Test | Indika (Switch)
16 nov. 2025

La Switch rentre magistralement dans les ordres

Testé par sur
Aussi disponible sur
Indika

Dieu seul sait pourquoi Indika ne se sent pas à sa place dans son monastère hostile parmi les autres nonnes... Sa quête l'aidera-t-elle à mieux se comprendre ? Indika sur Nintendo Switch vous plonge dans cet univers étrange et sensationnel offert par le studio indépendant Odd Meter. Indika est indéfinissable, de par son gameplay changeant, mais aussi de par son atmosphère unique.

L'histoire

Chaque jour que Dieu fait, Indika, une jeune nonne d'un monastère russe, s'échine à des tâches toutes plus fastidieuses les unes que les autres. Remplir un tonneau d'eau bien trop loin du puits, livrer des paniers de légumes à des sœurs se trouvant à l'autre bout du terrain... De plus, ses nombreuses crises durant les cérémonies ne ravissent pas ses consœurs, qui la traitent toutes comme une moins que rien. En somme, une vie qui ne fait pas rêver.


Son quotidien monotone se voit bouleversé le jour où une nouvelle besogne lui est confiée : livrer une lettre à un prêtre d'une autre ville. Durant son voyage, Indika est prise entre deux feux, et se retrouve à devoir aider malgré elle Ilya, un prisonnier fugitif. Ces deux personnages, si différents mais à la fois si similaires, vont devoir se serrer les coudes afin d'accomplir leur mission respective. Mais comment remplir sa tâche divine lorsque le diable la tente à chaque instant... ?
Une narration bien rythmée et une histoire prenante

Le principe

Les images du jeu sont dignes de plans cinématographiques.

Indika met en scène un véritable pèlerinage, obstrué de détours et de puzzles en tout genre. Certains d'entre eux nécessiteront de calmer la voix du diable exacerbant les pensées négatives et pêcheresses d'Indika, d'autres impliqueront de conduire des grues ou diverses machines afin de libérer le passage.


Les puzzles ne sont pas difficiles à réaliser, mais le chemin pour y parvenir n'est pas tout tracé et clair instantanément. Ils s'intègrent bien à l'atmosphère environnante, ce qui donne parfois l'impression de ne pas jouer à un jeu vidéo. Le seul vrai rappel visuel est l'affichage des points d'expérience en haut à gauche de l'écran, mais également les parties en style de jeu d'arcade.

Le jeu alterne les phases de gameplay : tantôt de plateforme, tantôt de rythme, d'horreur, ou de course en passant de la 3D réaliste au pixel art durant les flashbacks. Indika déboussole les joueurs tout en les rassurant en utilisant des codes déjà bien connus et ancrés dans l'univers vidéoludique.


Le jeu bénéficie d'un système de points d'expérience et de niveaux, ce qui est assez commun, cependant vous commencez directement au niveau 8 comme si votre personnage avait déjà joué avant vous. Une facette assez déroutante, qui accentue l'ambiance étrange du jeu.

Tout au long de son voyage, la religieuse s'interroge sur des questions existentielles, sur l'âme et la piété en général. Sa foi est remise en question à chacune de ses décisions, le diable obstruant ses pensées lorsque les choses tournent mal. Son périple est bien plus qu'une simple mission de postière, c'est une véritable introspection. Tout comme Indika, vous allez être amené à vous interroger sur la religion, et pourquoi pas sur vous-même.
Un fugitif et une nonne, un pieux et une prisonnière

L'ambiance

Une vue glaciale sur le monastère. Brrr…

L'aventure d'Indika se déroule en Russie au début du 20e siècle, avant la révolution russe. L'atmosphère se veut à la fois sombre et fantastique, ce qui est excellemment réalisé par sa brillante mise en scène. Les bâtiments de style orthodoxe, l'hiver grisâtre semblant figé, les plans tous savamment pensés et les personnages surréalistes en font une œuvre épatante. Certaines quêtes sont longues et lassantes, d'autres puzzles font emprunter de mauvaises routes... Cela n'en fait pas pour autant un jeu ennuyeux. Indika est à la fois réaliste et surréaliste, monotone et vif. Les pensées intrusives d'Indika très virulentes et agressives clashent avec l'ambiance relativement passive du jeu. Son humour est perché, voire déroutant.


Tout au long de l'aventure, de nombreuses questions sont soulevées sur la piété, la croyance, ce qui définit le bien et le mal... Qu'est-ce qu'un corps sans âme ? Peut-on réellement exister sans corps ? Ces instants en feront réfléchir plus d'un, sans pour autant bombarder le cerveau d'informations. Les dialogues entre Indika et Ilya, le fugitif l'accompagnant, sont écrits de façon réaliste, et les doubleurs ont fait un excellent travail pour les rendre vivants.

Indika s'imagine tout cela comme un jeu, et se rappelle son passé sous un format plus « simple » (en style pixel art) pour rendre son existence moins douloureuse. Allumer un cierge à la gloire de Jésus, prier à la vue d'un cadavre font gagner des niveaux, comme si la nonne n'arrivait à vivre sa foi qu'à travers un jeu.

Une ambiance à la fois ordinaire et hors du commun

Pour qui ?

Indika et Ilya dos à dos, en route vers leur destin.

Indika n'est pas le genre de jeu qui se joue le soir pour se détendre après une longue journée. Il serait plus judicieux de le traiter presque comme un film qui fait réfléchir, sans être trop compliqué. C'est une expérience unique, qui par son gameplay diversifié saura ravir les joueurs habitués, mais aussi les moins expérimentés. Il n'y a pas besoin d'être croyant pour apprécier la beauté de ce jeu. Simple à prendre en main, les amateurs d'ambiance sombre et étrangement attrayante seront comblés en y jouant.
Un extraordinaire voyage vous attend

L'anecdote

Indika, visiblement à l'aise durant une cérémonie.

J'ai tout simplement adoré la direction artistique de ce jeu, et ai été agréablement surprise par sa partie philosophique. Après l'avoir fini, j'ai trouvé extrêmement intéressant de lire les avis d'autres joueurs, et également les différentes interprétations des sujets abordés. Que ce soit des avis négatifs ou positifs, Indika a le mérite de faire réfléchir et de ne pas laisser indifférents ses joueurs.

Indika est forte et vulnérable, humaine. Un personnage principal féminin autorisé à ne pas être infaillible, à avoir ses torts et agissant pour soi-même est un véritable régal. Je ne peux que recommander ce jeu. Bien que court, ses messages vous resteront longtemps en mémoire, et vous feront réfléchir sur la religion.

Pardon, mais c'est trop bon !
Les Plus
  • Une ambiance pesante et glaciale totalement réussie
  • Une diversification de gameplay plaisante
  • Un humour déstabilisant mais bienvenu
  • Une narration menée à merveille
Les Moins
  • Quelques bugs d'audio et d'affichage sur Switch 1 qui gâchent parfois l'immersion (surtout durant les scènes d'action)
Résultat

Indika est un jeu sombre, froid et surréaliste qui veut inciter ses joueurs à réfléchir sur le thème délicat de la religion. Son excellente mise en scène et son gameplay instable en font une expérience unique, à vivre au moins une fois dans sa vie. Que va apprendre Indika au cours de son périple ? Découvrez-le en y jouant !

Partagez ce test
Tribune libre