Test | City of Heroes, le super-MMORPG
03 févr. 2005

Testé par sur
City of Heroes
  • Éditeur NC Soft
  • Développeur Cryptic
  • Sortie initiale 4 févr. 2005
  • Genre Rôle

Qui n'a jamais rêvé, en regardant X-Men ou en re-lisant le dernier épisode de Spiderman, de pouvoir tout démolir avec son regard façon Cyclope ou de pouvoir se déplacer entre les gratte-ciels façon Peter Parker ? C'est faire de ce rêve une réalité (virtuelle) que Cryptic Studios nous propose avec City of Heroes, un jeu de super héros massivement multijoueur qui en met plein les yeux et qui vous fera oublier la fantasy.

La naissance d’un héros

Peter Parker a été mordu par une araignée mutante pour devenir Spiderman, Bruce Banner est devenu Hulk suite à des radiations terrifiantes, et Matt Murdock n'a pu être Daredevil que grâce au contact avec d'horribles produits chimiques. City of Heroes vous propose de choisir vous aussi ce qui est à l'origine des super-pouvoirs de votre personnage, que ce soit la technologie, une mutation, des radiations ou encore d'autres heureux facteurs augures d'une vie hors du commun. La création de son avatar aux super-pouvoirs est la clef de ce que sera son rôle dans le jeu, en même temps que la clef du plaisir du joueur. L'orientation vers le jeu en équipe est claire dès la création du personnage : sur les six archétypes de personnages disponibles, un seul est considéré comme "polyvalent" et donc recommandé pour les joueurs préférant le solo, tandis que les cinq autres forment un peu comme les 5 doigts de la main d'un joueur, dépendants les uns des autres.

T’as pas une gueule de porte-bonheur

Une fois l'archétype choisi, il faut choisir une catégorie de pouvoirs principale et une catégorie secondaire. Chacun des choix se fait parmi deux listes d'une dizaine de catégories différenciées, propres à chaque archétype. Ce qui fait qu'à ce stade de la création, il y a déjà 6 (nombre d'archétypes) x 6 (nombre de catégories principales) x 6 (nombre de secondaires) soit 216 types de bases de développement possibles de personnage. Mais avant de nous donner plus avant le vertige des évolutions possibles de personnages, il faut, dernière étape de la création de votre sauveur de l'humanité, personnaliser l'apparence de votre avatar. Le nombre de paramètres de personnalisation possible est impressionnant, notamment parce que non seulement les caractéristiques physiques (corpulence, taille, apparence du visage) entrent en compte, mais aussi tout l'équipement, du casque jusqu'aux super-bottes en passant par la ceinture et les gants bioniques. C'est en effet un costume pour la vie qu'on se crée là, et pas simplement un porte-manteau sur lequel on empilera les couches d'armure et les armes.

L’équipement de série

Parce que voilà, qu'on se le dise, City of Heroes est un MMORPG sans inventaire. Pas la peine d'essayer toutes les touches du clavier pour tenter de trouver le sac à équipement canonique, ou de cliquer sans arrêt sur les cadavres des méchants occis pour leur faire les poches : vous êtes un super héros, et le seul équipement dont vous aurez besoin tout au long de votre vie de super héros, c'est le costume que vous vous serez créé au début de l'aventure. La seule concession aux questions d'équipement, c'est la possibilité d'utiliser des "inspirations", des buffs qui peuvent être utilisés pendant le combat pour améliorer temporairement l'une ou l'autre caractéristique, et que l'on peut "acheter" auprès d'un "vendeur" ou obtenir en tuant des méchants. Au début, le choc est de taille pour l'habitué des MMORPG classiques : comment plastronner aux yeux du monde son niveau 50, s'il n'y a pas d'armure unique-de-la-mort-qui-tue-la-vie à endosser ou de super canon-turbo-multilaser-à-injection-tri-bionique à déballer ? La réponse est simple : en utilisant des supers-pouvoirs de niveau 50. Parce que plus le niveau monte, et plus votre avatar vous en mettra plein la vue et les oreilles.

