Test | The Suffering 2 : le meilleur dans le pire
05 déc. 2005

Testé par sur
Aussi disponible sur
The Suffering: Ties That Bind
  • Éditeur Midway
  • Développeur Surreal
  • Sortie initiale 28 oct. 2005
  • Genre Action

Torque, c'est le gars qui n'a vraiment pas de chance : sa famille se fait assassiner et il est en prison. Mais c'est limite risible car il pratique l'enfer depuis sa naissance. Toutes les souffrances passées lui ont dévoré l'esprit, laissant à la place les hurlements des démons qui hantent ses nuits, jusqu'à le faire douter de la réalité même. Ceux qui l'ont connu dans le premier volet retrouveront un Torque plus abîmé que jamais et décidément encore plus dangereux, mais il faudra bien le maitriser dans The Suffering : les liens qui nous unissent. Et tâcher de ne pas sombrer avec lui. La tâche sera rude. Très.

Comment ça il y a pénurie de scénaristes ?

The Suffering : Les liens qui nous unissent est dans l'enchainement direct du précédent scénario. De nombreux flash-back, visuels ou sonores, viendront vous faire sursauter tout en donnant ça et là quelques indices sur votre passé oublié. Lui seul pourra donner un peu de repos à votre âme. Dans l'état actuel des choses, une seule option nous intéresse : sortir vivant de la cage retenant prisonnier le héros. Alors, profitant d'une émeute carcérale, Torque se fait la belle. Mais cette liberté va être de courte durée car elle le conduira dans les bras de forces armées intéressées par les ennemis qu'il a combattu lors du premier volet. Mis à mal par les monstres qui ont envahi la ville, ceux-là mêmes qui voulaient plus ou moins l'aider seront à leur tour mis en charpie. Torque se retrouve encore une fois seul au monde, il va devoir lutter avec les moyens du bord pour survivre. Cette survie dépend essentiellement de sa capacité à réagir face aux nombreux assaillants. Voila les éléments qui constituent l'ambiance fétide dans laquelle baigne The Suffering 2.

Âmes sensibles s'abstenir

Un exemple flagrant : les personnages sont anguleux mais travaillés.

Les membres arrachés et les tsunamis d'hémoglobine sont monnaies courantes dans ce mélange de jeu à la troisième personne et de FPS. Les personnages qui le peuplent bénéficient d'une animation des plus soignées. Par contre, ceux qui étaient déjà dans le premier volet ne semblent pas avoir été retravaillés. Dommage. Malgré leurs graphismes anguleux, l'apparence globale des ennemis donne envie de les éclater, et, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils éclatent bien ! Ils ont une personnalité pas très profonde mais elle leur est propre. On finira donc pas leur donner un petit nom avant de leur tirer dessus. Cependant, on rencontre un peu trop souvent les mêmes personnes dans les rues de cette ville mais il faut bien avouer que les niveaux s'y prêtent, n'aillant pas eu la même attention que celle prêtée par ailleurs. En effet, on tourne souvent en rond à la recherche d'une sortie un peu trop cachée, ce qui n'apporte strictement rien au jeu, sinon des points en moins.

Tu es allé à la soirée "Ties that bind" ? Quelle ambiance !

Ambiance ultra amicale. On se loue un film les potes ?

L'ambiance, pépite du jeu, est sortie tout droit de cerveaux de sociopathes. On pourrait même dire qu'une odeur d'égouts s'en dégage. Hélas, ça ne fait pas tout. Par exemple, la bonne idée d'insister lourdement sur les circonstances du décès de votre famille, ou de vous faire rencontrer votre fils – mort – pourraient ajouter une touche bien stressante au titre. Au lieu de ça, ce genre de scènes est là pour en rajouter par-dessus la crasse, dans une surrenchère de lourdeur. Pour varier les plaisirs, Torque peut se transformer en bête infâme histoire de détruire certains ennemis ou de créer un apocalypse miniature. Cette transformation n'est possible qu'en remplissant une jauge à force de massacres. La métamorphose est accompagnée d'un effet visuel dans la lignée du reste du jeu, mélangeant les couleurs pour donner l'impression qu'une couche de raclure de friteuse s'est déposée sur l'écran. Très réussi.

