Test | The Witness
10 oct. 2016

Sudoku géant pour Robinsons

Testé par sur
Aussi disponible sur
The Witness
  • Développeur Thekla Inc
  • Sortie initiale 26 janv. 2016
  • Genres Aventure, Réflexion

Assez des jeux qui font "booum", "tatatatatata", "aaarrgh", "you're under attack", "vrooouum", "mayday, mayday", "here we goooo" ? Vous, vous êtes plutôt du style à vous creuser les méninges, comme à la grande époque de Myst ! Alors voyons voir si son fils spirituel, le bien nommé The Witness, saura vous séduire.

L'histoire

Un point lumineux devant vous. Il scintille au bout d'un tunnel. Bien entendu, même si vous avez en tête ce fameux conseil "surtout, ne suis pas cette lumière !", vous la suivez. C'est irrésistible, n'est-ce pas ? Soit. Avancez. Ouvrez cette porte qui se présente enfin, à l'aide d'un tracé (premier d'une très longue série). Ébloui un court instant par la lumière du soleil, vous voila dans ce qui semble être un fort, ruines d'un édifice construit en bord de mer. Un rapide tour d'horizon vous permet de vous apercevoir que vous êtes sur une île. Pour qui, pourquoi ? Vous ne le savez pas. Pas sûr d'ailleurs que vous ne le sachiez un jour. Cette île est déserte, a priori abandonnée, peut-être suite à d'étranges événements. Bref, bienvenue dans The Witness, un jeu sans histoire mais avec beaucoup d'énigmes.
Dans quel état j'ère ?

Le principe

Il n'y a pas de poignée, juste des tracés à activer au doigt. Logique à l'ère du smartphone.

The Witness est un jeu d'exploration bourré d'énigmes. Vous progressez ainsi en vue à la première personne, d'un puzzle à l'autre, simplement aidé par les cables lumineux qui les relient. Parfois. En effet, les règles du jeu ne sont pas explicites. À vous d'observer les environs, du bon angle, ou même de tendre l'oreille pour résoudre chacune des centaines d'énigmes que comporte le jeu. Le but ultime étant d'actionner des lasers pointant tous vers la même direction, le sommet d'une montage qui pourrait bien être la clé de l'énigme justement.

En cours de route, vous allez parcourir différents environnements, l'îlot minuscule se payant le luxe de proposer des paysages variés, du desert au verger, en passant par la forêt tropicale et les marais. Les développeurs nous ont épargné les sommets enneigés, sûrement faute de place. Visuellement, l'ensemble flatte la rétine, si tant est que vous soyez client des ambiances picturales très colorées.

Mais revenons-en au cœur du jeu, à savoir ces fameuses énigmes. Il s'agit en l'espèce de tracer un chemin sur un écran tactile. Le principe s'étale sur des centaines d'écrans, à la manière d'un démineur interminable. Le concept connait bien quelques évolutions, voire même digressions, mais nous sommes loin de l'audace intellectuelle d'un Myst. C'est bien là le point noir de The Witness : vous aurez la sensation de faire toujours la même chose. Le paysage évolue, les indices – si maigres – sur la raison de votre présence ici interviennent de temps à autre, mais vous aurez besoin d'une bonne dose de courage et de persévérance pour aller jusqu'au bout de l'aventure.
Dans ta face le démineur !

Pour qui ?

Allez, un dernier pour la route et après je vais manger !

Si Sudoku est un mot qui vous excite, il est fort probable que The Witness trouve sa place dans votre ludothèque. Car même s'il s'agirait sans doute d'un raccourci facile, ce jeu n'est ni plus ni moins qu'un recueil de grilles de Sudoku reliées les unes aux autres par des environnements naifs et chatoyants. Les nostalgiques de Myst, monument du jeu d'énigmes dont s'inspire ouvertement The Witness resteront sur leur faim, du fait d'un manque de diversité et des environnements loin de la majesté des mondes parallèles créés par Cyan Worlds dans les années 90.
En manque de Sudoku ?

L'anecdote

Un extrait d'un film underground soviétique dans un jeu vidéo, ça n'est pas si fréquent.

The Witness a été conçu par Jonathan Blow, un développeur indépendant à l'esprit assez complexe. Souvenez-vous du bizarre Braid. C'était lui. Ces interrogations métaphysiques se retrouvent dans The Witness où, si vous cherchez bien, vous pourrez dénicher de drôles de références. C'est le cas par exemple avec cet extrait vidéo du film Nostalghia, du réalisateur soviétique Andreï Tarkovski. La scène est surprenante, fascinante même, alors qu'il ne se passe quasiment rien à l'écran, si ce n'est un homme qui tente de traverser un bassin asséché, une bougie à la main, en veillant à ce que la flamme ne s'éteigne pas. Si c'est le cas, il reprend son parcours à zéro. C'est très symbolique et vous retrouverez toute cette symbolique dans The Witness, notamment lors de sa conclusion. Mais pour ça, il faudra être patient.
Prendre soin de sa flamme...
Les Plus
  • C'est plutôt joli
  • Un scénario suffisamment énigmatique pour avoir envie d'avancer
  • Des références étonnantes
  • Beaucoup d'indices à dénicher
  • Une parenthèse intéressante au milieu de la production actuelle
  • Enfin le retour d'un jeu à la Myst
Les Moins
  • Des énigmes qui manquent de diversité
  • Des mécanismes redondant
  • Mais Myst n'a pas encore trouvé son maître
Résultat

Aussi bizarre que cela puisse paraître, et même si l'effet est similaire à celui d'un remplissage de grilles de Sudoku pendant des heures, The Witness est un jeu qui vous interpelle. Ce n'est pas tant par son gameplay redondant, ni même ses graphismes chatoyants assez classiques. Mais c'est plutôt par les questions qu'il pose, laissées le plus souvent en suspens. Finalement, peu importe les réponses, l'ambiance on ne peut plus métaphysique du jeu, distillée par des références étonnantes, vous suffit. Et ça, son créateur Jonathan Blow l'a très bien compris. Chapeau.

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