Test | F1 2021
15 août 2021

Une progression timorée

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F1 2021

Beaucoup de joueurs se demandaient si les jeux de F1 allaient garder leur âme. En effet, depuis l'épisode précédent, Codemasters est passé sous le giron d'EA, avec tout un tas de questions soulevées (place des micro-transactions, etc.). F1 2021 se devait donc de rassurer les fans de la licence.

L'histoire

L'influence d'EA se trouve dès le menu principal. En effet, F1 2021 intègre un mode scénarisé intitulé Point de Rupture. Il s'agit pour ainsi dire d'un équivalent aux modes scénarisés des autres jeux de sport de l'éditeur tels que FIFA. Ici, vous jouez Aiden Jackson qui intègre une équipe de F1 avec les problèmes et rivalités que cela implique. Le résultat n'est toutefois qu'en partie convaincant – comme pour les autres jeux de sport de l'éditeur, d'ailleurs. Nous regrettons avant tout l'américanisation à outrance de l'ensemble. Comme pour FIFA, il est quand même difficile de trouver dans ce mode une certaine authenticité, tant le spectacle et la dramaturgie semblent "forcés". De ce fait, le fan de F1 (et même de sport en général) trouvera ici tous les poncifs et archétypes des jeux de sport sans grande originalité.

L'un des personnages le dit lui-même au début du jeu : « vous êtes dans une sitcom ». Et pour finir de se convaincre, on peut aussi penser à ce passage où la mère du héros l'appelle pour le conseiller sur sa carrière en évoquant sa grand-mère. Mouais. Le problème, c'est que tout ce tralala est aussi visible dans la progression du mode, terriblement simpliste. Alors que l'ensemble aurait pu faire un excellent didacticiel, les développeurs ont décidé d'intégrer des objectifs. En résulte l'impression d'être soumis à un fil rouge. Votre coéquipier vous accroche ? L'objectif est alors de gagner quatre places pour finir au moins 10e. Pourquoi ? Aucune idée, c'est simplement le jeu qui vous l'ordonne, sans raison. Votre place n'influe en rien sur la dramaturgie et la prochaine cinématique. On peut alors se demander l'intérêt de tout cela, si ce n'est de générer de la frustration chez le joueur.
Un mode scénarisé en guise de gros morceau

Pour qui ?

On retrouve la difficulté modulable présente sur tous les jeux de course depuis 15 ans.

Impossible de ne pas parler de la gestion de la difficulté de F1 2021. En voyant des objectifs vous échapper dans le mode Point de Rupture (alors que ces derniers vous demandent parfois d'effectuer 15 minutes de course), vous aurez parfois envie de réduire la difficulté du jeu. Mais en le faisant, vous ne baissez pas seulement le niveau des adversaires, mais également une bonne partie de l'aspect simulation du jeu.

Bien sûr, dans les autres modes (qui incluent un habituel mode Carrière – cette fois jouable à deux en ligne), vous pouvez modifier tous les réglages et l'intégralité de l'expérience autant que vous le voulez. C'est le côté ubuesque de tous ces jeux à difficultés modulables : à force de laisser le joueur choisir, les développeurs n'équilibrent plus grand-chose. Et y compris dans les pans scénarisés.

Le souci, c'est qu'il ne se dégage pas de grande nouveauté dans F1 2021 par rapport à ses prédécesseurs, alors même que le changement de crèmerie aurait dû apporter de la fraîcheur. Nous sommes à la fois dans le terrain connu d'EA, et dans celui de Codemasters ; peut-être pour le meilleur (à l'avenir ?) mais plutôt pour le pire en l'état. F1 2021 s'adresse éventuellement aux adeptes de la série Netflix romancée Drive to Survive (une vitrine de choix pour une F1 qui était jusqu'alors moribonde), mais sans doute pas assez à ceux qui chercheraient un jeu de course véritablement novateur.
Peu de nouveautés dans le fond

Les graphismes

La modélisation des pilotes est impressionnante. Regardez l'expression de son regard.

Pourtant, tout n'est pas à jeter. L'influence de EA se fait déjà ressentir sur d'autres aspects et notamment sur la technique. Le jeu ne met pas beaucoup en valeur les Xbox Series X et PlayStation 5, la faute à un rendu assez similaire aux épisodes précédents. Toutefois, il faut reconnaître que le titre tourne comme un charme ou presque, avec zéro ralentissement et une gestion de l'éclairage plus naturelle que d'ordinaire. Surtout, les cinématiques du mode Point de Rupture sont assez bluffantes en comparaison d'autres jeux de sport. Les pilotes, leurs combinaisons, le paddock et autres journalistes sont parfaitement détaillés. Plus important encore : les expressions faciales des protagonistes sont incroyables de réalisme, avec des regards retranscrivant parfaitement les différentes émotions. Côté commentaires de ce mode Histoire, on retrouve Julien Fébreau (Canal+) pour ce qui est de la version française. Autant dire que ce n'est vraiment pas pour l'aspect technique et l'emballage que l'on s'inquiète de l'avenir de la série de F1.
Une vision de l'avenir

L'anecdote

Des modes classiques sont présents mais nous déplorons l'absence d'un mode destiné aux Légendes.

Bien sûr, F1 2021 propose aussi ses modes habituels. Qu'il s'agisse de la possibilité de créer ses propres grands prix ou du mode Carrière plus conventionnel que son mode scénarisé. Il est amusant de souligner que ce dernier propose désormais de jouer à deux en ligne... et on se demande quand même si les développeurs vivent parfois dans le même monde que nous : bon courage à ceux qui voudraient faire correspondre leur emploi du temps avec ceux de leurs amis.
Une idée bonne sur le papier mais...
Les Plus
  • La modélisation des pilotes
  • Les forces de ces dix dernières années
  • Les nouveaux venus en auront pour leur argent
Les Moins
  • Une révolution – au moins graphique – devient impérative
  • Le scénario du mode Point de Rupture
  • Pas de vrai gap technique lors des courses
  • Les faiblesses de ces dix dernières années
Résultat

Difficile d'être vraiment emballé par F1 2021. Solide sur le plan technique mais sans plus. Jamais novateur. Implémentant un mode scénarisé qui aura tout intérêt à être éphémère (nous espérons ne pas nous coltiner les archétypes du genre chaque année)... Le jeu de course de Codemasters ne déçoit pas plus que cela, mais il ne surprend jamais. Pour les joueurs qui s'essayent à la licence depuis 10 ans, l'impression d'une stagnation désormais durable se fait sentir. Reste alors les nouveaux venus qui pourront y trouver leur bonheur. C'est peu et beaucoup à la fois.

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