré des joueurs encore vierges ne soit pas au programme. Car vous avez envie d'aimer y jouer. Civilization VI semble offrir un terrain de jeu extrêmement riche, vous rêvez d'en maîtriser les rouages pour l'explorer pleinement. Certes, il faudra vous accrocher pour enchaîner plusieurs parties de plusieurs heures chacune, la répétition et la lassitude de l'effort sur le long terme pouvant poindre à tout moment. Mais avant d'avoir fait le tour de la question de l'évolution, vous aurez très certainement envie de tester diverses stratégies et d'observer les effets sur votre peuple dévoué.

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