Test | Battlefield 1
04 déc. 2016

Nanarland, mais à plusieurs

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Battlefield 1
  • Éditeur Electronic Arts
  • Développeur DICE
  • Sortie initiale 21 oct. 2016
  • Genre First Person Shooter

Rien ne vaut une bonne guerre mondiale ! C'est probablement ce que s'est dit Electronic Arts après les couacs techniques de Battlefield 4 et un Battlefield Hardline jugé décevant par de nombreux joueurs. Battlefield 1 vous propose donc de replonger dans la Première Guerre mondiale.

Avant-propos

Cela ne vous aura pas échappé, Battlefield 1 a axé sa communication sur son scénario, mais surtout un retour à la Première Guerre mondiale. Un retour espéré par de nombreux fans de jeux de tir, et qui a valu bien des misères à Call of Duty : Infinite Warfare, moqué pour son désir de s'envoyer en l'air (dans l'Espace). Cette précision a son importance car il est impossible de juger Battlefield 1 comme un FPS lambda. Si l'ambition affichée n'est pas forcément synonyme d'arrogance, gageons qu'elle s'apparente au moins à une promesse.
Ambition et promesse

L'histoire

Ceci est inspiré de faits réels.

Premier constat : Battlefield 1 propose une campagne tout bonnement risible. Alors que certains jeux dénoncent la guerre en sous-texte, le titre de DICE la glorifie "à l'américaine". Le jeu vous propose de participer à six récits dont l'ordre ne dépend que de vous. Et autant être franc : Battlefield 1 fait dans le mélo de façon absurde. Entre la jeune recrue prise sous l'aile du vétéran ou le soldat italien qui part à la recherche de son frère en solitaire (abattant des dizaines de soldats sur son passage), il y a de quoi faire. Plus drôle encore : ces textes qui vous narrent le côté dramatique de la guerre à coup de pensées cucul la praline. "Les familles furent détruites par les morts, mais aussi par les retours des soldats", etc. Des phrases particulièrement cocasses quand vous venez de dézinguer des dizaines de soldats dans une armure digne du premier Iron Man. Et le pire, c'est que l'éditeur américain prévient dès l'entrée en matière : "les événements de ce jeu sont inspirés de faits réels."
"C'est en visant la Lune qu'on atterrit dans les étoiles" – Lawrence d'Arabie

Le principe

Les phases d'infiltration sont aussi convenues que dans les autres épisodes de la série.

L'autre déception, c'est que Battlefield 1 ne tire jamais profit de la Première Guerre mondiale pour passer un cap en matière de gampeplay et de level design. Si le jeu est très beau, il ne retranscrit pas les affres de la guerre. Pour faire simple : la campagne rappelle n'importe quel mode solo de ces dix dernières années. C'est dommage car la Première Guerre mondiale n'a été que très peu exploitée et reste un conflit atypique compte tenu de ses batailles (et de la prédominance de la guerre de tranchées).
Soldat trop bien connu

Le multi

Sans surprise, la campagne vous permet d'alterner les styles de jeu (et les véhicules).

Pour trouver une vraie évolution, il faut se tourner vers le multi. De ce point de vue, Battlefield 1 est un épisode particulièrement complet qui utilise, pour une fois, son cadre à bon escient. Ainsi, le mode Opération vous permet de prendre part à une véritable guerre : vous menez des assauts sur une carte gigantesque (en réunissant plusieurs autres) et vous devez capturer des points sur la ligne de front. Évidemment, vous pouvez aussi vous retrouver à défendre. Globalement, le mode est moderne dans la mesure où les transitions sont intégrées aux parties. C'est aussi au sein de ce mode de jeu que des maps plutôt réussies font leur apparition. Elle retranscrivent assez bien l'idée que vous pourriez vous faire d'un champ de bataille. Toutefois, il s'avère un peu dommage que l'ensemble ressemble à un joyeux bazar, banalisant chaque mort quand un jeu comme Verdun vous faisait avancer la peur au ventre.

Pour trouver un véritable aspect tactique, il faut plutôt se tourner vers le mode Pigeons de Guerre. S'il est moins impressionnant visuellement, il se révèle plutôt amusant. L'objectif de votre équipe est de récupérer un pigeon à un endroit neutre avant de le laisser s'envoler pour envoyer un message au QG. C'est après plusieurs volatiles envoyés que vous verrez votre camp bombarder la carte pour vous faire gagner la partie. Plutôt amusant, ce mode a aussi un beau potentiel compétitif.
Capitaine multi, il faut sauver le soldat Battlefield

Pour qui ?

Battlefield 1 signe le retour des décors destructibles. Une très bonne nouvelle !

Battlefield 1 séduira les adeptes de jeux clinquant et qui se déroulent dans un cadre rétro. Certes, mais jamais le jeu ne voit plus loin que cette fainéante ambition. En un sens, il est loin d'un titre radical comme Verdun qui, s'il est bien moins attrayant et accessible, propose un gameplay en adéquation avec son thème. Reste un multi convaincant voire même impressionnant sur la forme.
Les amateurs de multi (et de nanars)

L'anecdote

Visuellement, le jeu est impressionnant et donne envie de faire des batailles dans la boue.

La campagne de Battlefield 1 est aussi bête que le jeu est beau. Ainsi, bien que les affrontements et le scénario soient absurdes, certains passages sont particulièrement réussis sur le plan visuel. Soulignons d'abord les effets de lumière, mais surtout la boue. Rares sont les jeux qui m'ont autant donné envie de ramper pour me salir !
Un soldat sacrifié
Les Plus
  • Très beau
  • Un multijoueur solide
  • En particulier les modes Opération et Pigeon de Guerre
  • Le retour des décors destructibles
Les Moins
  • Un scénario risible
  • Une campagne très pauvre sur le plan ludique
  • L'impression d'avoir une simple "skin" Première Guerre mondiale
  • Jamais assez radical pour avoir un intérêt remarquable
Résultat

Battlefield 1, c' était la promesse du changement. Hélas, ce n'est pas pour tout de suite. Electronic Arts nous avait promis un retour à la Première Guerre mondiale. C'est le cas mais le travail de fond n'est pas au rendez-vous. Avec une campagne catastrophique, d'un classicisme sans nom et d'un sentimentalisme écœurant, Battlefield 1 propose un solo tout ce qu'il y a de plus convenu. Reste heureusement un multijoueur à la forme éclatante, qui exploite (relativement) le thème initial, et porté par deux modes particulièrement efficaces. C'est beaucoup et peu à la fois, surtout compte tenu de la promesse d'origine.

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