Test | Le Donjon de Naheulbeuk : L'Amulette du Désordre
13 juil. 2021

La déclinaison logique

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The Dungeon of Naheulbeuk : The Amulet of Chaos

Fort de son long succès, installé sur plusieurs supports, que ce soit audio, roman, BD ou encore musical, le Donjon de Naheulbeuk débarque en septembre dernier en jeu vidéo sur PC et cette année sur les consoles grâce à Artefacts Studio. Le Donjon de Naheulbeuk : L'Amulette du Désordre n'est pas une énième édition des aventures de la Compagnie des Fiers de Haches, mais un nouvel arc inédit à ce média lié à la saison 1. Prenez votre paquet de Chiantos pour découvrir comment vous allez semer le désordre.

L'histoire

Vous balancer bêtement l'histoire du Donjon de Naheulbeuk : L'Amulette du Désordre ne sert à rien si vous n'êtes pas intronisé à l'univers du Donjon de Naheulbeuk. En 2001, les adolescents et jeunes adultes pouvaient découvrir par un site obscur (Pen of Chaos) la première Web saga française au format MP3 narrant les aventures humoristiques d'un nouveau groupe d'aventuriers fraîchement formé. Musiques, voix déformées et montage réalisé par John Lang (Pen of Chaos ou PoC pour les intimes), vous découvriez ainsi les pérégrinations d'un groupe d'aventuriers pas très dégourdis dans un donjon moisi, le fameux donjon de Naheulbeuk. Et loin de la rigueur d'un jeu de rôle papier, tout en en reprenant les codes, vous découvriez ici une aventure dans ce qu'elle pouvait avoir de pire, ce qui la rendait extrêmement drôle, avec cet humour potache si particulier.

Tagazok mes frères ! Vous voici donc devant la porte d'entrée du fameux Donjon de Naheulbeuk, celui dont personne n'est jamais ressorti, principalement parce que personne n'y est jamais rentré. Le Ranger a recruté une équipe d'aventuriers composée d'un voleur, d'un affreux nain, d'un barbare, d'une elfe, d'une magicienne et d'un ogre pour récupérer la 12e statuette de Gladeulfeurah pour le compte de Gontran Théogal. Pourtant, il est écrit dans les tablettes de Skélos, que seul un Gnome des Forêts du Nord unijambiste dansant à la pleine lune au milieu des douze statuettes enroulées dans du jambon ouvrira la porte de Zaral Bak et permettra l'accomplissement de la prophétie. Mais la prophétie, vos aventuriers s'en moquent, eux ils veulent de l'or, de la baston et leur niveau deux. Enfin, jusqu'à ce que le nain mette la main sur un étrange trésor : l'Amulette du Désordre. Et voilà la compagnie embarquée à la poursuite du grossier personnage et de l'amulette maudite dans neuf chapitres soit vingt à vingt-cinq heures. Petit bonus de la version console qui intègre le premier DLC : Les ruines de Limis et la possibilité de passer au niveau 11.
Vingt ans déjà que cela PoC

Le principe

Chaque personnage dispose de son arbre de compétences et de statistiques propres

Pour rendre hommage à l'univers de Naheulbeuk, Artefacts Studio s'est vite penché vers le tactical RPG au tour par tour avec deux points d'action par personnage et une gestion de l'endurance. Et c'est un excellent choix puisque cela vous permet de profiter de la narration, des échanges verbaux et plus globalement des règles établies dans l'audio. Chaque zone de combat se décompose en un damier où vous allez placer vos personnages puis les déplacer. Mise à couvert, gestion des pièges et placement de vos unités sont alors essentiels pour vous assurer de la victoire, avec une grande importance pour l'orientation qui génère des dégâts spécifiques (de dos ou de flanc par exemple). Si le barbare appelle vite à la baston, l'elfe ou la magicienne vous inciteront à beaucoup plus de précautions dû à leur faible constitution et leur capacité à soigner les autres. D'autant que le jeu n'est pas réellement facile, notamment avec une IA ennemie assez efficace qui n'hésite pas à vous contourner pour placer des coups dans le dos. Chaque personnage est suffisamment spécifique pour devoir le placer différemment entre les dégâts, le tank, le healer, le soutien, etc. Tout a été bien pensé et l'univers de PoC intégré de la meilleur façon.

