Test | Skyward Sword pérennise la légende de Zelda
02 déc. 2011

Testé par sur
The Legend of Zelda : Skyward Sword
  • Éditeur Nintendo
  • Développeur Nintendo
  • Sortie initiale 18 nov. 2011
  • Genres Action, Aventure, Rôle

2011 ou l'année charnière pour les mascottes et icônes vidéoludiques en tout genre. Après les vingt ans du hérisson bleu de SEGA, c'est au tour de Link de souffler ses vingt-cinq bougies. Après un Twilight Princess très correct mais sentant trop l'ère GameCube dans laquelle il fut développé, la boîte de Kyôtô propose enfin un épisode exclusif à la Wii. Boosté par un Wii Motion Plus censé enfin tenir ses promesses, The Legend of Zelda : Skyward Sword est-il le retour de Link en grandes pompes comme souhaité ou y a-t-il mieux dans le genre ? L'heure de dresser un bilan est enfin arrivée.

Une histoire qui le "Fay" ?

Les aventures impliquant une princesse aux cheveux dorés où le héros doit faire face à de nombreux dangers pour la sauver sont loin d'être rares chez Nintendo, que ce soit pour sa mascotte bedonnante ou pour son elfe mythique. Rebelote pour ce dernier qui, une fois de plus, doit sauver Zelda disparue depuis peu de Célesbourg, le village central de cet épisode. Si la licence est depuis longtemps plus ou moins prisonnière de son histoire, la narration a toujours su rendre l'aventure prenante via des univers oniriques et des personnages attachants. Une narration qui, souvent, passe par un acolyte original comme l'intrigante Midona dans Twilight Princess ou la sympathique fée Navi dans Ocarina Of Time. Difficile d'être aussi emballé par Fay, l'alliée de Link dans Skyward Sword, qui converse avec lui directement par le biais de son épée. En plus d'arborer un design guère chaleureux et donc peu cohérent avec le reste du casting, elle vous bombarde constamment d'informations évidentes et de statistiques pompeuses. Un fait qui aurait été acceptable s'il s'était limité aux premières heures d'une l'histoire bavarde qui peine à se lancer, mais qui devient tout bonnement agaçant lorsqu'il s'applique à la totalité du jeu.

Apprendre à "lyre"

Chaque clé de boss demande un peu de réflexion pour trouver le bon angle d'insertion dans la serrure.

La musique a de tout temps été partie intégrante du gameplay dans la série. De la flûte à bec de The Legend of Zelda à l'ocarina présent dans plusieurs épisodes dont Link's Awakening et The Minish Cap, les instruments de musique ont été employés à bon escient comme mécanique de jeu. Dans Skyward Sword, la place laissée aux sons en tant qu'éléments de gameplay est minime, sans toutefois être inexistante comme dans Phantom Hourglass. La velléité des développeurs de rendre le tout très accessible se fait ressentir à ce niveau puisqu'il suffit de balancer votre Wiimote de gauche à droite pour que vous appreniez une nouvelle mélodie avec votre lyre. Parfois, un nouvel air simplement joué devant vous fait office d'apprentissage. Dommage de simplifier à l'extrême une caractéristique intéressante de la série, surtout pour celui qui a connu le premier épisode sur Nintendo 64 et ses quatorze morceaux dont sept servaient le gameplay à merveille et les autres permettaient de se téléporter aux donjons. Tout cela n'enlève rien à la qualité de la bande son de Koji Kondo et ses pairs. Le compositeur des musiques de Starfox et Pilotwings accouche encore une fois de morceaux somptueux collant parfaitement aux images ; mention spéciale au thème principal, accrocheur au possible. Et, morceaux de lyre mis à part, les titres sont enfin enregistrés par un véritable orchestre, de quoi assurer un minimum d'immersion musicale donc. Il ne manquerait plus que des doublages de qualité pour vous impliquer encore davantage dans le jeu, la Wii ayant déjà prouvé qu'elle pouvait faire ça bien avec Xenoblade Chronicles. A croire que Link est voué à être muet comme une carpe jusqu'à la fin des temps...

Wind Princess / Twilight Waker

Le mini jeu de la roulette avec sa chute libre devient très vite prenant.

Autant le dire direct : le jeu rend mieux sur un tube cathodique voire un téléviseur HD Ready plutôt que sur un écran géant en Full HD. Il reste jouable, bien entendu, mais accuse un aliasing omniprésent qui peut rebuter ceux n'étant équipés qu'en haute définition. Connue depuis belle lurette, la patte graphique de cet épisode s'avère relativement chaleureuse avec ses couleurs vives et son ambiance générale lumineuse. A mi-chemin entre le rendu visuel cartoonesque de The Wind Waker et le design plus adulte de Twilight Princess, ce nouveau Zelda possède une identité graphique certaine. Le design de Link demeure classieux et la plupart des personnages sont originaux. Si les environnements se montrent un peu plus classiques, ils transpirent toutefois le savoir-faire ancestral de la maison. Forêts touffues, étendues d'eau et de sable, montagne volcanique, le cahier des charges des décors sent le déjà-vu sur le papier mais pas le manque d'idées une fois le jeu en mains. Tout bonnement ingénieux, le level design inspire le respect. La petitesse de la carte est ingénieusement compensée par un renouvellement quasi constant des lieux visités. Vous redécouvrez ainsi les environnements principaux d'un autre point de vue à chaque grosse visite faisant avancer le scénario. Petite révolution pour un Zelda, Skyward Sword ose proposer des énigmes en dehors des donjons, assez nombreux de base. En un mot, chaque nouvelle zone est prétexte à des résolutions d'énigmes plus ou moins complexes, donnant ainsi un avant-goût du palais à venir. Classe !

