Test | Quantum Break
01 avr. 2016

Le détraqué qu'on adore

Testé par sur
Aussi disponible sur
Quantum Break

Avec Remedy, l'ambition a souvent été synonyme d'arlésienne ou de choix radicaux. Après un Alan Wake réussi mais reléguant son gameplay au second plan, Quantum Break remet les pendules à l'heure, dans tous les sens du terme !

L'histoire

Une chose est sûre : l'introduction de Quantum Break prouve que Remedy n'a rien perdu de son savoir-faire en matière de narration. Vous incarnez Jack Joyce, un homme ayant rendez-vous avec l'un de ses anciens amis de fac, Paul Serene, directeur d'un institut de recherche à l'université de Riverport. Celui-ci est bien décidé à vous montrer le fruit de son labeur : un machine capable de simuler un trou noir et donc de modifier l'espace-temps. Hélas, l'impressionnante démonstration tourne mal lorsque William, le frère de Jack, s'invite à la fête et détraque tout. Dès lors, une course poursuite s'engage entre Jack et Monarch, une organisation qui n'a cessé de grandir depuis une quinzaine d'année... Et avec à sa tête Paul Serene lui-même.

Si le scénario de Quantum Break est intéressant, c'est avant tout grâce à rythme narratif parfaitement rôdé. Les deux premières heures sont tout simplement exemplaires, tant Remedy parvient à utiliser le pouvoir du héros à bon escient. En effet, Jack est capable de stopper le temps et d'en profiter pour révéler quelques objets tels que des munitions ou documents. D'ailleurs, il s'agit peut-être du seul (petit) couac narratif de Quantum Break : dommage d'être parfois obligé de se farcir des tartines de textes pour approfondir le background du jeu. À coup sûr, il aurait été plus engageant de faire parler le personnage.
Le style Remedy

L'emballage

Si le jeu s'en sort graphiquement, c'est surtout grâce à ses effets visuels qui font illusion.

En parlant de blabla (et pour un jeu qui propose une expérience reposant sur plusieurs médias), Quantum Break ne propose pas le choix entre la VO et la VF, cette dernière étant imposée aussi bien dans le jeu que dans la série qui l'accompagne. Quitte à prendre des acteurs existant (Shawn Ashmore, Dominic Monaghan ou Aidan Gillen sont tous connus du grand public), autant pousser le principe jusqu'au bout. Côté technique, le jeu vidéo s'en sort plutôt bien. S'il tourne en 30 images/seconde, cela n'est pas spécialement gênant compte tenu du genre. De plus, impossible de ne pas être séduit en voyant les effets visuels liés aux distorsions temporelles. Finalement, vous pesterez surtout contre les longs temps de chargement (nous vous conseillons de ne pas mourir ou de ne pas passer les cinématiques), et peut-être contre le manque – relatif – de vie dans les environnements. Si des PNJ sont présents en de rares occasions, avouons qu'un peu plus de faune, de flore ou d'impact climatique auraient été les bienvenus.
Du bon mais pas que...

Le principe

Les sensations fortes de Quantum Break résumées en une seule image.

Précisons d'abord une chose : Quantum Break propose un gameplay plus recherché que celui d'Alan Wake. Globalement, le rythme est maîtrisé et le jeu prend un malin plaisir à abréger une phase d'action au moment opportun, quand cela pourrait commencer à vous fatiguer. Côté possibilités, Jack peut donc utiliser le temps pour parvenir à ses fins. Lors des passages d'exploration, il a ainsi la possibilité de rembobiner le temps de quelques secondes pour – parfois – se servir de l'environnement. Dans ces passages, le jeu n'a pas grand chose d'original et rappelle un peu le Prince of Persia du début des années 2000. Il est toutefois regrettable que le titre ne se tourne jamais réellement vers l'infiltration, le concept temporel s'y prêtant complètement. Il est facile d'imaginer pas exemple désarmer les gardes une fois le temps stoppé. Ce qui est d'ailleurs le cas durant le prologue.

