Test | Star Wars : Battlefront II
19 déc. 2017

L'ado rebelle

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Star Wars : Battlefront II
  • Éditeur Electronic Arts
  • Développeur DICE
  • Sortie initiale 17 nov. 2017
  • Genre First Person Shooter

Le lourd héritage que doit porter Star Wars: Battlefront II le place au centre d'un arbre généalogique compliqué. Il se détache radicalement de son grand frère édité en 2015, n'a rien à voir avec son ancêtre de 2005 et présente cependant une familiarité singulière avec son cousin germain, Battlefield 1. Cet ado rebelle vaut-il sa poignée de crédits galactiques ?

L'histoire

La plus grosse déception des joueurs de Star Wars : Battlefront (2015) fut de constater l'absence totale d'un scénario solo. Bon, ceci dit, pour un jeu multi, cela semblait cohérent. Mais quand bien même, Dice a ajouté dans ce deuxième opus une campagne solo, une vraie. Mais à la Dice. Donc bouclée en 4 heures, avec un scénario à base de remords de soldats et des combats proches du néant côté IA. Pourquoi se donner la peine d'aller jusqu'au bout ? Pour saisir quelques bribes d'histoire entre les épisodes VI et VII de la saga cinématographique : alors que les rebelles viennent d'exploser l'Étoile de la Mort et que l'Empereur n'est plus (déso pour le spoil les trekkies), l'Empire n'a plus de leader attitré. Ce qui n'empêche pas des généraux arrivistes de tenter de conserver un minimum de pouvoir en maintenant l'Empire en place comme ils peuvent. Une escouade de choc est chargée de diverses missions d'exfiltration ou de sabotage dans cette période de fin-de-guerre-mais-pas-tout-à-fait. Et c'est là que vous intervenez.

Iden Versio, que vous incarnez principalement, traverse l'espace pour explorer différentes planètes et croiser le chemin de quelques héros de passage. Vous apprenez les bases du tir et des compétences des personnages et ramassez au passage de précieuses améliorations qui vous serviront plus tard dans le mode multijoueur. Malheureusement, les missions restent aussi lisses que la surface de Scarif, même avec un cliffhanger que vous voyez arriver à cinq parsec. N'y attendez pas un quelconque enchantement ni une raison de vous procurer le jeu : le scénario solo ne vaut que pour ses quelques cut scenes plutôt réussies. Passons maintenant aux choses sérieuses.
Finalement, les méchants ne sont pas ceux que l'on croit

Le multi

Non ! Ils n'auront pas les plans de l'Etoile Noire !

Malgré une interface globalement froide, on ne peut pas enlever à Star Wars : Battlefront II l'effort réalisé pour vous plonger dans l'univers de la saga. Toutes les périodes sont parcourues, vous emmenant de Naboo à Yavin IV, en passant par Tatooine (et sa cantina) ou encore la base Starkiller. Les environnement sont variés et jolis, avec de l'activité de PNJ en intro ou en fond de map, histoire de donner du contexte à la situation. Les modes de batailles sont (pour le moment) moins nombreux que dans le premier opus. On retrouve le classique combat de héros, mais surtout l'assaut galactique, mode multijoueur principal revu et corrigé qui fait s'affronter 40 joueurs dans des batailles à scénario. Comme dans Battlefield 1, il s'agit d'évoluer vers une zone de la carte selon les actions réussies d'une équipe.

Par exemple, des rebelles sont déployés sur une base Impériale pour voler un Marcheur ; si l'équipe Rebelle réussit à désarmer les 3 postes de sécurité, la partie passe alors au second temps, à savoir l'avancée du marcheur piloté par les rebelles ; les impériaux doivent le stopper, à moins qu'il atteigne la base et explose la porte d'entrée ; la troisième étape se déclenche alors, consistant pour les rebelles à voler des plans dans cette base. Ces matchs évolutifs donnent un peu plus d'intérêt aux actions et permettent de s'appuyer sur l'environnement pour donner un semblant de fil scénaristique, même si cela reste au final assez basique. Les autres modes sont plus classiques : des affrontements à moins nombreux permettent de varier entre le classique deathmatch et les objectifs simples de défense de territoire. La grande nouveauté, c'est aussi la réorganisation des bonus. En effet, les héros et véhicules ne se déclenchent plus en attrapant un bonus dispersé sur la carte, mais en utilisant les points de bataille gagnés en cours de combat ; pour éviter que les plus forts en abusent, les crédits engendrés par les héros sont plus faibles.

L'autre mode important de Star Wars : Battlefront II, ce sont les combats spatiaux. Oubliez ici tout ce que vous avez pu voir dans le précédent volet : tout a été revu de fond en comble, et c'est une bonne chose. Plus facile à prendre en main, plus nerveux, plus immersif (le petit effet de zoom en visant : 👌), avec de vraies différences de pilotage selon les modèles de vaisseaux : ce mode est aussi plaisant à jouer qu'une partie de Djejarik pour Chewbacca. Votre ordinateur de bord sert enfin à quelque chose puisqu'il calcule la trajectoire de votre cible et encercle la zone où tirer, pour que vos lasers l'atteignent la demie-seconde plus tard. Une véritable nouveauté couplée à un contrôle total de l'appareil qui rendent l'expérience nettement plus chouette qu'auparavant. Ici aussi, des matches à scénarios sont proposés, avec une dimension spatiale très réussie.
Plus profond qu'un trou de Sarlacc

Le principe du level-up

Piew piew ! Jamais les combats spatiaux n'auront été si prenants

Le dernier rejeton Star Wars : Battlefront II ayant décidé de ne rien faire comme les autres, il a mis à la poubelle la simplicité sur laquelle avait parié l'épisode de 2015 au profit d'un système complexe de level-up, mixant expérience, achats intégrés et craft. En jeu, vous avez une main de trois cartes actives : ces cartes améliorent vos attributs (une meilleure santé, être invisible au radar derrière les lignes, ce genre de choses) ou vous apportent des armes secondaires inédites. Mais comment débloquer de nouvelles cartes ? Explications.

