Test | Children of the Sun

17 mai 2024

Vous êtes elle, sans nom, tout le monde vous surnomme « La Fille ». Toute votre enfance s'est déroulée au sein d'une communauté fermée au monde qui vous a enseigné à vivre et à survivre. Malheureusement, cette communauté que vous pensiez protectrice et bienveillante a détruit votre vie en vous arrachant toute votre famille. Il ne vous reste plus rien mise à part le fusil de votre défunt père. Il vous a inculqué la chasse et, grâce à cet héritage, vous allez pouvoir vous venger de ces personnes qui vous ont absolument tout pris !

Entrecoupé de cinématiques façon BD, le titre réussit l'exploit de vous faire appréhender ce qui pousse le personnage à se lancer dans sa quête vengeresse au travers d'images fixes mais percutantes. Le tout accompagné de couleurs chatoyantes qui représentent elles aussi cette façade face à l'abîme d'émotion qui compose la folie meurtrière de la jeune femme. Une façade à la fois psychédélique et oppressante. Le tout accompagné par une bande-son aussi dérangeante qu'immersive.

Cependant, bien que l'histoire se concentre sur cette quête de vengeance désespérée dont la route est jonchée de cadavres, vous incarnez non pas cette dernière mais, étonnamment, l'unique balle qui loge dans son fusil. Vous n'êtes autre que l'outil de sa vengeance dont l'objectif d'éliminer toutes vos cibles d'un seul tir pour finalement atteindre le chef de la secte, à l'origine de votre tourment.

Les cinéphiles verront dans le titre de René Rother un écho au film Wanted, avec Angelina Jolie et James McAvoy. Pour sûr, votre but est d'éliminer toutes les cibles de chaque niveau en déplaçant votre balle sans jamais toucher un élément du décor, susceptible de stopper votre course effrénée. En effet, au-delà de l'aspect shoot, Children of the Sun est également un puzzle game dans lequel il vous faut analyser votre environnement pour trouver la meilleure trajectoire. Pour cela, au début de chaque niveau, vous avez la possibilité de déplacer La Fille autour de la zone et ainsi repérer le maximum de cibles à abattre. Une fois ce repérage réalisé, le doigt sur la gâchette, il est temps pour vous de faire un carnage.

Votre plus grand défi dans Children of the Sun est de mener à bien votre carnage afin de gagner un maximum de points en réalisant le moins de ricochets possible entre vos cibles. Et en visant des points clés des cibles pour maximiser le score. Pour cela, le headshot est évidemment votre plus grand allié.

En effet, à la fin de chaque niveau, vous pouvez admirer un résumé de votre exploit ainsi que découvrir votre position dans un classement, le jeu possédant une légère et anecdotique dimension compétitive.

Autre point important, au fur et à mesure de votre progression dans l'aventure, les niveaux s'étoffent d'éléments de décor (arbres, barrières, bâtiments, etc.) qu'il faut prendre en compte. Ajoutez à cela l'introduction d'autres types d'ennemis qui, eux aussi, apportent leur lot de capacité qui ne vous faciliteront pas toujours la tâche. En effet, très vite de simples mobs seront équipés de boucliers, de résistances physiques ou de pouvoirs psychiques pouvant dévier la course de la balle, rendant le gameplay plus complexe et stratégique qu'il n'y paraît. Une évolution qui change un jeu au départ simple en bien plus exigeant.

Bien évidemment, cette complexité s'accompagne de la possibilité de trouver sur vos terrains de chasse des éléments vous permettant de rattraper des tirs mal réalisés, évitant ainsi de devoir recommencer le niveau où vous avez échoué. Fort heureusement, le marquage des ennemis, élément primordial dans le gameplay pour se repérer dans des niveaux aux architectures sombres et parfois brouillonnes (venant ainsi remettre en cause des graphismes datés pour les standards actuels), est conservé, facilitant ainsi toutes ces nouvelles tentatives. Des tentatives qui viennent bel et bien confirmer cette complexité et cette rigueur qui participent à l'essence même de la proposition du titre de René Rother.

Vis-à-vis de cette exigence grandissante, le titre vous permet de ne pas partir les mains vides. En effet, même s'il ne présente pas d'arbres de compétences ou d'améliorations quelconques, il vous offre ponctuellement, au cours de votre aventure, des pouvoirs uniques qui influent sur votre approche du terrain. Afin de les prendre en main et ainsi les maîtriser, des tutoriels apparaissent pour vous les enseigner au début de missions précises. Les ennemis s'équipent d'armures ? Vous apprenez à faire accélérer votre balle en restant appuyer sur la touche de tir pour accumuler plus de vitesse pour traverser ces dites armures. Le terrain ne vous permet pas de cibler une troisième victime à cause d'un obstacle ? Un autre pouvoir débloque la capacité d'accumuler les headshots pour rediriger votre tir, jusqu'à un demi-tour complet. Une très bonne mécanique de gameplay qui peut se cumuler jusqu'à 4 fois.

Malgré ces nouveaux pouvoirs, ne vous attendez pas non plus à voir apparaître un côté RPG ou tout autre aspect qu'on peut retrouver, de nos jours, dans des titres dits grand public (amélioration du fusil, de la balle, etc.) puisque à part les ajouts propres à votre progression dans l'histoire, le jeu ne s'embarrasse pas de tout cela, il n'est pas pensé pour cela, au contraire : le jeu est conçu pour être intense de par son ambiance, son histoire et son gameplay. Ni plus ni moins. Il ne vous pousse à rien d'autre qu'à jouer, vous renvoyant à l'essence même du jeu vidéo.

Dans le cas où vous seriez juste curieux de découvrir un titre atypique réalisé par une seule personne talentueuse, Children of the Sun est fait pour vous. Le jeu ne vous fermera pas ses portes à peine l'aventure commencée puisque la difficulté, montant crescendo, ne vous frustrera pas dans les nombreuses tentatives qu'il vous faudra réaliser. Au contraire, il y a une véritable satisfaction lorsque vous trouvez le bon chemin pour éliminer toutes les cibles d'un niveau. Bien que certains d'entre eux montrent tout de même une certaine complexité dans le level design.

Cependant, Children of the Sun est avant tout pensé pour les joueurs exigeants à la recherche d'un défi. Si vous êtes amateur du genre die and retry, tels qu'Elden Ring ou Lord of the Fallen entre autres, le titre de René Rother pourrait fortement vous intéresser. Mais le jeu a également le potentiel énorme pour se retrouver un jour sur la scène speedrun par son aspect puzzle game et son objectif à réaliser les chemins les plus courts en un temps record (oui vous gagnez même des points si vous finissez les niveaux rapidement). Cela même s'il ne vous demandera que peu de temps pour arriver au bout de l'aventure : comptez ainsi entre 5 et 9 heures de jeu au maximum. Une durée de vie plutôt convenable pour une expérience totale.

Je ne vais pas vous le cacher, le jeu m'a beaucoup fait rager, notamment sur un niveau en particulier ! Seuls ceux ayant testé le titre comprendront la galère que représente le niveau de l'autoroute. 12 cibles à éliminer, mais souci : elles sont toutes en voiture, votre personnage l'est également et tout ce beau monde roule de droite à gauche. Quel enfer pour trouver la bonne stratégie !

Heureusement pour moi, ne sachant pas s'il s'agit d'un bug ou si le jeu avait prévu de faire passer les joueurs au niveau suivant si ce dernier posait problème, j'ai pu avancer dans l'histoire en sautant ce chapitre. Hallelujah !