Test | Kholat
16 juil. 2016

Le cas Kholat

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Kholat
  • Éditeur IMGN.PRO
  • Développeur IMGN.PRO
  • Sortie initiale 10 juin 2015
  • Genre Aventure

Kholat fait partie de ces jeux que l'on pourrait davantage qualifer d'expérience vidéoludique. Avec son monde ouvert, ses indications visuelles absentes, sa prise en main à la va-comme-je-te-pousse censée faire "plus vrai", ses énigmes étranges, il a tout d'un jeu que vous allez adorer détester.

L'histoire

L'existence du jeu Kholat tient avant tout de la tragédie, réelle, de la nuit du 1er février 1959, en Russie. Neuf randonneurs ont trouvé la mort sur le mont Kholat Syakhl (la montagne morte, en Russe), et ce de manière étrange. Selon l'enquête, les neuf victimes semblent avoir arraché leur tente de l'intérieur puis s'être enfuis, de leur plein gré et sans traces d'un quelconque agresseur, pieds nus dans la neige en pleine nuit. Six d'entre eux vont mourir de froid, trois de blessures dont la violence des coups ne peut être attribuée à la seule force humaine. Ambiance.

L'affaire a fait grand bruit, la zone montagneuse a été interdite pendant trois ans. Personne ne sait ce qu'il s'est réellement passé cette nuit là, et l'enquête conclut son rapport en déterminant que les membres du groupe sont tous morts d' "une force irrésistible inconnue". Bon. Et comme vous êtes un peu dérangé dans votre tête, vous décidez de revenir sur les lieux de l'incident pour faire la lumière sur cette tragédie.
Une histoire vraie qui fait froid dans le dos

Le principe

Le fantôme d'un randonneur disparu se confie à vous.

Vous. Seul. Dans la montagne. Le froid. Le blizzard. Une boussole polonaise. Des chemins. Des culs-de-sac. Du blanc. Du noir. Du vide. Rien. Un bruit. La mort. Voilà, en résumé, le concept de Kholat. Pour développer davantage, le studio indépendant polonais IMGN.PRO a voulu retranscrire du mieux possible une ambiance de désolation totale, dans une montagne fort peu accueillante. Et c'est réussi. Vous avancez, seul, contre le blizzard, à la recherche d'indices figés par la glace. Un reste de campement apparaît devant vous : une première étape salutaire, qui vous permet de vous abriter quelques instants – et au passage de sauvegarder votre progression.

Après avoir trouvé une carte des environs et une boussole (en polonais, bon courage pour déterminer le nord du sud), vous avancez un peu au hasard sur l'un des sentiers qui s'offre à vous. Vous ne savez pas dans quelle direction aller ? C'est normal, le jeu veut que vous vous perdiez. Vous pestez contre votre personnage incapable de contourner une branche de rien du tout ? C'est normal, le jeu ne prévoit pas que l'on puisse sauter. Bienvenue dans Kholat, le jeu qui alimente vos frustrations.
Vous ne voudrez plus jamais être seul

L'expérience

Débrouillez-vous avec ça.

Il faut s'accrocher, pour avancer dans Kholat. Comme dans la vraie vie, il n'y a pas de repère sur la carte ; à vous de déterminer si ce gros ensemble rocheux ressemble à peu près à ce que vous voyez sur le papier. Avec la boussole, vous pouvez déterminer la direction suivie, jusqu'à tomber sur une impasse ou une bifurcation qui vous feront douter. Soyez préparé à repasser plusieurs fois devant un tronc d'arbre en vous disant "Mais ? Je suis déjà passé devant il y a 20 minutes !". Vous regrettez alors que votre inventaire ne dispose pas d'un pistolet pour libérer votre personnage en lui faisant se tirer une balle.

