Test | The Legend of Zelda : Skyward Sword HD
13 août 2021

Un peu plus près des étoiles

Testé par sur
The Legend of Zelda : Skyward Sword HD
  • Éditeur Nintendo
  • Développeur Nintendo
  • Sortie initiale 16 juil. 2021
  • Genres Action, Aventure, Rôle

Sorti en fin de vie de la Wii et manquant ainsi une large partie de son potentiel public, The Legend of Zelda : Skyward Sword HD vise une nouvelle jeunesse sur Switch. Y décèlerez-vous le terreau fertile d'un Breath of the Wild qui lui succédera quelques années plus tard ? Comment ce titre, très orienté sur la gestion des mouvements, s'en sort-il aujourd'hui ? Pour le découvrir, vissez-moi ce bonnet vert sur la tête et plongeons ensemble dans ce gros cumulonimbus qui nous tend les bras.

L'histoire

Point d'Hyrule ici, mais un petit village complètement perché, Célesbourg, qui flotte au-dessus des nuages sur son lopin de terre, entouré d'une myriade de petites îles flottantes dénuées de crème anglaise mais accessibles à vol d'oiseau : les célestriers. Tandis que Link passe haut la main son diplôme de vol, une prophétie impliquant la princesse Zelda se réalise sous les yeux ébahis des villageois, précipitant la jeune fille dans une tornade, comme aspirée par le sol. Comment la sauver ? Et qu'est-ce que "le sol" ? Sous l'épaisse couche de nuages, infranchissable pour le commun des mortels, se trouve pourtant votre terrain d'aventure. Link, tel un Neil Armstrong troquant sa combinaison pour une tenue de lutin, sera le premier de son peuple à le fouler. À travers trois grandes zones dans lesquelles vous reviendrez plusieurs fois sans jamais marcher au même endroit, vous récolterez des indices et artefacts destinés à rassembler vos forces et décupler vos pouvoirs, afin d'être en mesure de rétablir la paix et l'équilibre dans ce monde tourmenté. Tandis qu'un vilain joker ventile des boss au gré de votre avancée, provoquant quelques épiques combats, d'autres personnages plus amicaux vous aident à améliorer votre épée légendaire : oui, vous assistez bien à sa création, Skyward Sword prenant place très en amont dans la saga des Zelda.

La trame de fond n'est pas sans rappeler, de loin, le film Le Château dans le ciel, de Hayao Miyazaki sorti en 1986. Un peuple maîtrisant les machines et construisant des robots a par le passé prospéré sur ces terres, tandis que le temps a effacé une grande partie de ses traces. Grâce à des cristaux temporels figés dans le sol ou certains même transportables que vous activez au gré de votre cheminement, des zones entières basculent ainsi du temps présent, poussiéreux et effacé, au temps passé, verdoyant et prospère. Au-delà du résultat visuel impressionnant, cette mécanique apporte une dynamique particulièrement riche dans le système de jeu, vous faisant alterner deux époques au sein d'une même zone pour résoudre quelques énigmes et progresser dans les donjons.
Sky is the limit

Le principe

Coup de lame horizontal pour le squelette du Général Grievous.

Faut-il rappeler la mécanique qui fait l'essence de la série des Zelda ? Vous incarnez un jeune garçon, Link, lié à la princesse Zelda par quelques légendes resurgissant du passé et bouleversant votre paisible quotidien. La construction de Link, traversant les épreuves pour passer du statut d'ado naïf à héros national, suit la mécanique de tout mythe, largement décrite dans le passionnant Le Héros aux mille et un visages de Joseph Campbell. Des personnages vous guident vers vos destinations et contribuent à améliorer votre équipement ; des ennemis se dressent sur votre passage, mettant au défi vos capacités acquises ; des énigmes et quêtes vous font progresser dans votre aventure... Dans Skyward Sword, de manière très classique mais savamment orchestrée, vous évoluez dans trois zones principales en y revenant armé de nouveaux objets glanés au fil des donjons : un grappin pour accéder à des espaces jusque-là inatteignables, la capacité de nager pour plonger dans des lacs enchantés, un soufflet pour dégager ces monticules de sable cachant trésors et ennemis, un fouet pour vous agripper à des branches... Et tout cela, sans jamais avoir l'impression de refaire deux fois le même passage. Les zones sont suffisamment vastes pour autoriser une découverte permanente mais guidée : nous ne sommes pas encore dans un monde totalement ouvert. Mais clairement, cela semblait démanger la Zelda Team lors de la conception du jeu.

