Test | Abzû
09 août 2016

La symphonie abyssale

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Abzû
  • Éditeur 505 Games
  • Développeur Giant Squid
  • Sortie initiale 2 août 2016
  • Genres Aventure, Réflexion

Après le bucolique Flower et l'hypnotique Journey, l'artiste Matt Nava continue de dérouler sa vision très contemplative du jeu vidéo avec Abzû. Serez-vous prêt à le suivre une fois encore ?

L'histoire

Dans Abzû, vous suivez la destinée d'un humanoïde plongé au beau milieu de l'océan par on ne sait quelle force divine. Vous démarrez à la surface, entouré d'algues flottantes et de quelques bancs de poissons accueillants. Bien entendu, l'attrait des fonds marins va vite se faire sentir et vous entraîner dans une descente en eaux profondes, pas troubles pour un sou. En explorant les environs, vous allez découvrir des choses étonnantes, souvent majestueuses, vous laissant parfois la bouche ouverte devant la grâce de ce monde aquatique. Mais les abysses réservent encore plus de surprises, voire même quelques questions métaphysiques pour les plus cérébraux d'entre vous.

Le titre du jeu est dérivé de deux anciens mots : "ab" (océan) et "zu" (savoir/connaître). C'est exactement le postulat de départ de Abzû : apprendre à mieux connaitre les fonds marins et ses nombreux occupants. Un mode "méditation" est d'ailleurs disponible, mode dans lequel vous pouvez switcher d'un poisson à l'autre, son nom apparaissant en bas à droite de l'écran. Ce côté pédagogique est intéressant car il ramène chaque joueur que nous sommes à son enfance, période où on plaquait facilement son nez contre la vitre d'un aquarium pour observer ces drôles d'animaux qui font des bulles... Mais nous ne sommes pas sur Discovery Channel. Alors voyons donc si Abzû a aussi des atouts ludiques à proposer.
Après les dunes, les abysses...

Le principe

Le spectacle est grandiose pour qui aime les rencontres improbables.

À l'image des précédentes productions auxquelles a participé Matt Nava, Abzû propose un gameplay minimaliste. Vous avancez donc presque en ligne droite (même si l'environnement aquatique vous permet d'évoluer dans toutes les directions, il n'y a en pratique qu'un seul chemin), et vous interagissez de temps à autre avec certains éléments. Cette accessibilité fait justement toute la force du jeu : si les interactions sont peu nombreuses, elles permettent des séquences assez magiques, notamment concernant la faune locale. Vous pouvez ainsi vous agrippez à certains poissons et autres mammifères marins pour les suivre dans leur nage. Encore une fois, cela fait écho à notre âme d'enfant. Qui n'a jamais rêvé d'évoluer aux côtés d'un dauphin, accroché à sa nageoire dorsale ? Ou encore de suivre une baleine à bosse lors de son petit-déjeuner (les dimensions impressionnantes sont d'ailleurs parfaitement respectées) ?

Cela dit, Abzû n'est pas qu'un simple simulateur de plongée. Le jeu propose quelques énigmes vous permettant de "dégager votre route". Difficile de vous en dire plus sans gâcher votre surprise, sachant justement que tout l'intérêt de ce titre réside dans l'aspect découverte. Et franchement, entre nous, vous ne devriez même pas lire ce test !
Bien plus subtil qu'une visite à Marineland

Pour qui ?

Trop lent ? Des courants marins vous permettront parfois d'avancer plus vite.

Vous l'aurez compris, Abzû s'adresse d'abord aux joueurs contemplatifs. Si vous avez goûté et apprécié l'excellent Journey par exemple, cette version aquatique devrait également vous séduire. Cela dit, attention : Abzû ne dispose pas du mode coopératif qui offrait à Journey une dimension toute particulière. Il faudra ici vous contenter d'accompagner les poissons dans leur déambulation répétitive... Notez enfin que côté ratio prix/durée de vie, Abzû apparaît un peu chiche puisque votre plongée ne durera que deux petites heures.
Troquez votre chèche contre un tuba

L'anecdote

Les abysses ont aussi des mystères à révéler...

Pour l'emballage sonore d'Abzû, Matt Nava a une nouvelle fois fait appel au talentueux Austin Wintory, avec qui il avait déjà collaboré sur Journey en 2012 (première nomination aux Grammy Awards pour la musique d'un jeu vidéo). Ici, le résultat est toujours aussi grandiose, la musique faisant quasi office de personnage secondaire.
La musique, l'autre héros du jeu
Les Plus
  • C'est beau, reposant voire émerveillant par moment
  • Comme un petit air de retour aux sources de l'enfance
  • Les mystères des profondeurs
  • L'interaction minimale mais magique avec les mammifères marins
  • L'aspect pédagogique
  • Un emballage sonore d'excellente facture
Les Moins
  • La plongée est courte
  • L'absence d'un mode coopératif retire un peu de saveur à l'expérience
  • La surprise est moins forte que pour Journey
Résultat

Bien sûr, Abzû n'est pas vraiment un jeu remuant ou bourré d'interactions. Pourtant, comme avait réussi à le faire Journey en son temps, il parvient à capter votre attention, voire même à renouer avec votre âme d'enfant, cette partie de vous capable de s'émerveiller devant le clin d'œil d'une baleine à bosse, le saut majestueux d'un orque, ou la nonchalance si touchante d'un lamantin. Dans le fond, la recette est peut-être identique, mais la contemplation remplace encore une fois l'action avec une certaine dose de grâce et d'astuce. Laissez-vous donc entraîner dans ces abysses, le seul risque que vous allez prendre c'est une bonne bouffée d'oxygène.

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