Test | Desperados
25 mai 2001

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Desperados

Edité par infogrames et développé par les studio allemands Spellbound auxquels on ne doit jusqu'ici qu'un petit "theme aeroport" passé inaperçu, Airport Tycoon, Desperados n'est clairement pas une œuvre originale. En effet, le concept même du programme est calqué sur le fameux et respectable Commandos sorti il y a déjà trois ans. Cela doit-il gêner ce petit jeu assez formidable pour autant ?

Il n'est pas question ici de faire un procès à infogrames, le procédé du « t'as une bonne idée je te pompe » étant assez courant dans le monde du jeu vidéo. Mais il est certains que Desperados et Commandos sont tellement semblables sur de nombreux éléments (nom, gameplay, traitement graphique) que la précision s'imposait. Ceci étant fait, ne soyons pas trop critique car outre ces similitudes, Desperados est un jeu à part entière avec une ambiance hors du commun qui se différencie de son illustre aîné sur un point très important : il se situe en plein Far West, à la bonne vieille époque des cowboys et autres pistoleros.

"Where are you marshall ?"

Le thème du Western a été très peu exploité par les jeux vidéos (souvenez-vous Outlaws, ça fait quand même un moment) et cela rend donc l'initiative tout de suite beaucoup plus sympathique. Rien que pour ça on a envie de remercier Infogrames – ouais, c'est quand même assez cool de flinguer des Banditos dans une hacienda mexicaine. Au fur et à mesure de sa progression on fini même par trouver que le western colle mieux à ce type de jeu que la 2nd guerre mondiale. Qui plus est, autant le dire tout de suite, ce Desperados est loin d'être raté, alors les comparaisons peu flatteuses avec son prédécesseur peuvent s'arrêter là.

Pour une poignée de dollars.

Les billets verts, c'est tout ce qui motive notre héros, John Cooper, chasseur de prime de son état, et le pousse à accepter le boulot que lui offre une société de chemin de fer du Nouveau Mexique. Retrouver les coyotes qui mettent certains transports à feu et à sang depuis quelques temps. La prime offerte pour retrouver les responsables s'élève à 15.000 dollars ce qui, avouons le, n'est pas rien pour l'époque. Un indice, le responsable serait un bandito mexicain du nom de Sanchez. John Cooper est un vrai cowboy, un de ces héros charismatique de l'Ouest sauvage capable de descendre une bouteille de whisky cul sec pour ensuite mieux la briser en plein vol d'une balle de son colt fétiche. Seulement voilà, notre Johnny national a bien conscience de ne pas être un surhomme et, appliquant le principe selon lequel on est jamais trop bien entouré, il va se mettre en route pour réunir une équipe digne de ce nom. C'est là que tout commence.

Ca a l’odeur du commandos.

Même que ça en a la couleur. Pour ceux qui débarquent ou qui auraient un PC depuis peu, le concept de Desperados est le même que celui du jeu de Pyro Studio : un jeu de stratégie et d'infiltration en 2D, utilisant une vue de dessus, et dans lequel vous contrôlez plusieurs personnages aux facultés diverses et complémentaires. A l'aide de ces alliés et d'une bonne dose de réflexion vous devrez remplir des objectifs donnés. Un exemple simple, l'une des missions, consiste à infiltrer une place forte bourrée de rascals, ouvrir la porte à vos camarades restés dehors, capturer le maître de la place discrètement pour enfin redescendre en massacrant tout le monde à grand coup de dynamite (une séquence défouloir d'ailleurs plutôt bienvenue). Dans certaines missions vous aurez également des limitations : devoir, par exemple, mettre tous les gardes d'une carte hors d'état de nuire sans en tuer un seul – stress garanti.

La horde sauvage.

Chaque personnage du jeu dispose de 4 facultés, plus une arme dont les munitions sont illimitées mais qu'il faudra tout de même recharger. Inutile de dire que la technique du bourrin aura peu de chance de réussir, vos ennemis étant toujours plus nombreux que vous. De plus un seul mort dans vos rang et c'est le game over direct. Dans cette bande de joyeux trublions John Cooper est le maître ès « six coups », il est également lanceur de couteau et utilise une montre musicale pour attirer l'ennemi qu'il pourra ensuite assommer et transporter dans un endroit discret. Sam est un expert en explosifs et à ce titre il pourra lancer des bâtons de dynamite ou faire sauter certaine partie du décor (prédéterminé par le scénario) à l'aide de barils de TNT trouvés sur les cartes.

Dr McCoy.

Le médecin du groupe, Doc McCoy, aura la possibilité, outre celle de prodiguer des soins, d'étourdir ses ennemis à l'aide de flacons soporifiques. Le Doc dispose également d'un fusil de précision. Enfin , Kate O' Hara est une joueuse professionnelle capable de se déguiser et de se promener librement sur les cartes. Elle peut aussi d'attirer l'ennemi dans ses filets en usant de ses charmes ou de ses cartes de poker. Elle finira généralement le travail d'un coup de pied bien placé. Deux autres personnages se joindront ensuite à l'équipe mais mieux vaut garder le mystère sur leur identité.

Beau comme une carte postale.

Graphiquement, le jeu est une réussite, les designers de chez Spellbound ont en effet réalisé un superbe travail de modélisation, la 2D a encore de l'avenir. Les décors sont de toute beauté tout en restant très variés. De l'hacienda à la ville fantôme en passant par une prison fortifiée c'est un panel des meilleurs décors de westerns qui est présenté ici. Les personnages sont eux aussi très bien réalisés et animés, bien qu'on puisse les trouver un peu petit. La encore la variété est au rendez vous car j'ai dénombré pas loin d'une vingtaine de modèles différents et ce uniquement chez les ennemis – car il y a aussi des civils. Parlons en de ces civils, qui ne sont pas de simples éléments de décors.

