Test | Docteur Lautrec oublie le ludisme sur 3DS
07 déc. 2011

Testé par sur
Doctor Lautrec and the Forgotten Knights
  • Éditeur Konami
  • Développeur Konami
  • Sortie initiale 24 nov. 2011
  • Genre Réflexion

Ne nous mentons pas : nous sommes tous un jour tombé sur un jeu que l'on a considéré comme plus ou moins injustement noté par la presse spécialisée. Attention, je ne parle pas de jeux passant forcément du lynchage à l'encensement, mais de ces titres réputés comme mauvais et qui, au final, ne sont pas aussi médiocres que certains le laissent penser. Si j'aborde ce sujet, et à la première personne qui plus est, c'est parce que Docteur Lautrec et Les Chevaliers Oubliés et l'une de ces relatives injustices. Non pas qu'il soit bon, mais le titre de Konami possède tout de même quelques atouts.

Paris, je t'aime

Commençons par le background, mot anglais faisant hurler le rédac' chef mais qu'il convient tout de même d'employer. Car Docteur Lautrec et Les Chevaliers Oubliés place son action dans un cadre atypique, à savoir le Paris de la fin du 19ème siècle. Et quand on sait de quoi sont capables les japonais lorsqu'ils s'attaquent à notre pays (Sakura Taisen 3 par exemple), laissez-moi vous dire qu'il y a matière à être emballé. Ainsi, le jeu vous place dans la peau du Docteur Lautrec, archéologue quelque peu obsédé par les défis et les énigmes. Ne se qualifiant ni d'aventurier ni d'explorateur, notre moustachu n'en reste pas moins un chasseur de trésors hors-pair. Et autant vous dire que le bonhomme est tout excité lorsqu'il découvre que les différentes fleurs de lys présentes sur les bâtiments parisiens cachent peut-être un secret digne de ses connaissances. Si de prime abord la trame scénaristique s'avère assez simple, le jeu jouit de cinématiques animées excellentes, en particulier lorsque la 3D est activée. Dommage qu'il n'en soit pas de même pour les environnements parcourus au sein de l'aventure, en particulier les sous-terrains tous plus minimalistes les uns que les autres.

Catastrophe ludique

Malgré son système de combat basé sur l'utilisation de trésors sur des socles plus ou moins spécifiques, le jeu peine à convaincre.

Une désillusion qui se poursuit à travers le gameplay. Ainsi, à défaut d'être mal "pensé", Docteur Lautrec et Les Chevaliers Oubliés se révèle être terriblement mal réalisé. Le titre de Konami semble payer ses ambitions (sur lesquelles nous reviendront plus tard) en multipliant les phases de jeu bâclées. Commençons donc par parler des énigmes aussi redondantes que simplistes. Difficile de critiquer l'interface de ces dernières, certes, mais l'impression d'être bêtement tenu par la main procure un sentiment de trop grande facilité, voire de soumission. Vous n'êtes pour ainsi dire jamais en face d'obstacles dignes de ce nom, que ce soit en raison du système d'aides restreignant les possibilités d'erreurs ou la structure narrative. A cela s'ajoute les phases dites d'infiltration, mais qui s'apparentent plus à un mini-jeu qui nécessite d'esquiver les gardes parcourant les sous-terrains. Du moins, préférons voir les choses ainsi tant le game design s'avère ahurissant d'idiotie par moment. Faites vous repérer et un garde vous courra après pour vous ramener au début de la zone. Rien d'anormal, sauf que celui-ci court plus vite que Lautrec et que revenir dans la pièce précédente ne vous fera guère gagner de temps. Enfin, les combats permettant de capturer les trésors habités, un peu à l'instar d'un Pokémon, sont d'une simplicité enfantine et ne demande aucune intelligence. Pire, l'interface vous permettant de choisir vos trésors et objets pour affronter votre opposant est indisponible pendant une bonne partie des "donjons". Parfait quand on sait que la victoire repose sur un système d'interdépendance des éléments.

Professeur Lautrec

En plus de visiter la capitale, vous apprendrez bon nombre d'anecdotes.

Et pourtant, malgré tout cela, malgré le fait qu'il s'approche de la catastrophe sur le plan ludique, Docteur Lautrec et Les Chevaliers Oubliés parvient tout de même à être touchant. Car au fond, le jeu donne l'impression d'être bien plus ambitieux que les ténors actuels du genre. Là où un Professeur Layton se contente d'imposer des énigmes réussies sans véritable liant scénaristique (n'importe quel gugusse vous pose une colle à la moindre occasion), Docteur Lautrec et Les Chevaliers Oubliés semble vouloir vous faire participer à une véritable chasse aux trésors. Si les énigmes sont d'une ridicule facilité, elles restent ancrées dans la thématique du jeu et vous ne seriez d'ailleurs pas étonné de participer à une vraie chasse aux trésors avec. De même, le côté pédagogique du titre prodigue de l'intérêt à l'aventure. En jouant à Docteur Lautrec et Les Chevaliers Oubliés, nul doute que petits et grands apprennent des choses, et pas uniquement sur la géographie de Paris. Pas mal d'énigmes sont axées sur des anecdotes historiques et donnent de la consistance au jeu. Une fois la vingtaine d'heures de jeu constituant sa quête principale bouclée, Docteur Lautrec et Les Chevaliers Oubliés vous aura à coup sûr rendu moins bête. Peut-être plus énervé, mais en tous cas moins bête.
Les Plus
  • Un jeu japonais à Paris
  • Des personnages attachants
  • Un côté "pédagogique" sympa
  • De vraies ambitions dans le fond
  • Des cinématiques sympas
  • Quelques musiques vraiment excellentes
Les Moins
  • Une technique en dents de scie, voire moche par moment
  • Un gameplay et un game design souvent honteux
  • Redondant
  • Trop facile mais paradoxalement énervant par moments
Résultat

Sur le plan ludique, Docteur Lautrec et Les Chevaliers Oubliés ne vaut rien ou presque. Si l'on souhaite défendre le titre de Konami, il faut plutôt se tourner vers son cadre parisien, ses personnages attachants et son fond plus cohérent et ambitieux qu'il n'y paraît. A vrai dire, ce jeu à tout d'un coup d'essai fainéant afin de tester une licence et le potentiel de son personnage principal. Autrement dit, Docteur Lautrec reste une licence à surveiller de près malgré les nombreuses carences de cet épisode, trop évidentes pour en conseiller l'achat. Car si l'éditeur japonais venait à faire une suite alliant le fond et la forme, cela pourrait définitivement faire des étincelles.

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