Test | Gotham Knights
21 nov. 2022

Pas de coup de mou chez les Batoux

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Gotham Knights

Après s'être fait la main sur un Batman : Arkham Origins qui avait du mal à se démarquer de ses glorieux aînés, l'équipe de Warner Bros Montréal continue sur sa lancée. Ou plutôt, se lance dans un nouveau défi : faire un jeu Batman sans Batman. En effet, même si l'ombre du Chevalier Noir plane, il n'apparaît que très peu dans Gotham Knights. Pour le remplacer, pas moins de quatre "nouveaux" héros mais également une Cour des Hiboux enfin mise à l'honneur dans un jeu de la licence. Un vent de fraîcheur sur Gotham dont, pour une fois, Mr Freeze n'est pas l'unique responsable.

L'histoire

«Si vous regardez ça, c'est que je suis mort. » L'entrée en matière de Gotham Knights est brutale : Bruce Wayne n'est plus. Ce message vidéo est adressé à quatre de ses fidèles alliés : Batgirl, Robin, Red Hood et Nightwing. À l'issue d'une énième confrontation avec l'écoterroriste Ra's al Ghul, Batman se voit contraint de détruire la batcave et tout ce qu'elle contient, lui avec. Son ennemi réputé comme étant le plus habile et mystérieux aura donc enfin réussi là où tous les autres ont échoué.

Un tas de gravats, voilà ce qu'il reste pour protéger Gotham. Heureusement le quatuor des ayants droit de Batman est là, le célèbre majordome Alfred aussi. Et ils ne se seront pas trop de cinq pour mater les malfrats de la ville, remettre en cellule les Mr Freeze, Harley Quinn et autres Gueule d'Argile. Mais surtout pour enquêter sur la Cour des Hiboux et empêcher cette société secrète d'étendre son empire et ses méfaits sur Gotham.

Ne vous attendez pas à une suite d'Arkham Origins, Gotham Knights déroule une histoire sans liaisons avec la précédente trilogie. Il faut bien avouer qu'en l'absence de son protagoniste principal, c'eût été compliqué. En tous cas, le scénario qui vous est proposé ici est plutôt de facture correcte. Il amène son lot de rebondissements, notamment du côté de cette fameuse Cour des Hiboux dont on ne connaissait finalement pas grand-chose...
Batou a passé le Batarang à gauche

Le principe

Gotham, de nuit, c'est beau comme un setup de stream multicolore.

Aaah, parcourir Gotham la cape au vent, sous la pleine lune, parfois dans la brume, zigzaguer entre les buildings tel l'homme araignée (merci le grappin), slalomer dans les ruelles sombres perché sur un Batcycle, surprendre des malfrats en flagrant délit, passer à la loupe des scènes de crime, taper la discute avec le Pingouin, sauver des organes... Le menu est copieux et il faut dire que le terrain de jeu(x) proposé par Gotham Knights est large, plutôt joli et d'une cohérence qui n'empêche pas la diversité. Vous retrouvez ainsi avec plaisir des lieux emblématiques tels que la prison de Blackgate, l'asile d'Arkham et même l'Iceberg Lounge qui n'est que rarement reconstitué en dehors des comics et qu'on a pu croiser dans le récent film The Batman.

Si l'open world développé par Warner Bros Montréal tient la route, il n'échappe pas à la redondance. Effectivement, l'action se déroule toujours de nuit et retourner à votre QG, le Beffroi, réinitialise la carte. Les délits et crimes sont replacés quasiment aux mêmes endroits avec des ennemis qui level-up à la même vitesse que vos héros. Il s'agit bien sûr ici des activités annexes car, fort heureusement, l'intrigue principale suit des chemins beaucoup moins systématiques. Le meilleur exemple reste le dossier Harley Quinn dont les situations offrent des surprises assez réjouissantes. Idem concernant l'enquête sur la Cour des Hiboux qui propose de très bonnes séquences aussi bien au niveau du gameplay qu'en terme de narration.

Et les combats dans tout ça ? Même principe et donc niveau que dans la trilogie Arkham. C'est propre, fluide, stylé et ça permet quelques combinaisons sympathiques notamment en coop. L'infiltration n'est pas en reste avec des défis « éliminez des ennemis sans vous faire repérer » par exemple. N'hésitez pas à dérouler les entraînements lorsque vous êtes au Beffroi. Ça vous permet non seulement de maîtriser des actions bien utiles lors d'affrontements majeurs, mais également de débloquer des bonus.
Inner Gotham City Blues

Les héros

Batgirl n'a pas besoin de queue pour éclater des boules.