Un monde vivant.

Ils réagissent à chacune de vos actions : commettez un meurtre sous leurs yeux et ils iront cafter en paniquant au garde le plus proche. Il est possible de les assommer pour les calmer mais interdiction de les tuer. Les ennemis ont bénéficiés eux aussi d'une intelligence artificielle de luxe puisqu'ils réagissent à la vue mais aussi au son. Ainsi pendant les missions nocturnes, leur champ de vision rétréci sera compensé par une ouie plus sensible. Il existe plusieurs type d'adversaires différents et on peut remarquer la présence de chefs qui organisent l'activité des sous-fifres. Dans ces conditions vous comprendrez aisément qui il faudra supprimer en premier.

Un gameplay efficace.

C'est inévitable, il nous faudra encore évoquer Commandos pour aborder la question du gameplay. Les habitués ne seront pas dépaysés, c'est le même. L'interface est simple et limpide, une image du personnage sélectionné et cinq onglets correspondant à ses facultés en haut à gauche de l'écran, on clique sur l'onglet correspondant à l'action sélectionnée et c'est parti. Une carte est disponible dans le coin droit de l'écran, elle affiche les ennemis et les objets disséminés dans les niveaux. Un double clique sur la photo d'un personnage situé dans le coin inférieur droit permet de centrer l'action sur lui.

Mr Big Shot.

Les raccourcis claviers sont bien utiles pour goupiller le déplacement des personnages à la souris et les actions que l'on veut leur faire entreprendre. Innovation majeur par rapport à Commandos, la touche d'action rapide. Grâce à cette fonction, vous pourrez enregistrer une action et la reproduire quand vous le désirerez en appuyant sur espace. Bien pratique pour lancer des attaques groupées ou quand un bon timing est nécessaire à la réussite. Cette touche offre également la possibilité de tirer 3 fois de suite et instantanément avec John Cooper.

Desesperados.

Le tableau aurait pu être idyllique si la difficulté du jeu n'était pas aussi rédhibitoire. Difficile de faire plus stressant que Desperados, et il faut plus que de la patience pour en venir à bout. Un sang froid à toute épreuve est indispensable pour résister à l'envie de balancer son PC par la fenêtre parce qu'on vient de recommencer la même action pour la vingtième fois. Les deux touches que vous utiliserez le plus en jouant à Desperados sont les touches de chargement et d'enregistrement rapides, ce qui donne une vague idée du désespoir dans lequel vous risquez de plonger. Une fois arrivé au bout des 25 missions que compte le jeu (en réalité 18 car 6 sont des tutoriaux destinés à se familiariser avec chacun des personnages et la dernière est un bossfight) vous pourrez constatez qu'une épaisse couche de gras recouvre ces deux touches rendues illisibles.

Pour quelques dollars de plus.

Car en plus d'être très difficile Desperados est long – on pourrait d'ailleurs lancer le débat, la qualités d'un jeu est-elle proportionnelle à sa durée de vie ? Si c'est le cas Desperados est tout simplement excellent. Seulement beaucoup de joueurs débutants (et même les autres) risquent d'être découragés par cette difficulté décidément trop élevée. Malgré tout, Desperados est diablement accrocheur. Il suffit de passer les 4 premières missions pour être ferré, scotché, menotté à l'écran. Le scénario est intelligent et le joueur persévérant sera récompensé à la fin de chaque mission par des cinématiques très bien réalisées. Si la colle prend, mieux vaut prévoir un sandwich et du café vous n'êtes pas prêt de décoller. Pour vous donner un ordre d'idée Il faudra compter 4 heures par mission. Les développeurs ont tout de même su renouveler l'intérêt à chaque niveau avec des cartes très différentes et des objectifs variés. Mais encore une fois profiter de toutes ces bonnes choses se fera au prix d'un acharnement sans faille.

Ce jeu c’est de la balle...

malheureusement trop souvent en pleine tête. Explications : Desperados avec son ambiance western offre une excellente alternative au futur Commandos 2. Le titre de Spellbound est bien réalisé et ne se contente pas d'être une vulgaire copie sans saveur : les graphismes assurent et le dépaysement est au rendez-vous. En plus les jeux se déroulant à cette époque sont tellement rares qu'il serait vraiment dommage de ne pas en profiter, surtout que l'ambiance est là, vieux stetson rabougris, caches-poussières balayés par le vent, rascals et coyotes à foie jaune.
Les Plus
  • Le premier Commandos-like, une réussite
  • L'ambiance Western
  • Un jeu presque hypnotique
  • Les graphismes très soignés
  • Une durée de vie exceptionnelle
Les Moins
  • Trop peu d'innovation par rapport à Commandos
  • La difficulté décourageante
Résultat

Seulement voilà, la difficulté risque de rebuter le joueur occasionnel, en particulier s'il n'a jamais joué à Commandos (déjà super coton dans son genre) ou s'il cherche juste un jeu pour passer le temps. Desperados demande de l'investissement (tant mieux) et beaucoup de temps. Au final, peu nombreux seront les joueurs qui parviendront au bout de ce challenge relevé. Ce jeu est tout à fait à l'image de l'ouest tel qu'on le représente dans les images d'Epinal… sauvage, dur et impitoyable.

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