L’arbre des possibles

Nous avons déjà évoqué plus haut les 200 et quelques types de développement de base possibles de votre héros. Cela se complexifie encore lorsque l'on passe son premier niveau dans le jeu. Tous les deux niveaux, on peut choisir un nouveau pouvoir, parmi les deux catégories choisies lors de la création du personnage. Et tous les deux autres niveaux, on peut rajouter un emplacement dans deux des pouvoirs dont on dispose déjà, emplacement qui permet ensuite d'enchâsser un "enhancement", amélioration qui permettra entre autres d'augmenter les dommages d'un pouvoir offensif, de diminuer son temps de rechargement ou d'augmenter le degré de guérison d'un pouvoir de soin. Ca n'a pas l'air trop compliqué, jusqu'au moment où l'on se rend compte qu'il y a plus d'une vingtaine d'enhancements disponibles, et qu'à chacun correspond un niveau ! Il n'est pas possible d'enchâsser un enhancement dont le niveau est supérieur au niveau du personnage, mais lorsque votre personnage évolue, il n'est plus possible de le remplacer. Le plan d'évolution du personnage est donc d'une importance capitale – rappelant par là celui des aptitudes des personnages de Diablo II, qui a hautement contribué à en faire un jeu excessivement addictif.

A super pouvoirs, super combat ?

Tout cet arbre de compétences ne sert que de base à taper plus fort, se déplacer plus vite, plus haut, et à taper encore plus fort. Et parfois à soigner ses alliés, aussi. City of Heroes ne révolutionne pas le combat (généralement ennuyant) dans les MMORPG, mais il lui apporte des améliorations conséquentes, cela principalement parce qu'il est conçu dans un esprit très dynamique. Ici, pas de longues séances passées à regarder son personnage assis bêtement sur le sol pour qu'il regagne ses points de vie ou son énergie : d'abord parce qu'il n'y a pas de touche pour s'asseoir, et ensuite parce que quand un personnage se repose (rest), il utilise simplement un pouvoir spécial qui fait remonter sa vie et son énergie au maximum en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. A peine la recharge terminée, et voilà qu'on est prêt à foncer à nouveau dans le tas de vils méchants. Et on se retrouve, comme dans tous les MMORPG, à taper sur les touches de raccourci des pouvoirs spéciaux, et à voir ce qui se passe. Même cette étape est rendue plus dynamique, grâce à l'utilisation des "inspirations", qui redonnent d'un coup une partie de la vie, augmentent temporairement les dommages ou encore améliorent l'armure de votre super-personnage. Tout cela pour éliminer au plus vite les méchants qui terrorisent la ville.

Deux super-héros valent mieux qu’un

Parce que des méchants, il y en a à la pelle. Paragon City est vérolée, pleine de petites frappes, d'organisations du crime, de mutants, de méchants super-héros, et c'est à vous qu'il appartient de faire le ménage. Sauf que cela va se faire plutôt en équipe façon X-Men que tout seul façon Hulk. D'ailleurs Hulk il ne fait pas le ménage, il fout le bordel. Le jeu solo s'avère en effet très rapidement très répétitif : vous apercevez du coin de l'œil d'horribles brigands sûrs d'eux en train de tenter de voler le sac à main d'une jolie jeune femme en tailleur bleu marine et, encouragé par ses cris d'appel à l'aide, vous foncez éliminer les méchants de trois gros coups de poing bien placés, et voilà la jeune femme qui vient vous dire à quel point vous êtes plus beau en vrai que dans la BD. Le problème, c'est que des jeunes femmes en tailleur bleu marine qui se font voler leur sac à main, il y en a partout, et ça devient rapidement lassant, même si on arrive à se laisser griser par les doux mots de remerciement qu'elles peuvent vous glisser à l'oreille. On optera donc pour l'autre solution pour progresser : aller casser du méchant en groupe.

