Test | Friday the 13th : The Game
28 sept. 2019

Douce nuit à Crystal Lake

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Friday the 13th : The Game

Friday the 13th : The Game vous plonge dans l'ambiance de la saga de Vendredi 13, l'une des franchises de slasher les plus célèbres et les plus rentables au monde. Malgré douze films, de nombreux romans et romans graphiques, une série télévisée et une tentative de portage sur console dans les années 80, aucun jeu vidéo n'avait encore réussi à s'approcher de l'essence de la saga. Et si Friday the 13th : The Game fait une tentative admirable, le jeu où l'on pourra ressentir aussi bien la peur viscérale des moniteurs de camps de vacances que la soif de sang insatiable de Jason Voorhees n'est pas encore arrivé.

L'histoire

Le vendredi 13 juin 1957, un jeune garçon nommé Jason Voorhees meurt noyé au camp de Crystal Lake, les moniteurs sensés le surveiller étant en train de se titiller le joystick au moment du drame. L'année suivante, les deux mêmes moniteurs sont sauvagement assassinés. À la suite de ces événements, le camp reste abandonné jusqu'en 1979, où il rouvre un vendredi 13, date anniversaire des décès survenus deux décennies plus tôt. Lors de la préparation du camp pour l'été, les moniteurs disparaissent les uns après les autres pendant la nuit. En effet, le tueur du vendredi est de retour pour une justice sanglante...

C'est sur cette base que s'est lancé le premier opus de la saga Vendredi 13 en 1980. Onze films supplémentaires plus tard, la mythologie autour de Jason Voorhees s'est bien installée et répliquée de film en film : masque de hockey, machette, force surhumaine, résurrections à foison – pour ne pas dire immortalité –, groupes de jeunes adultes insouciants et enfin les alentours de Crystal Lake pour unité de lieu. Friday the 13th : The Game vous propose de revivre ces nuits fatidiques des premiers films où Jason a tué sans compter le nombre de corps qu'il laissait derrière lui.
Once Upon a Time... at Crystal Lake

Le principe

"J'suis pas venu ici pour souffrir, okay ?!"

Le principe de Friday the 13th : The Game réside essentiellement en son mode multi dans lequel vous pourrez soit incarner un moniteur ou une monitrice, soit Jason. Il existe également un mode hors connexion dans lequel vous pouvez jouer contre des bots ou effectuer jusqu'à dix défis scénarisés. Le mode hors connexion s'avérant assez pauvre et l'IA encore plus à la masse que les moniteurs dans les films, on se tournera très vite vers l'intérêt du titre, à savoir son mode en ligne. Pensé pour des parties à neuf joueurs, ne vous attendez pas à pouvoir incarner Jason dès vos premières parties, il vous faudra d'abord gagner de l'expérience et atteindre le niveau 10.

Ces points d'expérience sont obtenus à chaque fin de partie. Victoire ou défaite, vous en collecterez quoi qu'il arrive, mais plus vous effectuez des actions servant à contrecarrer les desseins sanglants de Jason, plus vous en gagnerez. Concrètement, si vous réussissez à appeler la police, à réparer la voiture, à venir en aide à vos partenaires ou encore à blesser Jason, vous progresserez plus rapidement que si vous vous étiez contenté de rester caché sous un lit ou dans une armoire. À chaque niveau gagné, vous débloquerez soit de nouveaux personnages soit des compétences. La plupart de ces dernières vous procureront des bonus non négligeables (accélération des phases de réparation, augmentation de votre discrétion...) dans un jeu où le temps est compté. En ce qui concerne les personnages des moniteurs, chacun possède ses propres statistiques de base, certains étant par exemple plus enclins à la furtivité que d'autres, ou alors plus chanceux, plus rapides, voire plus endurants.

Que cela soit du point de vue des moniteurs ou de Jason, le principe du jeu repose avant tout sur la double problématique de la peur et du bruit. Plus un moniteur aura peur, plus Jason pourra sentir sa présence proche. Idem pour le bruit : à moins de vous déplacer uniquement en étant accroupi, vos moindres déplacements pourront être facilement repérables par Jason. En plus de vous rendre plus détectable aux yeux du tueur, une hausse de votre peur aura pour double peine d'obscurcir votre interface de jeu, vous empêchant de voir votre minimap et de gérer votre jauge d'endurance. D'un autre côté, rejoindre d'autres campeurs ou allumer votre lampe torche diminuera votre niveau de peur et vous permettra d'avoir de l'aide si Jason vous attrape mais cela accroîtra votre volume sonore. D'où le fait de ne surtout pas négliger les niveaux de sang-froid et de discrétion dans les stats de votre personnage. En plaçant la gestion de la peur et du bruit au cœur du principe du jeu, les développeurs de chez Illfonic ne se sont pas trompés et ont bien cerné comment rendre le jeu fun et s'approcher de l'essence de la saga.
Traquer, survivre ou (le plus souvent) mourir ?

Le multi

BYOM = Bring Your Own Machete

Friday the 13th : The Game cherche tellement à être fidèle à la saga que chaque partie en ligne est à l'image des films : les mêmes schémas se reproduisent plus ou moins de la même manière. Si cela peut être synonyme de fun lors des premières parties, force est de constater qu'une certaine routine ou lassitude s'installe assez rapidement.

