Test | Empire of Sin
16 janv. 2021

Le massacre de la Saint-Valentin

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Empire of Sin

La prohibition, douce et belle période où le whisky pouvait être considéré comme médicinal, où les plus grands gangsters ont pu fomenter des business illégaux dans les plus grandes villes des États-Unis. Chicago a d'ailleurs eu son heure de gloire dans le grand banditisme avec l'émergence d'Al Capone ou de "Le Branque", un Irlandais. Et c'est cette époque qu'Empire of Sin met en avant dans un jeu qui sent bon la pègre et l'alcool frelaté.

Le principe

Empire of Sin est un mélange de jeu de gestion d'un empire du crime et d'un jeu de combat tactique. Pour commencer une partie, vous choisissez votre gangster dans une liste de taille tout à fait honorable. Les protagonistes ont des personnalités et des attributs différents et chacun apportera une touche de renouvellement au moment de négocier ou de discuter, donnant un côté narratif au titre qui est intéressant. Une fois en jeu, vous gérez votre empire en priorisant certaines activités, vous faites évoluer vos bâtiments tels que les brasseries, les bars, les hôtels, les casinos ou les maisons closes. Ambiance, sécurité ou qualité de l'alcool influeront sur la rentabilité de vos biens tout comme sur votre réputation. Et c'est cette réputation qui va occuper la plus grande partie de la gestion. De nombreux gangs sont en ville et il va falloir négocier ardûment pour que votre empire puisse prospérer tranquillement. Vous pouvez aussi recruter de nouveaux membres moyennant finance. Ceux-ci sont régis par un ensemble de liens amicaux, amoureux ou ennemis qui pimentent les rencontres armées, laissant la possibilité à l'un de vos gangsters de quitter vos rangs en cas de mort de sa bien-aimée par exemple. Et quand les paroles ne suffisent plus pour négocier, un bon vieux règlement de compte fait l'affaire.

Les combats se font au tour par tour dans une version tactique des affrontements. Chacun de vos gangsters dispose de points d'action à dépenser durant votre tour, en gérant l'action mais aussi la mise à couvert ou les différentes zones d'actions pour le tour suivant. Recharger une arme vous coûtant un tour, il faudra alors parfois se salir les mains et finir une action au corps-à-corps. Les divers décors proposés vous offrent des cheminements et des couverts différents. Cependant, les lieux visités se ressemblent vite et les protections sont parfois sans effets. Vos gangsters peuvent être équipés d'armes ou d'équipements lootés ou achetés au marché noir, mais ils peuvent aussi progresser via un arbre de compétences très cours mais offrant de vraies options de personnalisation pour vos soldats.

Lorsque que les négociations ont échoué ou que vous souhaitez simplement liquider un adversaire de la façon la plus brutale, des groupes de malfrats ennemis viennent alors piétiner votre territoire. S'ils attaquent un bâtiment, vous êtes alors immédiatement envoyé sur le champ de bataille pour régler le problème. Déjà, un combat automatique n'aurait pas fait de mal, mais l'accumulation des défauts fait en plus ressortir les problèmes. Prendre des dégâts alors que votre allié est à couvert caché derrière un mur, c'est rageant. Lancer une capacité et la voir interrompue par un mouvement ennemi non naturel, c'est régulier. Mais perdre un combat par un tir de balle magique à l'autre bout de la pièce c'est franchement lourd. Et des problèmes comme cela, il y en a plein.
De la gestion euphorisante aux combats soporifiques

Pour qui ?

Chaque protagoniste dispose de sa petite histoire et d'atouts différents.

Empire of Sin est pour les amoureux de la prohibition et de Chicago. Les trois éléments qui composent le jeu ne font malheureusement pas la part belle à l'histoire, préférant vous servir des combats à foison plutôt que de la gestion ou de la narration. Et si la partie narrative est globalement de qualité, l'enchaînement des affrontements pour défendre votre territoire limera progressivement les barreaux du plaisir au point de reprendre bien vite votre liberté (ou alors de choisir un autre support).
Des affrontements qui vous liquideront

L'anecdote

Les combats sont rapidement le réel nerf de la guerre.

Empire of Sin dispose d'un système d'offensive en pleine rue pour créer des règlements de compte à même le pavé. Si, sur le papier, tout semble logique, dans la pratique c'est vite l'anarchie et l'ennui le plus complet. En effet, une rixe peut vite devenir d'un ennui mortel quand la zone de combat intègre des policiers à l'autre bout de la rue et vos hommes de main... qui gardent vos bâtiments dans la rue adjacente. Il faut alors souvent attendre que ceux-ci se rapprochent de la zone de combat pour pouvoir enfin y participer (et j'ai compté parfois plus de huit tours pour rapprocher un homme de main). Pire, les policiers se mettent à couvert à des kilomètres de l'action et vous snipent littéralement au révolver, mettant à mal le taux de réussite. Autant de raisons de rager quand ces combats s'enclenchent en plus sans raison apparente pour des broutilles liées au timing d'une conversation qui n'a pas encore eu lieu.
Un jeu qui voit parfois trop grand
Les Plus
  • De nombreux personnages disponibles
  • Les négociations et les dialogues entre chefs de gangs
Les Moins
  • Problème de gestion des dégâts et des angles de tir avec la mise à couvert
  • Malheureusement très redondant
  • L'accumulation de combats improbables après une déclaration de guerre entre gangs
  • Système de gangsters intéressant mais très limité voir répétitif avec les parties
Résultat

Il ne faudra que quelques heures à Empire of Sin pour révéler ses maux sur Switch. Technique bancale, bugs de collision et ralentissements ne sont même pas le plus gros des problèmes ici, ce sont les affrontements au tour par tour. Accessible dans un premier temps, ils deviennent absolument indigestes après deux ou trois heures de jeu par leur quantité, mais aussi leur répétitivité improbable et leur manque d'intérêt stratégique. Mise à couvert calamiteuse ou dénuée d'intérêt et IA qui va se suicider bêtement sont autant de soucis quand les combats de défense s'enchaînent par douzaines sans possibilité de faire autre chose. Et si la gestion et les relations entre gangs restent intéressantes, cette version Switch est malheureusement décevante. Si vous la croisez, changez de trottoir !

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