Test | Under The Waves

30 oct. 2023

Vouloir placer des millions de mètres cubes d'eau entre soi et le reste du monde, ce n'est pas forcément bon signe. Les aptitudes sociales de Stan sont inversement proportionnelles à ses talents de plongeur. Il faut dire que la réalité qu'il cherche à fuir en resignant avec cette société pétrolière n'a rien de réjouissant. Entretenir et nettoyer cet immense complexe isolé sous les eaux tumultueuses de la mer de Nord lui semble être une issue supportable même si les directives du groupe vont à l'encontre de ses valeurs personnelles. Mais vous vous en doutez, son chagrin ne manquera pas de se déchaîner autant que les vagues au-dessus de sa tête.

L'écriture de Under The Waves est remarquable. Si vous comprenez vite le trauma qui hante Stan, il est amené avec subtilité. Ses communications avec la surface distillent sa personnalité d'une manière beaucoup moins directe qu'à l'accoutumée, si bien que le silence des fonds marins – accompagné par la musique hypnotisante de Nicolas Bredin – en dit finalement plus que les dialogues eux-mêmes. Ça change. Et ça fait du bien.

Au premier contact avec Under The Waves, vous vous dites que la balade va être pépère, un peu à la Commandant Cousteau non pas sous les tropiques mais sous l'Arctique. Mais contrairement à la croyance populaire, il faut toujours se méfier des premières impressions. En dirigeant ce plongeur désabusé et un brin mélancolique de sa base à son mini sous-marin, vous vous apercevez au fil des jours (les chapitres sont sous-divisés en jours) que l'aventure ne va pas être un Sims-like aquatique mais bel et bien une expérience humaine, profonde et prenante. Grâce à ce mini sous-marin, vous passez de la nage à la conduite comme bon vous semble. Votre terrain d'exploration s'agrandit ainsi et vous laisse l'opportunité d'explorer des sites industriels aussi dangereux qu'attirants.

Dans Under The Waves vous devez gérer votre base et donc vos ressources afin de vous permettre d'aller plus loin. Mais rien ici n'est contraignant ni systématique, même si vos activités quotidiennes sont une parfaite illustration de la routine à laquelle doit se plier un technicien : check-up des infrastructures, nettoyage du périmètre, récolte de nourriture, observation de la faune locale... Si chaque journée est ponctuée par ces activités, aucune ne se ressemble grâce à un scénario au déroulé habile. Ainsi le jeu navigue constamment entre scènes d'introspection souvent poétiques et séquences d'action à la tension palpable.

Les fonds marins sont l'occasion de s'immerger dans une ambiance très particulière. Vous savez que vous y êtes physiquement quasi seul, mais sur le plan mental, cette solitude est beaucoup moins évidente, et c'est là l'une des forces narratives du jeu. Si vous appréciez les environnements à la fois fascinants et inquiétants, si vous aimez les héros solitaires qui n'en font pas des containers, Under The Waves a largement de quoi vous séduire. Côté références, on y retrouve bien sûr une atmosphère à la Abzû pour l'aspect exploration sous-marine et le parti pris pédagogique via l'ONG Surfrider Foundation, mais également à la ADR1FT pour la puissance de certaines séquences plus mouvementées, prouvant une fois de plus que l'espace et l'océan ne sont pas si éloignés en matière de sensations.

Pour la petite histoire, le studio présentait en interne Under The Waves comme un mix entre Abyss et Firewatch. Si les similitudes avec le film de James Cameron apparaissent évidentes, on vous laisse découvrir ce qui lie le jeu de Campo Santo à Under The Waves.