Au contraire de Breath of the Wild totalement ouvert, donc, Skyward Sword reste linéaire dans sa quête principale mais sans jamais vous décevoir. Revenir dans une zone explorée avec un nouvel objet vous ouvre en réalité des portes et espaces toujours plus vastes, et des plus réussis, dévoilant des trésors d'ingénierie dans les donjons laissant largement présager l'importance de la physique chez son successeur. Ajoutez à cela l'excellente idée des cristaux temporels : tapez dessus et la pièce qui l'entoure révèle deux visages pour un même endroit, avec des ennemis et une ambiance très différents, faisant sans cesse appel à vos capacités précédemment acquises. Skyward Sword peut sembler simpliste de prime abord – capacités limitées, quête très guidée – mais pour mieux se révéler d'une richesse exemplaire et surprenante au fil d'une progression exponentielle.
La rampe de lancement 4 étoiles de Breath of the Wild

Le portage Switch

The Legend of Zelda : The Lost Ark

Skyward Sword était accompagné sur Wii d'un accessoire dédié à une meilleure sensibilité des mouvements de la Wiimote. Le titre s'appuyait en effet sur un principe longtemps fantasmé : diriger au millimètre près l'épée de Link. La version Switch a conservé ce mode de fonctionnement tout en proposant une version plus classique via les boutons. Vous avez donc le choix, même si aucun des deux ne s'avère plus judicieux. En réalité, le contrôle par mouvement est certes plus précis, mais ne permet pas de jeu en mode portable à moins de poser l'écran sur vos genoux ou une table. Le bras de Link suit alors votre main droite, lui donnant parfois l'air d'une marionnette pas très naturelle mais donnant une meilleure impression de contrôle. De nombreuses interactions nécessitent de réaliser des mouvements dans un sens précis, tout comme les ennemis qui savent à présent parer vos coups en observant vos mouvements. Une ouverture se place dans leur cou à gauche ? Seule une attaque en diagonale leur sera fatale. En mode classique, ces mouvements se produisent par des coups de pouce sur le stick droit, sans chercher à créer des mouvements complets. C'est un coup à prendre, mais cela suffit à réaliser grossièrement la plupart des mouvements voulus. Dans les deux cas, un apprentissage et quelques ratés seront nécessaires pour ajuster votre confort et choisir le mode qui vous conviendra le mieux.

Une fois cela maîtrisé, vous voilà plongé en plein dans tout ce que l'univers de Zelda propose de meilleur. Les objets de votre inventaire seront utiles à bien des égards avec une mention spéciale pour le soufflet qui donne à Link un air de Mario dans Super Mario Sunshine avec son jet d'eau. L'arc en vue subjective est quant à lui certes un classique, mais vous trouvez plaisir à ajuster votre tir en visant avec votre Switch, même en mode portable. Les différentes zones de jeu s'appuient sur les compétences progressivement acquises et offrent même des expériences inédites. La zone du désert de sable est une fantastique aire de jeu, entre la navigation qui rappelle avec émotion The Legend of Zelda : The Wind Waker, ou encore la séquence (trop courte !) du train de la mine façon Disneyland.
Au doigt et à l'œil

Pour qui ?

Un petit coup de fouet sur les fesses, étourdissant.

Si vous avez très certainement terminé Breath of the Wild en tant que tout joueur Switch qui se respecte, vous apprécierez très largement Skyward Sword tel un avant-goût de son magistral successeur. Vous y retrouvez les prémices des éléments à succès : la gestion de l'endurance, l'utilisation de la physique de certains objets pour résoudre des énigmes et donjons, en effleurant leur possible combinaison par moments... Mais aussi quelques frustrations inhérentes au bagage historique de la saga : les quêtes annexes peu nombreuses et déclenchées à certains points d'avancée de la quête principale, la centralisation des évolutions de l'équipement dans la bourgade d'origine, la précipitation des capacités et objets dans le dernier tiers du jeu. Et surtout les deux ressors principaux de l'aventure deviennent presque anecdotiques : le monde aérien ne sert qu'à étaler les distances de manière artificielle, tandis que les chants appris au fil du jeu ne sont jamais employés autrement que dans des cinématiques (légèrement dérangeantes du fait d'une animation moyenne de Fey), là où Ocarina Of Time offrait un rôle central aux mélodies dans la résolution des énigmes.

