Test | Beyond : Two Souls
16 nov. 2013

Au delà du jeu

Testé par sur
Beyond : Two Souls

Au delà de qualités indéniables, les jeux de la talentueuse équipe de Quantic Dream agacent : films interactifs où le joueur a du mal à trouver sa place, ambiances pompeuses et scénarios alambiqués, sans compter sur un manque d'humilité certain de leur créateur, David Cage. Le dernier né du studio, Beyond : Two Souls, débarque donc avec quelques casseroles aux fesses, heureusement auréolé d'un casting alléchant et d'une histoire intrigante. Résultat ?

L'histoire

La petite Jodie Holmes, fille unique, s'ennuie. Elle applique donc à la lettre le principe ancestral de l'ami imaginaire. A tel point qu'il en devient réel, souvent incontrôlable, voire carrément destructeur. Cette entité mystérieuse répondant au nom d'Aiden ne la lâche pas d'une semelle, elle va grandir avec et apprendre à l'apprivoiser. Bien entendu, des scientifiques ont très vite repéré cette complicité, plaçant l'enfant sous contrôle dès son plus jeune âge. Après tout, il pourrait bien y avoir des fins militaires à tout ça, non ?

Le scénario de Beyond développe cette histoire par l'intermédiaire de nombreux flashbacks dans lesquels il est facile de se perdre. Vous passez donc de la Jodie adulte à la Jodie enfant en un clin d'œil, et vice-et versa. Les meilleurs séquences étant surtout actuelles, lorsque l'héroïne peut répondre aux situations autrement que par des actions basiques, les retours en arrière se révèlent souvent laborieux. Vous abordez donc chaque chapitre avec curiosité : excellent (le jeu réserve des passages assez fantastiques) ou soporifique ? Mis bout à bout, vous obtenez donc une histoire en dents de scie, à l'intérêt très variable mais dont les quelques pépites valent clairement le détour.
Flashback, just an illusion ?

Le principe

Grâce à Aiden, Jodie peut soulager les blessures.

Comme les précédentes productions de Quantic Dream, Beyond : Two Souls est donc un jeu à la troisième personne où la caméra prend souvent ses aises. Rassurez-vous : il s'agit là d'amplifier l'aspect cinématographique. A quelques exceptions près, l'effet est plutôt réussi. Lorsque vous incarnez Aiden, la vue passe en première personne et les déplacements deviennent un peu plus complexes puisque le compagnon éthéré de Jodie peut traverser les murs. Suivant l'époque, le jeu bascule tel un métronome entre séquences d'action (Jodie peut même se battre au corps à corps) et d'exploration. Les habitués de la maison retrouveront les interactions fétiches de Quantic Dream telles que celles qui consistent à mettre la table, se lever du lit ou d'un fauteuil (se rallonger ou se rassoir fonctionne aussi), ou bien encore prendre une douche. Malgré ces artifices, vos mouvements sont bien entendu bridés afin de dérouler au mieux l'intrigue.
Liberté sous contrôle

Pour qui ?

I'm a poor and lonesome cowgirl...

Beyond : Two Souls s'adresse d'abord aux joueurs qui aiment qu'on leur raconte une histoire, tout en ayant l'impression de contrôler au minimum son déroulement. La patte Quantic Dream est omniprésente, surtout au niveau du gameplay. Elle peut parfois paraître frustrante car trop dirigiste, et ce malgré les apparences. Quant à ceux qui attendent de l'action ou même du challenge, ils resteront sur leur faim. Le jeu est très simple, il suffit de se laisser porter par le destin attendrissant de Jodie. Et surtout celui d'Aiden.
Il était une fois...

L'anecdote

Comme souvent dans ce type de production, Beyond : Two Souls propose différentes conclusions histoire de vous faire croire que vous contrôlez le destin de l'héroïne. Les plus aigris y verront un manque de courage artistique, les trois fins permettant de contenter un maximum de sensibilités. Cela dit, le principe reste amusant et je vous invite à comparer ces conclusions par curiosité.
Des fins à la carte
Les Plus
  • Des expressions faciales très réalistes
  • Aiden, le véritable héros de l'histoire
  • Certaines séquences d'anthologie qui ne sont pas forcément celles auxquelles on s'attend
  • Une bande-son impeccable
  • Une psychologie des personnages intéressantes
Les Moins
  • Des actions inutiles
  • Les flashbacks parfois d'un intérêt très moyen
  • Un déroulement de l'histoire maladroit
Résultat

Beyond : Two Souls ne déroge pas à la règle. Ce jeu possède les qualités acclamées et les défauts décriés des productions Quantic Dream. Plus qu'un jeu, même si vous aurez de quoi vous amuser sur plusieurs séquences d'anthologie, c'est d'abord une expérience émotionnelle à laquelle vous invite l'équipe de David Cage. Et c'est là toute sa faiblesse. L'émotion ne passe pas forcément par des acteurs chevronnés, des faciès très réussis et des scènes spectaculaires. Elle est aussi plus subtile. Et c'est dans ces moments précis, qui ne sont pas toujours ceux attendus, que Beyond : Two Souls prend tout son intérêt. Rien que pour ça, l'expérience vaut le détour. Et vous verrez qu'après le générique de fin, le vrai héros de cette aventure n'est pas celui que l'on... voit.

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