Que vous incarniez Jason ou un campeur, vous disposez de vingt minutes pour accomplir votre objectif, à savoir tuer ou bien rester en vie. L'immense majorité des parties que vous ferez seront en tant que moniteur, incarner Jason étant plutôt rare. C'est d'ailleurs là que le bât blesse : les missions des campeurs apparaissent vite rébarbatives. De plus, Jason étant quasiment implacable, la défaite est plus commune que la victoire. En tant que moniteur, vous utiliserez donc vos vingt minutes pour fouiller la carte plutôt étendue en quête d'objets utiles (armes, soins, pièces manquantes pour réparer le téléphone permettant d'appeler la police – qui met quatre à cinq longues minutes pour arriver –, et la voiture) pour vous enfuir. Autrement, vous pouvez aussi passer de planque en planque, poser quelques pièges à ours çà et là, mais la plus grande partie de votre temps sera consacrée à l'attente et l'expectative de voir Jason débarquer à l'improviste.

Les phases de réparation consistent en un mini-jeu simpliste ayant surtout pour intérêt de vous immobiliser suffisamment de temps pour vous donner un coup de pression, notamment quand Jason n'est pas loin – ce qui est indiqué par l'apparition d'une musique bien stressante comme il faut. En réalité, rares sont les parties où vous pouvez survivre à l'inéluctable traque de Jason. Ce dernier bénéficiant de capacités hors normes : vie élevée, perception des sons accrue, sprint ultra accéléré, téléportation instantanée à n'importe quel point de la carte... La réutilisation de ces compétences nécessitant un temps de rechargement, il faut savoir les manier avec parcimonie et timing pour en faire la meilleure utilisation possible.

La partie prend fin quand Jason a tué le dernier joueur ou à l'issue du compte à rebours. Lorsque vous mourrez, vous êtes obligé d'attendre la fin de la manche pour recevoir vos points d'expérience. En attendant, vous avez la possibilité de suivre la progression des autres joueurs encore en vie. Il est parfois possible d'être réincarné en Tommy Jarvis – les fans apprécieront – armé d'un fusil de chasse, mais la majeure partie du temps vous restez spectateur jusqu'à la fin : l'occasion d'observer, après en avoir les frais, les mouvements saccadés, la lourdeur des déplacements et interactions des personnages avec leur environnement ou encore les bugs bien trop fréquents qui rendent le gameplay bien moins inabouti que l'ambiance.
Anatomie d'une nuit de frissons

Pour qui ?

Quand tu rentres de soirée et que tu es persuadé d'être sur le trottoir.

Friday the 13th : The Game a tout pour plaire aux fans de la saga tant le jeu fourmille de détails visant à recréer avec minutie l'ambiance des premiers opus. Que cela soit au niveau des décors, de la bande son ou des différents personnages (campeurs mais aussi les Jason déblocables), le jeu transpire d'un amour profond et sincère pour la franchise horrifique. Le développement du jeu a même été supervisé par Sean S. Cunningham, réalisateur du premier film et producteur de cinq films sur douze. En tous les cas, les fans de slasher – qu'ils soient connaisseurs ou néophytes de l'univers de Vendredi 13 – apprécieront sans nul doute les exécutions spéciales où Jason, après s'être saisi d'un moniteur, utilise son environnement pour l'achever d'une manière la plus graphique (et jouissive) possible.
Tommy Jarvis est parmi nous

L'anecdote

No he can't read my poker face. P-p-p-poker face, p-p-p-poker face.

Si vous vous le demandiez, la mère de Jason est bien évidemment présente. Non seulement sa tête trône avec fierté sur l'autel qui lui est dédié dans le repaire forestier de son fils, mais elle est également présente dans la tête de son rejeton meurtrier. Lorsque vous incarnez Jason, il n'est pas rare que vous l'entendiez vous susurrer des injonctions meurtrières à l'oreille. Encore un petit détail bien pensé qui contribue à confirmer la bonne transposition de l'ambiance malsaine et horrifique des films.
Dans la tête de Jason Voorhees
Les Plus
  • Un Jason jouissif
  • Ambiance de la saga méticuleuse retranscrite
  • Cartes suffisamment grandes pour ne pas lasser au bout de 3 parties
  • Le gameplay asymétrique Jason/moniteur basé sur la peur et le bruit
Les Moins
  • Des cartes trop peu nombreuses
  • Des parties qui se ressemblent trop et deviennent vite rébarbatives
  • Trop faible probabilité d'incarner Jason
  • Trop de bugs et de lourdeur dans les déplacements
Résultat

Friday the 13th : The Game est un portage d'une saga cinématographique somme toute honnête mais malheureusement loin d'être transcendante. Si les premières parties sont fun, la répétitivité des objectifs et du gameplay lasse rapidement le joueur, et ce même lorsqu'il a un niveau suffisamment élevé pour pouvoir incarner le tueur du vendredi. Les bugs sont trop présents pour avoir une expérience de jeu fluide tout le long d'une partie. Même si on sent que les développeurs d'Illfonic y ont mis beaucoup d'amour, le manque de finitions sur l'ensemble rend le jeu de moins en moins intriguant à chaque partie. À prendre pour ce qu'il est donc, mais le jeu est loin de valoir les 40 € auxquels il est encore vendu.

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