Si vous avez loupé Skyward Sword lors de sa sortie tardive sur Wii et que (en toute logique) la Wii U n'a pas atterri dans votre salon, voici l'occasion rêvée de rattraper ce manquement et les quatre ans de conception du titre. Et c'est également le moyen de patienter en bonne compagnie avant Breath of the Wild 2 ! Quant aux joueurs un peu frileux à l'idée de galérer dans des donjons, sachez qu'une aide contextuelle vous est apportée par votre compagnon de voyage, Fey, qui vous glisse recommandations et indices si vous la sollicitez. Idéal quand après une période de déambulation vous avez légèrement oublié votre prochain objectif ou lorsque vous vous retrouvez coincé devant un mécanisme récalcitrant.
Tous les meilleurs ingrédients dans l'ultime aventure classique

L'anecdote

Une séquence prometteuse mais diablement trop courte !

N'ayant jamais joué au titre ni m'y étant intéressé lors de sa sortie (la Wii était déjà rangée dans un carton à vrai dire), c'est sans a priori que j'ai posé les yeux sur Skyward Sword HD, qui offre une maturité insoupçonnée sous ses airs juvéniles proches d'un Wind Waker. Le démarrage façon Harry Potter à l'école des sorciers, riche en dialogues et en intrigues estudiantines, m'a fait me demander si je n'étais pas tombé sur une version elfique de Life is Strange. Avant d'être peu à peu ébloui par la richesse insoupçonnée de ce Zelda, m'étonnant à chaque nouveauté de l'intelligence portée dans le game design et la construction de l'aventure. Pour vous aider à apprivoiser votre arsenal, des indices visuels sont systématiquement présents, ne vous laissant jamais en désarroi. Par exemple, alors que vous vous promenez dans un volcan, un petit tas de sable n'attend qu'un coup de soufflette pour disparaître. Et, oh ! le morceau de lave à proximité sèche aussi sous l'effet de votre ventilo portatif. Voilà comment vous apprenez à marcher sur la lave, presque par hasard mais, vous l'aurez compris, pas tout à fait.

Cet exemple témoigne d'une recherche de cohérence et d'apprentissage induit tout au long du jeu. Très vite, j'ai ainsi pu me concentrer sur ce qui est évident. Un coffre ou une porte ne peuvent être atteints ? Ne soyez pas impatient, vous y reviendrez mieux équipé. Cette ingéniosité se traduit dans de nombreux mécanismes et énigmes, mais également dans la multitude d'outils que vous pouvez employer. Ce qui m'amène à regretter leur trop grand nombre, car j'aurais aimé les utiliser et les combiner bien davantage. Malgré une aventure au global généreuse, j'en ressors avec ce petit goût de trop peu. Trop peu de grappin, pourtant très malin ; trop peu de mécanismes liés au scarabée volant, pourtant riche en usages ; trop peu de mer de sable ou de train de la mine, qui auraient pu constituer un jeu à part entière...
L'appétit vient en jouant
Les Plus
  • Une aventure magistrale et des donjons aux petits oignons
  • Les objets savamment utilisés et parfois combinés
  • Seulement trois zones de jeu mais d'une richesse insoupçonnée
  • Le système des cristaux du temps
  • Une mécanique d'apprentissage exemplaire, même pour les plus jeunes
Les Moins
  • De très bonnes idées sous-exploitées (mer de sable, train de la mine...)
  • Les combats contre le vilain Ghirahim, un peu rébarbatifs
  • La gestion de la caméra en mode classique, pas des plus confortables
Résultat

The Legend of Zelda : Skyward Sword HD vous offre le meilleur des Zelda avant la révolution Breath of the Wild, s'appuyant sur les mécaniques qui ont fait le succès de la saga. Une aventure riche, qui puise aux racines de la saga et propose une expérience qu'il serait dommage de manquer. La jouabilité originelle permettant de manier votre lame à la seule force de votre poignet est complétée par une prise en main plus classique, qui nécessite un peu d'adaptation mais se révèle acceptable à l'usage. En voulant explorer de nombreuses directions, Skyward Sword semble vouloir trop en faire, sans jamais pousser au maximum ses excellentes idées. Une petite frustration est à prévoir, mais avec à l'esprit que tout ceci servira à construire et affiner Breath of the Wild par la suite.

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