Test | Sekiro : Shadows Die Twice
29 mai 2019

Le triomphe par la mort

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Sekiro

Le nom de From Software apparaît à l'écran que vous transpirez déjà ? Étrangement, accolé à celui d'Activision, la peur passe déjà bien vite et l'idée d'un jeu dans la lignée des Dark Souls mais en plus facile avait de quoi inquiéter. Pourtant, les premières minutes suffisent à rassurer : vous n'allez pas mourir que deux fois dans Sekiro : Shadows Die Twice.

L'histoire

Japon, milieu du XVIème siècle, les conflits sont légion dans ce pays qui ne connaît plus le repos depuis presque 70 ans. Après un énième conflit qui a vu le clan Ashina vaincre ses ennemis, un jeune garçon est sauvé sur le champ de bataille par un maître shinobi. Sekiro, « Loup », c'est vous. Devenu adulte, vous assurez la protection d'un jeune maître dont les origines sont liées à une prédiction. Mais vous échouez dans ce rôle et êtes laissé pour mort. Avide de vengeance et équipé d'une prothèse fort utile, vous reprenez en main votre destin pour tenter d'arrêter les évènements en cours.

Basé sur un contexte bien réel, votre aventure va pourtant s'écarter petit à petit de la réalité pour vous proposer une fantaisie maîtrisée. Contrairement aux différents épisodes de la série Dark Souls, From Software vous propose un jeu plus scénarisé où vous n'avez pas la possibilité de personnaliser votre héros. Mais cette scénarisation crée un attachement plus important pour votre personnage et son histoire, même si tout n'est pas compréhensible avant le milieu du jeu. Techniquement parlant, Sekiro n'est pas un monstre du genre, montrant ici et là quelques manques de finition. Pourtant la direction artistique est juste et équilibre largement les défauts techniques. Parfois poétique, souvent vertigineux, les paysages et décors participent grandement à la réussite du jeu. Le tout est accompagné d'une bande son sobre qui remplit parfaitement son rôle.
La vengeance dans le sang

Le principe

Le moindre affrontement peut se révéler périlleux.

Difficile d'aborder Sekiro sans évoquer les deux œuvres majeures de chez From Software : Tenchu et Dark Souls. Et pour cause, le jeu emprunte beaucoup à ces deux illustres modèles. À la troisième personne, vous incarnez un shinobi dans un jeu qui mélange exploration, infiltration et combats ardus. La prothèse shinobi est ce qui amène le plus à l'exploration. Grâce à sa partie grappin, votre personnage peut s'accrocher à certaines parties du décor et tracer son chemin comme le vent même si les points d'accroche sont très limités. Il est alors tout à fait possible de se balader dans les niveaux à la recherche des nombreux secrets cachés. Très réactif, Loup est particulièrement habile et agréable à manier. Le jeu dispose d'une belle verticalité, d'environnements conséquents et de plein de petits recoins à fouiller. Et de votre faculté à explorer correctement un niveau va dépendre l'angle d'attaque que vous pourrez envisager pour vos combats : l'infiltration ou l'affrontement de face.

Avec ses techniques shinobi, Loup peut s'éviter de longs combats en assassinant discrètement ses ennemis. En utilisant divers moyens pour se camoufler ou en détournant l'attention des ennemis, les assassinats vous permettent de progresser plus facilement sur votre parcours. Il est même possible de se faciliter les combats contre les demi-boss en leurs retirant une partie de leur santé. Il en va de même pour la course à l'expérience qui est elle aussi facilitée par cette approche. L'IA est malheureusement un peu décevante, avec des ennemis qui abandonnent les recherches au bout de quinze secondes (y compris les animaux...) et des cadavres qui ne les inquiètent pas plus que ça. Et une fois repéré, si le nombre d'ennemis a suffisamment diminué, vous passez alors en mode duel pour affronter les ennemis restants.

Pour la partie combat, vous trouvez beaucoup de similitudes avec Dark Souls à commencer par l'apprentissage des paternes obligatoires pour vaincre un ennemi, l'utilisation d'objets de soin limités et la mort qui rythme votre progression. Le système est basé sur l'alternance d'attaque, de parade, de contre et d'esquive. Lors des combats contre les mini-boss ou les boss, il faut d'abord se débarrasser des gardes puis tourner autour de l'adversaire en regardant comment celui-ci agit. Une fois l'ensemble des coups observés, vous commencez alors votre longue besogne qui consiste très souvent à mettre deux ou trois coups et esquiver pour recommencer. Avec sa prothèse, Loup peut aussi combiner des coups comme lancer des shurikens ou briser un bouclier avec un coup de hache. En ajoutant les différentes techniques que vous pouvez apprendre dans les arbres de compétences, il ne tient qu'à vous de perfectionner votre art.
S'infiltrer pour observer et finir par mourir

Pour qui ?

Un grand espace, rien à l'horizon : c'est le combat de boss assuré.

Jeu estampillé From Software oblige, attendez-vous a trouver de la difficulté. Comme dans les derniers titres du développeur, la mort est votre meilleure amie ou presque. Si elle peut vous coûter cher en jeu, elle vous permet de progresser régulièrement, d'accepter la fatalité des choses et finalement de vaincre vos ennemis. Pourtant, par rapport aux derniers titres de From Software, le rythme est plus élevé et vous impose de maîtriser les techniques de posture pour progresser.
La mort comme meilleure amie

L'anecdote

Pour acquérir toutes les techniques, il vous faut passer par le farming d'expérience.

Afin de vous aider dans votre progression, l'équipe de From Software a implémenté une seconde chance (d'où le titre du jeu). Vous avez la possibilité, lors de votre mort, de vous réanimer. Pouvoir lié à votre sang du dragon, cette capacité peut par exemple vous permettre de finir un combat contre un boss alors que sa barre de vie était basse. Mais, vu que rien n'est jamais gratuit, il y a un double système de pénalité. Déjà, le taux de chance que votre mort n'impacte pas vos gains d'argent et d'expérience est diminué si vous utilisez la résurrection, mais en plus, la peste du dragon s'abat sur les PNJ qui vous aident. Plus vous l'utilisez, et plus les PNJ sont malades, ne pouvant ainsi plus interagir avec vous. Ayant fait le choix de ne pas m'en servir, j'ai pourtant dû subir rapidement cette affliction. En éteignant incorrectement le jeu et la console, je me suis retrouvé à subir la pénalité, le jeu me considérant comme mort et ressuscité. Comme quoi, respecter les consignes c'est important.
La double peine
Les Plus
  • La direction artistique est sublime
  • La bande son la magnifie
  • La sensation de liberté que procure le grappin
  • Les combats beaucoup plus dynamiques que dans les Souls
  • La verticalité proposée
  • L'infiltration qui permet de varier les situations d'approche
  • L'arbre de compétences et les différents gadgets qui modifient votre façon de jouer
Les Moins
  • En milieu clos, la caméra a du mal à suivre
  • Les ennemis arrêtent parfois un peu vite les recherches
Résultat

Rager, insulter, blâmer, appréhender et enfin vaincre sont les étapes d'une partie de Sekiro. De la difficulté à battre son ennemi du moment naît le plaisir d'affronter le suivant. Et si visuellement, Sekiro sait se montrer séduisant, c'est bien son ambiance et son bestiaire qui vous retiendront le plus longtemps. La technique n'est pas parfaite et certains passages sont frustrants, mais assez étrangement vous y revenez facilement, ne serait-ce que pour le plaisir d'explorer une nouvelle zone.

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