Mais le gros du gameplay réside bien sûr dans les scènes d'action. Le jeu vous propose alors d'effectuer des esquives à la vitesse de la lumière (on suppose !), de créer des bulles temporelles immobilisant les ennemis (vous pouvez accumuler les balles pour que vos opposants récoltent le tout une fois la faille disparue) ou encore créer un bouclier vous protégeant des projectiles. Globalement, Quantum Break procure deux sensations. Premièrement, celle d'utiliser des mécaniques présentes dans d'autres jeux, et par conséquent d'être moins original qu'il ne parait. Dans un second temps, difficile de ne pas souligner l'aspect jouissif de la mise en scène, en particulier lorsqu'un ennemi se prend une vingtaine de balles d'un coup, quand Jack met une beigne à un adversaire ou lorsqu'un baril explose après qu'une bulle temporelle disparaisse.

Dans ces moments, Quantum Break vous procure quand même un sentiment atypique – et si rare de nos jours : celui d'avoir affaire à un jeu relativement novateur. Cela se vérifie dans la structure même du titre, qui vous propose d'alterner entre séquences de jeu et épisodes de série télévisée (plus réussis qu'à l'accoutumé). Évidemment, compte tenu du thème du jeu, le titre vous met face aussi à quelques choix impactant plus ou moins la suite de l'aventure. Si le résultat reste un peu anecdotique, sur le plan symbolique le procédé était quoiqu'il arrive nécessaire.
Une illusion qui fonctionne parfaitement

Pour qui ?

Certains ennemis ou boss ne sont pas affectés par les manipulations temporelles.

Si vous avez aimé les précédents jeux du studio, vous pouvez foncer sur Quantum Break les yeux fermés. Le titre propose une narration toujours aussi solide tout en disposant d'un gameplay plus sympathique que celui de son prédécesseur. De plus, si vous êtes adepte de séries télévisées, vous devriez apprécier comme il se doit la structure atypique du jeu. À ce sujet, les épisodes filmés sont convaincants, bien au-dessus de tout ce qui a pu se faire dans le genre jusque là.
Comme sur le canapé

L'anecdote

Nous vous conseillons de commencer le jeu en difficile. Seul le boss final sera un peu retord.

Comme toujours avec Remedy, Quantum Break y va de son lot de références. Ici, la principale reste Fringe. Néanmoins, vous noterez de nombreux clins d'œil, y compris envers X-Files ou Alan Wake. Et même si le titre s'inspire de la série créée par J. J. Abrams, il parvient à être plus haletant et ce pour une raison toute simple : il se concentre sur une trame principale, esquivant toutes futilités liées à des intrigues secondaires.
Prenez votre inspiration
Les Plus
  • Certaines sensations, assez uniques
  • Une histoire très prenante malgré un thème casse-gueule
  • Une structure narrative réussie
  • Les épisodes de série télévisée
  • Un rythme parfaitement maitrisé et qui évite la redondance
  • Les effets visuels, impressionnants
  • Des acteurs qui apportent un vrai "plus"
Les Moins
  • Peut mieux faire techniquement
  • Un certain classicisme dans le fond (pour ce qui est du gameplay)
  • Il y avait assurément quelque chose à faire en matière d'infiltration
  • Pas de choix entre VF et VO
Résultat

Quantum Break est assurément l'exclusivité Microsoft la plus alléchante de ce début d'année. Si sur un plan purement graphique le jeu n'est pas exceptionnel, les effets visuels sortent du lot et le gameplay reste aguicheur. Mais plus important, c'est bien la narration et le savoir-faire du studio finlandais en la matière qui transportent ce titre, au point d'en faire une expérience multimédia unique. Les plus bougons pourront dire ce qu'ils veulent, le résultat est là : Remedy porte le jeu vidéo sur une voie inédite, quand beaucoup pensent qu'il suffit de faire du tout-cinématique pour le rapprocher du cinéma. L'un des must-have de l'année.

Partagez ce test
Tribune libre