Plus loin, vous tombez sur des bribes d'informations des randonneurs. Et quand enfin, par miracle, vous tombez sur une manifestation étrange, vous paniquez. Une sorte de démon prend possession des lieux, sous la forme d'un nuage pas très accueillant, puis d'une forme lumineuse très vive. Avec l'ambiance sonore dramatique qui ne fait rien pour baisser votre niveau de stress, vous n'avez d'autre choix que de prendre vos jambes à votre cou. Enfin, façon de parler, car votre personnage semble avoir sa carte de fidélité chez Burger King et s'essouffle au bout de 25 mètres de course. Résultat, vous mourrez, touché par le démon qui n'apprécie pas trop les êtres vivants dans le coin.

Vous reprenez la partie à votre campement, repartez pour de longues minutes hasardeuses sur les chemins sinueux, retombez sur le démon, mourrez à nouveau. Et cela jusqu'à ce que vous vous parveniez à lui échapper, à la seconde près, ce qui permet d'avoir "nettoyé" la zone en attendant de la prochaine rencontre fatale.
Haut haut bas bas gauche droite gauche droite : juste votre parcours erratique

Pour qui ?

Vous pensez que ça passe ? Détrompez-vous, le personnage est coinçé

Certains jeux ont ce côté sadique de la mort aléatoire et subie. C'est le cas de Kholat qui ne vous laisse que peu de latitude pour affronter un danger, qui se traduit généralement par une mort certaine, censée vous apprendre à mieux faire la prochaine fois. Pas convaincant. Avec cette carte incompréhensible, ces décors qui se ressemblent à chaque croisement, ce démon surpuissant qui ne laisse aucune chance, attendez-vous à vous perdre, recommencer, mourir, tourner en rond, sans jamais commencer à apprécier l'ambiance pourtant ultra flippante du titre, surtout avec l'histoire vraie sur laquelle il se repose. Trop de bâtons dans les roues qui empêchent, volontairement, d'avancer sur de bons rails. L'obstination du défi sera votre principale motivation pour profiter pleinement du titre.
Vous aimez vous faire du mal ? Ce jeu est fait pour vous

L'anecdote

Il ne vous ennuiera plus

Vous l'aurez compris, je suis extrêmement hermétique à l'expérience Kholat. Ça n'est pas faute d'y avoir mis de la bonne volonté. En arrivant à un campement, je parviens à me situer sur la carte. J'ai alors commencé à suivre un chemin inexploré, pour découvrir ce qui ce cache dans cette vaste zone. Après plus d'une demi heure d'exploration minutieuse, je me retrouve sur un chemin en bord de falaise. J'entends un bruit d'éboulement ; le personnage, lourdaud, a du mal à lever la tête tendis que je commence à fuir, mais c'est trop tard : une grosse pierre me tombe dessus. Retour au camp de base. Je retiens un sourire crispé mais je m'accroche, reprends mon chemin, retombe enfin sur la zone de l'éboulement ; cette fois au bruit fatal je m'arrête et observe la pierre meurtrière. Je poursuis mon chemin, pour finalement... retomber sur une zone déjà explorée. Je. Mais. Que... Ragequit.
Le syndrome du hamster
Les Plus
  • L'ambiance sonore contribue pour beaucoup à l'effroi
  • Les carnets retrouvés donnent davantage de profondeur à l'histoire
Les Moins
  • La boussole en polonais
  • Le démon surpuissant
  • Tourner en rond finit par sérieusement peser au bout de quelques heures de jeu
Résultat

Malgré l'histoire vraie sur laquelle il se repose, l'ambiance de Kholat ne justifie pas réellement tout le mal que le joueur se donne pour appréhender le jeu. La prise en main poussive n'aide pas à prendre possession des lieux, du fait d'un personnage au pas lourd, essoufflé, incapable de grimper un petit rocher. L'univers glacial dans lequel vous évoluez impose une certaine terreur permanente : la peur à la fois de vous retrouvez face à ce démon qui vous ôte la vie du bout du doigt, mais aussi la peur de vous perdre au point de sombrer dans la folie, prenant des bifurcation au hasard dans ce labyrinthe glacé. Cramponnez-vous sérieusement pour apprécier l'expérience.

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