Que serait le Donjon de Naheulbeuk sans ses échecs critiques (certains me diront des petits tas de cendres). Cette notion a été intégrée dans le jeu et c'est assez déroutant au début. Voir votre barbare se planter l'épée dans le pieds ou la magicienne rendre des points de vie aux ennemis est assez frustrant, voire déroutant. Et puis il y a les dégâts collatéraux, ou la flèche de l'elfe dans le dos, qui font tourner les combats en votre défaveur alors que tout était bien parti. Mais le jeu propose une mécanique via une barre de déesse Randomia qui se remplit progressivement et vous permet par exemple de téléporter un personnage ou de soigner l'intégralité du groupe de 30 PV. Cette mécanique est frustrante au début pour le joueur mais colle parfaitement à l'aventure audio.

Le Donjon de Naheulbeuk : L'Amulette du Désordre se dote aussi d'un système de progression et d'équipement pour chaque personnage. Chaque montée de niveau inclut l'amélioration des statistiques de base telles que la force ou l'intelligence de vos héros ainsi que l'acquisition d'une compétence active et une passive. Vous retrouvez beaucoup de choses classiques mises à la sauce Naheulbeuk, et des références à la série telles que la gifle de Namzar ou le tourbillon de Wazaa. Vous lootez aussi de l'équipement dont vous pouvez équiper chaque personnage. Là aussi le fan service est assuré avec la robe de l'archimage Tholsadûm qui protège du feu, le casque Lebohaum pour le nain entre autres choses. Progressivement l'équipement gagne en qualité et en rareté. C'est classique et efficace.
Profiter de la narration et jouer en même temps

Pour qui ?

Le fan service est présent et souvent placé astucieusement.

Cela paraît une évidence, mais Le Donjon de Naheulbeuk : L'Amulette du Désordre se destine principalement à ceux qui ont baigné dans la bière frelatée et les cendres chaudes du voleur du Donjon de Naheulbeuk. S'il n'est pas nécessaire de connaître la série audio ou la BD, l'humour potache si particulier représentera un frein d'entrée. Pourtant, la partie tactique des affrontements est réussie et les habitués de ce type de jeu pourraient s'y amuser volontiers.
Misère et humour pourri, nous voilà bien mal parti

L'anecdote

Les combats peuvent vite tourner à votre désavantage si vous placez mal vos personnages.

J'ai commencé il y a très longtemps à rire aux aventures des Fiers de Haches. D'abord en audio, parce que j'ai longtemps écouté en boucle la première saison, puis en BD, avec les excellentes illustrations de Marion Poinsot. J'ai poursuivi avec les romans tout en continuant les deux premiers supports au fil des sorties. Ce qui fait du Donjon de Naheulbeuk ma plus grosse collection tous supports confondus, même si je regrette de ne pas avoir les figurines. Alors quand j'ai lancé l'aventure, c'est d'abord réticent que j'ai entendu les voix du Ranger, du Voleur, de l'Elfette et de la Magicienne car différentes de l'aventure audio. Pour les deux premiers, le travail de Jacques Chambon (Merlin dans Kaamelott) m'a vite convaincu et j'ai oublié le travail de PoC rapidement. Les deux autres voix ont mis plus de temps, pourtant, j'ai retrouvé le côté agaçant de la voix de l'Elfette et le timbre si particulier de la Magicienne.

Enfin, petit bonus dans le jeu, parmi les cent quarante et quelques voix du jeu, Frank Pitiot (Perceval dans Kaamelott) signe la voix du tavernier (plus quelques autres). Vous avez aussi le plaisir de découvrir Benzaie et Bob Lennon dans le rôle de doubleur. Le casting est vraiment pas mal du tout pour un petit jeu.
J'entends des voix familières
Les Plus
  • Parfaitement intégré dans l'univers du Donjon de Naheulbeuk, apportant en plus un peu de nouveauté
  • L'humour potache fait mouche
  • Les doublages VF de très bonne facture (avec quelques beaux noms en prime)
  • Les échanges verbaux entre les protagonistes
  • Un tactical RPG maîtrisé avec une bonne difficulté
  • Des personnages vraiment différents dans leurs statistiques et leurs compétences
Les Moins
  • Quelques bugs liés aux sons et à la musique
  • Les pourcentages de réussite parfois difficiles à comprendre
  • Le DLC qui n'ajoute qu'un seul niveau
Résultat

Alors que son statut de jeu indé pouvait faire craindre le pire pour la licence du Donjon de Naheulbeuk, Artefacts Studio vous prouve qu'il est possible de respecter le matériau de base, proposer son point de vue sur le tactical RPG et garder un budget limité. L'insertion du Donjon de Naheulbeuk sur ce nouveau média pour la série est une réussite qu'il faut cependant nuancer, déjà par le fait que le jeu reste très orienté pour les fans. Et si les idées sont bien exécutées avec son orientation RPG réussie et des combats tactiques d'une bonne difficulté, la technique pêche quelques fois proposant des ralentissements et des décalages sonores pas très agréables.

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Tribune libre