Test | Phoenix Wright, avocat aux herbes
11 juil. 2006

Testé par sur
Phoenix Wright : Ace Attorney
  • Éditeur Capcom
  • Développeur Capcom
  • Sortie initiale 31 mars 2006
  • Genre Aventure

Prenez des feuilles de papier, recouvrez-le de mangas, ajoutez quelques pincettes de couleur – deux bonnes louches de rouge, vif – placez le tout dans un récipient, touillez, saupoudrez d'humour, versez une pincée de rebondissement, ficelez bien fort les dialogues, ajoutez enfin quelques morceaux d'avocat, deux bien verts, un autre bien mûr, faites chauffer à feu doux, servez, goûtez par vous même puis... dégustez. Phoenix Wright : Ace Attorney c'est la recette d'un jeu original sur Nintendo DS, qui sent bon le bouquet garnit et la sueur froide. A servir sur un plateau d'argent.

De la réflexion germe la déduction

Voilà, c'est vous. Toujours à chercher la petite bête.

Un coup d'oeil aux pièces du dossier. Toutes les preuves sont bien là, vous pouvez attaquer. Le témoin de l'accusation a déjà souffert de vos remarques pertinentes à propos de l'incohérence de sa déposition, il est presque mûr. Dans quelques instants, il s'effondrera et vous pourrez l'achever avec l'ultime pièce à conviction. Quand soudain : "Objection Votre Honneur ! Les questions de la Défense sont sans rapport avec l'affaire et perturbent mon client !" Diable, ce fourbe d'Hunter – l'avocat de l'accusation – ne perd pas une occasion pour vous mettre des bâtons dans les roues. Heureusement, le juge vous a à la bonne, car il est intéressé par l'originalité de votre démonstration : "Objection rejetée. Continuez, M. Wright". A partir de là, ce n'est plus qu'une partie de plaisir. Quelques photos compromettantes, des témoignages recueillis par vos soins et une logique implacable vous permettent de confondre le témoin de l'accusation, véritable responsable du meurtre. Félicitations Phoenix, votre client est acquitté.

Les enquêtes de l'inspecteur Wright

Ce bien brave avocat semble cacher quelque chose, non ?

Cinq missions à la difficulté croissante s'enchaînent assez rapidement dans Phoenix Wright : Ace Attorney. Si les quatre premières sont issues de la version GBA du jeu, qui n'a jamais quitté l'archipel Nippon, la cinquième est inédite. Le principe de jeu est simple : chaque mission se déroule selon un schéma classique, à savoir un jour d'enquête suivi d'un jour de procès. Notez que dès la deuxième mission, vous enchaînez plusieurs séquences enquête-procès, les missions s'étalant sur presque une semaine. A la manière d'un jeu d'aventure mais au style manga, vous alternez exploration et dialogues au fil de l'enquête. Tant que toutes les pièces nécessaires ne sont pas réunies, vous ne pouvez pas débuter le procès : le joueur se retrouve donc très encadré par les personnages qui suggèrent parfois des pistes d'exploration. Vous rencontrez ainsi l'inspecteur de police qui réalise son enquête, mais aussi les protagonistes du crime ainsi que des individus liés à l'affaire. C'est par le dialogue que des indices ou information se révèlent, tandis que l'exploration minutieuse de lieux vous permettra de découvrir des objets susceptibles de vous aider. Pas question d'extirper les informations par la force de la part des témoins, il suffit de taper verbalement là où ça fait mal. Tout personnage à une faiblesse, à vous de la creuser. Vous rencontrerez ainsi une vielle vigile de studio autoritaire mais amoureuse d'un acteur, un mégalo imbus de sa personne, un avocat paternel pas si chaleureux qu'il en a l'air, et tant d'autres. Chaque mission est caractérisée par les personnalités fortes de ses personnages.

Prends-en de la graine

"Hiiiiii une araignée !" Oui, son témoignage est exagéré.

Ca y est, la journée d'enquête s'achève, vous avez récolté suffisamment d'indices pour défendre votre client au barreau. Quoique. Une des particularité de Phoenix Wright : Ace Attorney réside dans ses nombreux revers de situation. Vous pensez avoir innocenté votre client sur un point ? En un instant, l'accusation s'en sert pour enfoncer le clou sur un autre point. Tel avec un sac de noeud, vous jonglez avec tous les arguments de l'accusation et construisez votre défense petit à petit, en prenant soin de réagir au moment opportun. Lors des procès, vous pouvez réagir de deux façons : soit en demandant des précisions au fil de la déposition du témoin, ce qui, très vite, devient systématique afin de ne rien rater ; soit en présentant une objection avec une pièce à conviction. Pour ces deux actions, vous pouvez, si vous le désirez, crier dans votre micro "Un instant !" ou "Objection !". A vos risques et périls si vous jouez dans le bus.
Les Plus
  • Ce n'est pas tous les jours qu'on peut devienir maître du barreau
  • Des affaires pleines d'entourloupes mais pleines de défis à relever
  • Qu'elle est sexy la patronne !
Les Moins
  • Le rythme trop cassé : longueurs de l'enquête, intensité du tribunal
  • Des combines pas très claires pour gagner du temps de jeu
  • Vous n'êtes pas libre de vos arguments, le "hasard" étant parfois trop présent
Résultat

Si les premières heures de jeu se révèlent très intenses et s'enchaînent avec beaucoup – trop ? - de facilité, les dernières missions se corsent sérieusement. Quelques artifices plutôt désagréables sont même ajoutés pour allonger la durée de jeu. Comme tous ces allers et retours sur différents lieux, qui obligent à emprunter d'interminables chemins avec embranchements. Ou le moment où vous êtes contraint de faire répéter cinq fois de suite une même déposition pour la situation se débloque comme par enchantement. Les passages des procès restent tout de même les plus intéressants. Le stress de la corde raide tout au long des échanges vous maintient dans une ambiance tendue des plus agréables. Du côté de l'enquête, des longueurs sont malheureusement à déplorer et risquent de vous pousser à poser la NDS quelques jours pour passer à autre chose. Difficile alors de replonger dans le bain d'une affaire en cours, surtout aussi tarabiscotées que celles concoctées par Capcom. Mais pas de panique, Phoenix revient très bientôt dans de nouvelles aventures tirées d'épisodes GBA, suivis d'un épisode totalement inédit. Vous en reprendrez bien quelques bouchées, finalement. Pas d'objection ?

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