Test | Dragon Quest Builders
16 nov. 2016

Un chantier bien parti

Testé par sur
Dragon Quest Builders

Parmi les jeux Square-Enix prévus pour cette fin d'année, Dragon Quest Builders faisait office de spin-off assez anecdotique. Entre des séries telles que Deus Ex ou Final Fantasy, il était difficile de miser un centime sur un jeu qui, de prime abord, semblait simplement calquer son concept sur un succès vieux de cinq ans : Minecraft. Et pourtant.

L'histoire

En comparaison de Minecraft, Dragon Quest Builders a l'énorme avantage de proposer une histoire. Ou plutôt un fil rouge et une tonalité. Vous retrouvez donc l'ambiance et les traductions savoureuses de Dragon Quest. Alors que vous vous réveillez dans un endroit obscur, une voix mystérieuse vous aide à vous échapper tout en apportant une étrange précision : "vous n'êtes pas un héros". Malgré cela, cette divinité vous invite à rebâtir le monde et à aider ses habitants.

Si le titre dispose d'une histoire, il faut reconnaître qu'il manque tout de même un peu de liant. Ainsi, les chapitres s'étalent en longueur au détriment d'un découpage un peu plus rythmé des quêtes à accomplir. Pas de quoi pénaliser le jeu (le schéma fonctionne malgré tout) mais voici un point qui pourrait être amélioré dans une éventuelle suite.
Une différence de taille avec Minecraft

L'emballage

Vous aurez du boulot pour mettre à mal les plans de Lordragon.

Dragon Quest Builders a aussi pour lui son esthétique. Plutôt joli, le titre de Square-Enix a surtout un cachet graphique mignonnet, évidemment porté par le design d'Akira Toriyama (qu'on ne présente plus). De plus, le jeu profite évidemment des musiques de la série, ce qui confère inévitablement à l'aventure un côté assez épique, renforcé par le principe même du jeu.
Du beau boulot

Le principe

Visuellement, le jeu est plutôt réussi et les environnements sont variés.

Dans le fond, Dragon Quest Builders impressionne d'abord par son ergonomie. Pensé pour les consoles de Sony (PlayStation 3 et 4 mais aussi Vita), le jeu est un beau modèle de simplicité. À ce titre, le didacticiel de début d'aventure n'a pas grand chose de contraignant, et le fait que chaque élément (matériaux, recettes, équipements, etc.) soit accessible en à peine deux pressions de touches est très appréciable.

Dans les faits, vous arpentez un monde constitué de blocs et d'éléments pouvant être détruits et récupérés pour vous permettre d'en construire de nouveaux. Ainsi, vos armes vous servent autant à casser des blocs/objets qu'à affronter des monstres. D'ailleurs, ce dernier point est peut-être l'unique gros bémol du jeu : avec une simple touche d'attaque et un gameplay s'apparentant à de nombreux pastiches présents sur le secteur de l'indé, Dragon Quest Builders propose des combats pas toujours passionnants.

Mais qu'importe, l'intérêt du titre réside surtout dans sa faculté à vous accrocher via une vision honnête et cohérente de l'aventure. Tout le principe de Dragon Quest Builders réside dans sa propension à toujours vous maintenir en haleine grâce à des objectifs omniprésents, tout en vous confrontant à une forme de réalisme. En un sens, il s'avère donc être un mélange plutôt judicieux entre RPG, jeu de construction et survie. Le titre de Square-Enix est donc assez jusqu'au-boutiste pour avoir de l'intérêt.

Car si Dragon Quest Builders propose une interface à la fois claire et accessible, il a la bonne idée d'intégrer des concepts contraignant voire réalistes. À vous donc de savoir gérer votre faim, ou encore votre rythme jour/nuit. Si les réponses sont assez simples (vous pouvez manger les aliments que vous trouvez, les cuisiner et vous contenter de dormir à n'importe quelle heure lorsque cela est possible), l'installation d'une routine donne inévitablement un côté réaliste à l'aventure.

Symbole de ce cheminement, la nécessité de devoir construire des maisons vous servant d'habitat mais aussi de refuge. Et ces maisons reposent sur des règles simples (des murs, une porte, une source de lumière et un lit). Si cela est intéressant, c'est parce que le titre propose une vraie vision de l'aventure, un peu à l'instar de certains grands jeux. Si The Wind Waker (une des références du genre) brillait par son rapport à la navigation et au marin solitaire, Dragon Quest Builders joue différentes cartes qui ne sont pas moins intrigantes.
Aller jusqu'au bout

Pour qui ?

Les clés pour créer une pièce ? Quatre murs, une source de lumière, une porte et un lit !

Dragon Quest Builders est donc un jeu paradoxalement exigeant mais pas trop. Exigeant dans son approche de la routine et de l'aventure, mais conciliant grâce à sa structure conservant plus ou moins celle d'un jeu de rôle. De ce fait et en fin de compte, le titre ne joue même pas dans la catégorie de Minecraft. C'est toute la réussite de ce jeu qui avait été catalogué comme tel dès son annonce. Dragon Quest Builders, c'est surtout la promesse d'une aventure se finissant... par une fin.
Le joueur exigeant mais pas seulement

L'anecdote

Des visions viennent récompenser votre travail.

Dragon Quest Builders a un concept assez drôle pour quiconque connaît la série principale. À la fin de premier volet, le héros devait faire un choix, à savoir partager la gouvernance du monde ou non. Dragon Quest Builders base son histoire sur une fin alternative dans laquelle le héros accepterait ce choix. Ainsi, le monde dans lequel il s'éveille est déjà gouverné par Lordragon qui l'a semble t-il berné. Inutile de dire que le côté "pixelisé" des blocs n'est pas sans faire référence à ce premier épisode vieux d'une trentaine d'années.
Alerte spoiler
Les Plus
  • Mignon
  • Un jeu plus malin qu'il en a l'air (dans le fond)
  • Une interface exemplaire (et surprenante pour un jeu console)
  • La présence d'un fil rouge et d'une dynamique
  • Des possibilités nombreuses
  • Assez jusqu'au-boutiste pour avoir de l'intérêt
Les Moins
  • Les combats, ratés
  • Quelques soucis de rythme qui peuvent parfois décourager
Résultat

Bien que perfectible en matière de rythme, Dragon Quest Builders reste une bonne surprise pour un jeu un peu attendu au tournant. Même s'il dispose de combats pas toujours palpitants, le titre de Square-Enix a surtout la bonne idée de s'éloigner d'une de ses inspirations (Minecraft). Le fait qu'il bénéficie de quelques atouts de la série (background malin, dialogues bien sentis, musiques) plaide aussi en sa faveur. Au final, ce jeu pose des bases particulièrement intéressantes en vue d'une éventuelle suite et devrait réjouir certains fans d'une saga déjà jusqu'au-boutiste.

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