Non, j'étais à la "F*ck me I'm famous"

Tout est souvent fait pour qu'on n'ait qu'à s'occuper de l'essentiel : shooter.

Et massacre, il y en a de toutes sortes : à l'arme blanche, au double shotgun, que des ustensiles courts et pratiques pour le combat en mêlée. En bref, c'est une apologie de la violence sous toutes ses formes. Trop, c'est trop, d'autant plus qu'il n'y a pas d'innovations par rapport au moteur ou au gameplay du premier volet. Les ingrédients sont strictement les mêmes, seul le scénario qui en ajoute aux traumatismes du héros saura tenir en haleine les plus curieux d'entre nous ou les irrémédiables fans de boucherie. Les autres regarderont d'un air étonné cette aventure aux faux airs d'un Postal sans son humour. Qu'à cela ne tienne, pour ceux que ça intéresse, continuons et informons que dégommer tout ce qui bouge modifiera votre avenir proche. Et suivant votre orientation, vous débloquerez des fins alternatives.

Il commence à se faire vieux votre moteur ma p'tite dame : ça va vous coûter cher.

Les protagonistes sortent tout droit de films d'horreurs.

Semblant dater un peu, les graphismes baignent – et c'est le cas de le dire – dans le rouge sang. On assiste à des ralentissements lorsque trop d'ennemis sont à l'écran. C'est le prix à payer pour avoir de tels modèles correctement animés. Un grand vide se fait toutefois ressentir dans les décors, faisant contraste avec l'intensité ressentie dans les lieux plus confinés et les effets graphiques accompagnant la transformation de la bête, ainsi que les flash-back. La maniabilité est dans la lignée technique de ce titre : elle date. Pas assez vif, Torque se fait souvent surprendre par derrière... Et son stage en univers carcéral ne justifie en rien ce défaut. La visée est approximative et il faut passer en vue à la première personne pour économiser ses munitions. La musique est quasi inexistante. Cependant, un énorme travail a été réalisé sur les bruitages, gores et glauques à souhait, qui collent parfaitement aux scènes d'actions.
Les Plus
  • Ambiance fétide
  • De jolis effets graphiques
  • Un environnement sonor rarement rencontré
  • Ca gicle de partout
  • Nul besoin de réfléchir
Les Moins
  • Les niveaux ne sont pas finis, ou trop retravaillés, et il en sort au final quelquechose de brouillon
  • La maniabilité est vraiment trop ancienne pour accrocher naturellement sur le titre
  • Les personnages sont coupés à la serpe
  • C'est bourrinissime, au plus haut point. A noter que ce "contre" peut être un "pour" pour certains, mais pas là !
  • Au final, on s'ennuie sec
Résultat

Toujours fidèle au concept ultra gore et ténébreux, The Suffering : Les liens qui nous unissent est essentiellement gâché par sa maniabilité et l'utilisation sans améliorations du premier moteur. Il plonge tout de même le joueur dans un univers troublant – peu de titres peuvent se vanter d'y arriver avec une telle intensité. Doté d'une durée de vie très raisonnable, il séduira ceux qui cherchent un bain de sang tout en se moquant d'avoir une maniabilité excellente à la Total Overdose et se contentent d'un gameplay proche des premiers Resident Evil. Il est absolument déconseillé pour les non fans du genre, mais aussi de l'offrir aux enfants pour noël ou à sa copine, sauf si on ne sait pas comment jeter ce monstre qui laisse des poils dans la baignoire et qui n'aime pas le sport à la télé. Les curieux attendront de le croiser dans un bac en occasion et lui pardonneront bien des défauts si son prix est baissé d'au moins de moitié.

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