Band of Brothers

C'est là un lieu commun des MMORPG, plus on est de fous, plus on rit. Les développeurs de City of Heroes l'ont bien compris, et ils ont pour cela tout mis en œuvre pour que trouver une équipe puis jouer en équipe soit le plus simple possible. Et le résultat est impressionnant. Il est excessivement facile de trouver une équipe dès lors qu'on est dans une zone correspondant à peu près à son niveau. Il suffit de cliquer sur le bouton de recherche d'équipe, et dans les minutes qui suivent on reçoit une proposition. Pas besoin ensuite de passer des heures à chercher le reste de ses nouveaux coéquipiers : ils vous téléportent directement auprès d'eux ! Si vous êtes de niveau un peu inférieur à la moyenne du groupe, l'un d'entre eux peut vous prendre comme "sidekick", en somme il vous coach en pouvant vous donner directement des inspirations. C'est un peu comme une nouvelle maman. Mais une maman avec des super-pouvoirs, cela s'entend. Et alors, une fois passée l'émerveillement lié à la découverte des costumes de ses nouveaux alliés, c'est parti pour une explosion de couleurs dans un affrontement qui peut sembler chaotique mais qui est la plupart du temps plus ou moins organisé, sous peine de mort violente. Pour limiter encore plus les temps d'inactivité, il est possible pour un personnage mort de revenir à la vie par ses propres moyens, grâce à une inspiration particulière. Tout est fait pour que l'on soit pris de l'action, et qu'on n'en sorte plus.

I love Paragon City

Heureusement d'ailleurs, parce qu'autour de l'action, Paragon City, c'est pas particulièrement joli. La ville dans laquelle le jeu prend place est tout juste digne d'une mention passable pour ses textures et sa modélisation. Les personnages non-joueurs "normaux", de la même façon, méritent qu'on ne s'approche pas plus que nécessaire d'eux. Reste que les avatars des joueurs témoignent en général d'une telle créativité qu'on ne peut s'empêcher régulièrement de s'arrêter auprès de l'un ou l'autre des habitants de la ville pour admirer son déguisement, voire pour prendre une capture d'écran. Lorsque l'on se met à combattre en équipe, on ne peut s'empêcher, à intervalles réguliers, d'appuyer frénétiquement sur la touche "impression écran", tellement la combinaison des tenues des héros et de leurs pouvoirs destructeurs donnent lieu à un spectacle impressionnant. Et l'impression de liberté ultime lorsqu'on obtient des super-pouvoirs de déplacement, qui permettent au choix de voler, de faire des sauts gigantesques, ou encore de se déplacer à la vitesse de la lumière renforce encore la vocation qu'on se découvre pour la photographie virtuelle.
Les Plus
  • La création du personnage
  • La facilité de prise en main
  • Le jeu en groupe, vraiment fun
Les Moins
  • La modélisation un peu terne de la ville
  • Le solo rapidement répétitif
Résultat

Qu'on se le dise, City of Heroes est un excellent MMORPG. Je n'ai pas la prétention d'avoir tout vu et tout fait, d'autant moins que je n'ai pas eu l'occasion de jouer à très haut niveau, mais il n'en reste pas moins qu'en habitué des MMORPG, j'ai trouvé tellement d'excellentes idées que j'ai été conquis. Et les autres joueurs aussi semblent conquis : en parcourant les forums officiels, on peut trouver un thread qui évoque les personnes qui jouent avec toute leur famille, du père au petit dernier. Dans le jeu, les joueurs font généralement preuve de maturité et de respect, des qualités assez rares dans les jeux en ligne actuels. Et puis, pour finir de décrire ce tableau presque parfait, il faut noter l'engagement de Cryptic, les développeurs, à fournir un contenu varié et régulier : dans la 3ème mise à jour, qui pèse 150 Mo, qui sera disponible d'un jour à l'autre gratuitement, se trouveront plusieurs nouveaux archétypes accessibles uniquement aux joueurs ayant atteint le niveau 50, en plus de changements divers dans quasiment toutes les zones de jeu. Et bientôt, l'immense renouveau sera apporté par l'extension City of Vilains à venir, qui permettra enfin de jouer des méchants super-héros, et de s'affronter entre joueurs pour le contrôle de Paragon City. Les super-héros ont de très beaux jours devant eux !

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