Test | Terra Nil

24 avr. 2023

Si l'appellation "wholesome game" ne vous dit rien, sachez qu'elle n'est pas figée dans le marbre. Elle englobe ces jeux dont l'idée est de transmettre une expérience plus positive et bienveillante. Parmi eux on pourrait notamment citer Unpacking, GRIS ou encore Stardew Valley. Terra Nil s'intègre dans ce cadre par ce qu'il transmet et par son atmosphère.

Le titre vous propulse dans un futur plus ou moins lointain, à un stade où l'humanité a atteint de telles extrémités que l'unique solution est de mettre la technologie au service de la nature. Votre objectif : ramener à la vie des biomes devenus arides grâce à diverses actions de terraformation.

Si Terra Nil brille, c'est notamment par sa direction artistique aux antipodes de tout enjeu grandiloquent. Le minimalisme lié à sa portée écologique laisse peu de place à l'humanité pour permettre à la nature de prendre le dessus. On remarque par exemple l'absence totale de représentations humaines, dont seules les machines laissent supposer cette présence. Vos pérégrinations se voient envoûtées par une ambiance qui s'abandonne aux bruissements de la nature et aux douces touches organiques de piano. Bien que parsemée de vos engins, la carte finit quoi qu'il arrive son cheminement par être épurée de toute cette présence. On note d'ailleurs ces instants de contemplation que le jeu vous offre une fois le paysage ramené en l'état.

Au commencement, une zone géographique complètement aride se trouve être le territoire de vos expérimentations pour ramener sa biodiversité antédiluvienne. Une ressource unique vous permet de bâtir vos structures, et aucune contrainte de temps ne risque de faire baisser celle-ci contre votre gré. Pour ce faire, chaque partie se découpe en trois étapes. La première consiste à dépolluer et ramener une base de nature dans la zone. La seconde à y développer un certain nombre de biomes. Enfin, il est temps d'attirer des animaux là où les conditions s'y prêtent avant de retirer toute trace de vos actions.

Le rythme imposé par le jeu se veut permissif, que ce soit pour réfléchir à l'angle par lequel résoudre une situation ou pour se permettre d'admirer votre avancée. Chaque bâtiment vous permet de résoudre une problématique. Ainsi, des éoliennes amènent de l'électricité dont certaines structures ont besoin pour dépolluer une zone, y planter diverses plantes ou équilibrer le climat. Le tout forme un cercle vertueux dans lequel certaines conditions vont réciproquement s'alimenter.

Pour parfaire cette idée écologique et contemplative, Terra Nil propose des mécaniques de jeu assez simples à première approche mais qui savent révéler leur complexité au fil des mondes. C'est donc une dynamique de puzzles où il faut trouver le juste combo tout en respectant son quota de ressources pour ne pas se retrouver en bout de course. Le titre vous incite ainsi par moments à recommencer votre étape lorsque votre situation s'avère trop complexe. Comprenez l'environnement afin de mieux anticiper ses problématiques.

Une fois le chemin accompli, il ne reste plus qu'à recycler et à faire disparaître toute présence humaine avant de laisser la nature faire son chemin. Le tout forme un morceau amplement bien ficelé, son lot d'obstacles laissant de la place au calme et à la bienveillance.

Terra Nil réussit brillamment à correspondre à un public assez large. La seule condition est de se laisser prendre à une session d'un esprit relaxant. Une trentaine de minutes permettent de venir à bout d'un des quatre mondes proposés pour une expérience parfaitement calibrée au jeu sur tablette, qui s'avère encore meilleure que sur PC. Bien qu'assez court, le concept atmosphérique et "puzzle" du Terra Nil permet une certaine rejouabilité. À noter de plus que les cartes – générées procéduralement – proposent un New Game+ une fois l'aventure de quelques heures terminée. Une expérience à tenter dont la fin de parcours vous laisse le cœur empli d'une certaine mélancolie.

J'ai pu profiter de l'expérience Terra Nil sur les deux supports proposés : PC et tablette. Bien que l'ayant terminé sur PC pour les besoins de cet article, j'ai trouvé comme indiqué plus haut l'expérience bien plus prenante sur tablette au fond de mon canapé. L'incitation à se laisser porter par cette ambiance dans des sessions apaisantes correspond à un jeu plus occasionnel. Prendre son temps est une bonne manière de profiter du titre.