Il existe maintenant 4 classes de personnages, plus les héros, plus 3 classes de vaisseaux. Chaque classe a sa propre progression qui repose sur des exploits, lesquels débloquent des améliorations d'armes ou des crédits. Ces crédits sont également gagnés au fil des batailles. Ils servent à acheter des caisses d'armement. Ces caisses d'armement contiennent aléatoirement des cartes et des pièces d'amélioration. Les pièces d'amélioration permettent de fabriquer et faire évoluer les cartes. Car chaque carte a 5 niveaux et il vous faudra beaucoup de persévérance et d'économie de crédits pour les améliorer à fond. C'est là que EA et Dice s'en sont pris plein les dents : il fallait jusqu'à présent un temps extrêmement long pour améliorer ses personnages. Depuis une mise à jour récente, tout cela semble un peu plus facile. Mais mine de rien, ce système est drôlement complexe et les joueurs sont globalement perdus dans leurs cartes. Malgré tout, en s'accrochant et en acceptant de débourser ses crédits dans des coffres, vous avez la possibilité de vous construire des personnages bien équipés après quelques heures de jeu seulement. Mais pour varier les mains, il faudra s'armer de patience.
L'objet de la discorde

Pour qui ?

Bon c'est pas tout ça mais je vais aller faire un tour à la Cantina, moi !

La remise à plat du système de level-up a été l'équivalent d'un tir de torpilles à proton en surface de l'Etoile Noire : ça a secoué tout le monde mais ça n'a pas pété. Si vous captez le système, vous pourrez en tirer profit sans nul besoin de débourser des euros supplémentaires. L'immédiateté du premier Battlefront était sa force : basique, simple, il offrait aux joueurs un énorme champ de bataille où chaque trouffion avait sa chance. Les râleurs estiment que le décalage des avantages dans Star Wars : Battlefront II est trop fort : en réalité il n'en n'est rien. La dextérité et la chance sont vos meilleurs amies. Le reste (l'amélioration des capacités) n'est qu'un bonus pour vous faciliter un peu la vie.

Les 4 classes de personnages sont suffisamment différentes pour que chacun s'y retrouve dans son style de jeu favori. Le soldat lourd est plus résistant mais moins précis que le soldat d'assaut qui lui est plus polyvalent que le spécialiste, plus à l'aise au sniper. L'arrivée de l'officier est l'élément le plus remarquable : relativement faible, il est capable de déployer une tourelle automatique et de galvaniser les troupes pour un bonus de santé temporaire. Maîtriser ce personnage est un défi intéressant. Cependant, notez que les classes n'ont pas de rôle particulièrement complémentaire sur le terrain. Vous avancerez donc avec votre propre personnage sans que cela n'influe grandement la situation.
Battlefield 1 — Star Wars Edition

L'anecdote

Qu'est-ce que je disais ?

Mes premières heures sur BF II ont été très étranges. Après avoir passé des dizaines (et des dizaines) d'heures sur le multi du premier, ce second opus me paraissait terriblement à côté de la plaque. Je ne m'y retrouvais pas. Je ne comprenais pas le level-up. Je me perdais dans certaines cartes. Je ne retrouvais pas l'esprit Star Wars que j'affectionnais tant. Et après avoir un peu insisté, j'ai fini par comprendre. La révélation du système de level-up a eu l'effet d'une bombe. Enfin, je comprenais ce qui caractérisait mon personnage. J'ai pu ainsi me concentrer sur des attributs qui me plaisent vraiment et développer mes atouts comme je l'entendais. Et puis je me suis baladé dans les cartes. Alors oui, elles sont quasiment toutes construites pour contenir un goulot d'étranglement qui fera scorer tout fan de grenades. Mais ça me plait. Tout comme la nouvelle prise en main des vaisseaux me plait, à tel point que je suis devenu un pilote hors-pair de chasseur TIE alors que je galère encore au X-wing. En résumé, je commence à m'installer dans Battlefront II et me sentir de plus en plus à la maison.
- Je t'aime ! - Je sais.
Les Plus
  • Très joli
  • Un multi globalement cool et prenant
  • L'effort de contextualisation des matchs multi
  • Du contenu supplémentaire prévu régulièrement
Les Moins
  • Le solo se moque gentiment de vous
  • Le système de level-up : pourquoi passer à si complexe ?
Résultat

Que vous ayez joué ou non au premier, Battlefront II vous emmène vers de nouveaux horizons. Plus complexe, plus profond, plus riche, certes, mais au détriment de la facilité et l'immédiateté de son grand frère. Ici, il faudra vous investir davantage. Le multijoueur étant la principale raison de plonger dans le jeu, sachez qu'il repose sur les bases d'un Battlefield 1 à la sauce Star Wars. Les combats scénarisés et les environnements variés vous feront tâter l'ambiance tantôt du côté obscur, tantôt le côté lumineux de la Force. Incarner les héros reste facultatif, il est tout à fait possible de très bien sans sortir sans toucher un seul sabre laser. Par contre côté solo, à part Yan (lol) il n'y a pas grand chose à faire. C'est donc avec de parfaits inconnus que vous vous amuserez le plus.

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