Secret of Mana

Le forgeron est là pour rendre vos objets plus performants.

Si les multiples facettes d'un seul et même endroit sont si agréables à découvrir, c'est en partie grâce au bon choix des objets de cet épisode ainsi qu'à leur évolution, qu'elle soit imposée par le script comme pour les gants ou souhaitée. Car oui, à la manière d'un jeu de rôle, tous vos items, potions comprises, sont sujets à amélioration. Fini l'objet fixe qui n'évolue pas donc, et place aux collectes de trésors en tout genre permettant des upgrades rendant la vie plus facile à votre héros. En échange d'une combinaison de trois matériaux et d'un peu de rubis, le forgeron de Célesbourg se fait une joie de rendre votre arsenal plus performant. Scarabée plus rapide, arc plus puissant, bouclier plus résistant ou encore un filet à insectes plus grand : la panoplie du parfait aventurier est à votre portée. De surcroît, les mouvements de Link bénéficient de quels ajouts et modifications. Le Wii Motion Plus tient enfin ses promesses et chaque coup d'épée reflète réellement votre inclinaison de poignet. Coup latéral, vertical, circulaire, en diagonale : le mimétisme promis est enfin là devant vos yeux. Il faut d'ailleurs garder ceci à l'esprit tout au long de l'aventure afin de vaincre le moindre ennemi de base comme la plante carnivore ; l'orientation de sa bouche indiquant la position à adopter pour porter votre coup. L'elfe possède également une attaque céleste donnant son nom à l'épisode. Ainsi, en pointant votre lame vers le ciel, celle-ci se charge et peut balancer une attaque plus dévastatrice, un peu comme quand vous aviez tous vos cœurs remplis dans A Link to the Past. Enfin, il est de bon goût de constater que les objets sont réemployés à bon escient en cours de route, contrairement à Twilight Princess qui parfois proposait un objet utile lors d'un seul donjon et basta. Et, alerte spoiler, un passage vers la fin implique même une reconquête de votre arsenal tel Samus dans Metroïd. Ou quand Nintendo délivre une nouvelle fois une grande leçon de game design.

Monde ouvert ?

Les contrées sous marines sont l'occasion d'en découvrir encore plus sur des lieux déjà connus.

Ceux qui se plaignaient – à tort ? – des longs voyages maritimes de l'épisode GameCube peuvent se réjouir : Skyward Sword propose un monde aérien dont vous faites vite le tour. A dos d'oiseau, traverser la map est histoire de quelques minutes au maximum. Des curseurs à placer sur la carte façon GTA sont même là pour aider les moins doués en repérage dans l'espace. Un bon point pour le rythme du jeu, plus soutenu malgré un début mollasson. En contrepartie, vous avez moins l'impression de jouer les Indiana Jones tant les îlots à découvrir sont en nombre restreint. Ceci étant dit, les quêtes annexes sont relativement nombreuses et attrayantes, peut-être même plus que la trame principale. Contrairement à Ghirahim, le démon principal du jeu au charisme d'une huître, les PNJ ont tous un petit quelque chose d'attachant. Vous finissez souvent par scotcher un mini jeu addictif (tir à l'arc sur des citrouilles, fouille rubis, chasse aux insectes...) puis accomplir deux ou trois missions secondaires (retrouver un hochet perdu, apporter une potion d'endurance à un villageois...) avant d'avancer le scénario. Qui aurait envie de faire un Zelda en ligne droite en même temps ? Flâner fait partie du plaisir et ce n'est pas moins de 70 heures qu'il faut compter pour mener à bien tous les objectifs. La magie du successeur de Twilight Princess se distille vraiment au fur et à mesure de l'aventure. Départ maladroit, découverte d'un univers enchanteur avec ses donjons calibrés comme du papier à musique et final en grande pompe : Skyward Sword est à n'en pas douter le meilleur épisode de la saga sur Wii et un bon jeu d'aventure tout court.
Les Plus
  • Techniquement sublime en basse définition...
  • Les compositions orchestrales, enfin !
  • L'enrobage graphique chatoyant
  • Les quêtes annexes prenantes et les PNJ intéressants
  • L'effort fait sur la mise en scène
  • La précision et l'utilisation judicieuse du Wii Motion Plus
  • Le level design excellentissime allant crescendo
  • Les objets évolutifs
Les Moins
  • ... mais bourré de clipping en HD
  • Fay : le pire acolyte de tous les Zelda
  • Où est la musique en tant qu'élément de gameplay ?
  • Le manque de charisme du grand méchant de l'histoire
  • L'absence de doublage commence à peser
  • Le début beaucoup trop mou
Résultat

Pas aussi marquant que Ocarina Of Time en son temps, The Legend of Zelda : Skyward Sword n'en demeure pas moins un bon épisode de la série, surpassant de loin son prédécesseur plus adapté au final pour la GameCube que la Wii. Ayant du mal à décoller, les dernières aventures de Link se laissent parcourir avec plaisir au fur et à mesure que le cœur du titre se dévoile. Level design ingénieux, quêtes annexes amusantes, univers charmant : Skyward Sword est définitivement accrocheur et ce, malgré la présence d'un acolyte boulet synonyme de dialogues pompeux et d'indices inutiles. La véritable attente se tourne alors vers la Wii U et son potentiel. Nintendo osera t-il enfin doubler sa mascotte chérie, le problème de la basse définition allant être réglé d'office via les capacités techniques de la machine ? Rendez-vous dans quelles années pour la réponse. En attendant, la légende de la Triforce mérite toujours le détour avec cet épisode.

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