Dans Gotham Knights vous pouvez incarner quatre super-héros auxquels Batman a confié la lourde tâche de veiller sur la ville. Nightwing se place naturellement en leader du groupe (à moins que ce ne soit Alfred...) et dispose de capacités adaptées à son style athlétique. En pratique, il apparaît comme le personnage le plus équilibré à jouer, mais aussi celui qui s'adonne à un second degré bienvenu au milieu de l'obscurité ambiante.

Vient ensuite Batgirl et ses multiples facettes. Kick-boxing, capoeira et ju-jistu, un mélange détonnant qui vous offre de belles sensations quand il faut cogner. Ajoutez ses capacités à pirater caméras de surveillance et lasers de détection pour obtenir un choix judicieux si vous aimez la subtilité. Une chose est sûre : après le calamiteux Batman & Robin de 1998 et le dispensable DLC de Batman : Arkham Knight, Batgirl tient enfin sa revanche en tant que personnage jouable.

À l'inverse, Red Hood est un cogneur avec lequel vous pouvez foncer dans le tas sans trop vous poser de questions. Il tire aussi bien qu'il cogne puisque c'est le seul membre de la Bat-family à n'avoir aucun souci avec l'utilisation d'armes à feu. Ainsi, le plaisir du double gun est bien présent, encore plus si vous êtes nostalgique de Lara Croft.

Le petit dernier, c'est bien sûr Robin. Le maniement de son bâton long est très pratique en combat, voire même plaisant. Et sa capacité à se téléporter permet des tactiques d'approches plus originales. Vous pouvez facilement vous attacher à lui car c'est le personnage qui fait le plus preuve d'émotion à l'évocation du regretté Bruce Wayne.
We are Bat-family

Le multi

En coop, le jeu prend une dimension très appréciable.

Atout majeur de Gotham Knights : un mode coop à la carte qui vous permet d'être rejoint par un(e) collègue à n'importe quel moment de l'aventure. Si parcourir les rues de Gotham et bastonner les vilains en duo pour la partie libre vaut son pesant de cacahuètes, remplir à deux les objectifs de la quête principale vous offre des possibilités d'approches plus stratégiques, notamment lors des combats de boss. Bémol : pas de crossplay ni de mode local.
Quand on arrive en ville

Pour qui ?

Ce premier contact avec les ergots est joliment mis en scène.

Même en l'absence de Batman, l'univers de la licence fait plutôt bonne figure dans Gotham Knights. Ainsi, les fans de la première heure peuvent y trouver leur compte, en tous cas s'ils parviennent à s'extraire du réflexe de comparaison avec la trilogie Arkham qui avait mis la barre très haute. L'utilisation inédite de la Cour des Hiboux dans un jeu vidéo peut atténuer leurs légitimes réticences.

Du côté des néophytes, Gotham Knights n'a sans doute pas tous les atouts du monde ouvert urbain indispensable (il pêche notamment par son manque d'effervescence), mais il y a de quoi y passer du bon temps. Si vous avez apprécié des jeux tels que Marvel's Spider-Man ou encore InFAMOUS, lancez-vous, vous pourriez avoir de bonnes surprises.
Inutile d'ergoter si vous aimez Batman

L'astuce

Red Hood ne fait pas que rentrer dans le lard, il l'apprécie aussi.

Oyé, Oyé, adepte du platinage ! Comme tout bon monde ouvert qui se respecte, Gotham Knights regorge d'objets à collectionner : batarangs abandonnés, street-arts à scanner, plaques de monuments à localiser... Pour que cette récolte soit moins rébarbative, faites-le en coop. En chemin, vous pourrez en plus en profiter pour tabasser quelques ennemis en binôme histoire de garder vos muscles alertes.
Le 100 % en duo
Les Plus
  • La cinématique d'ouverture, modèle du genre
  • Des vilains moins habituels
  • Une Harley Quinn toujours en grande forme
  • Un mode coop à la carte
  • Enfin un levé de voile sur la Cour des Hiboux
  • Gotham est toujours aussi belle la nuit
  • Une Bat-family équilibrée
Les Moins
  • Les caprices du grapin
  • Une ville nocturne qui manque d'effervescence
  • Des répétitions dans les quêtes secondaires
  • L'engin aérien de Lucius Fox n'est pas jouable
  • Un petit manque de brin de folie
Résultat

Sans être parfait, Gotham Knights parvient facilement à vous embarquer dans une aventure dont Batman n'aurait pas à rougir. Malgré le poids de l'héritage, la Bat-family assure l'intérim avec efficacité, variété et parfois une certaine émotion. Même s'il manque la pointe d'effervescence et de folie qui aurait rendu ce monde ouvert encore plus agréable, l'équipe de Warner Bros Montréal signe ici un jeu tout à fait honnête, surtout si vous avez la possibilité de le découvrir en coop.

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