Dossier | Imagina 2004
02 mars 2004

Rédigé par tHe_MaN

C'est dans le Forum Grimaldi, en plein cœur de la Principauté de Monaco, que s'est déroulé le salon Imagina 2004 dédié aux développeurs de jeux vidéo, aux studios de post-production et plus globalement à tous ceux qui ont le béguin pour ces logiciels au doux noms que sont Maya, 3DS Max, et autres After Effects. Nous étions sur place pour tirer le portrait d'un salon très éclectique.

20 ans d’imaginaire

Imagina est l'un des plus anciens salons dédiés à la création 3D numérique. C'est en effet en 1984 qu'a eu lieu la première édition, déjà à Monaco à l'époque. Voilà qui donne de suite un petit côté élitiste et mondain à ce salon, puisque pour la plupart des présents l'accès se fait en avion jusqu'à l'aéroport de Nice puis le transfert vers la Principauté se fait en hélicoptère, avec un droit d'entrée sur le salon à 100€ la journée pour un professionnel. Reste que cela ne l'empêchait pas d'avoir un succès certain vers la fin des années 90, le salon prenant alors un caractère très "hype". Mais après une édition manquée en 2001 pour cause d'industrie sinistrée, cette 3ème édition "nouvelle version" montre que l'enthousiasme n'est pas encore vraiment revenu : si la salle de projection de l'avant-première de Blueberry était comble, les exposants présents dans le hall d'exposition ont pu compter les minutes et les heures passer. Heureusement que Peter Molyneux et Jordan Meshner, le créateur de Prince of Persia, étaient là !

Give me a U – Give me a B – Give me a I !

Pour le gamer de base – celui qui ne passe pas ses nuits à rêver de game design et ses journées à modeler des cylindres sous 3DS Max – le seul véritable intérêt du salon se trouvait dans la cérémonie de remise des Imagina Game Awards, en tout dix prix récompensant divers aspects du design des jeux. Et ce qui n'est pas passé inaperçu dans cette cérémonie expédiée en 30 minutes, c'est que sur les dix jeux primés, cinq venaient tout droit des cartons d'Ubi Soft. Ce n'est pas qu'on sentait le jury un peu penché sur notre industrie nationale du jeu vidéo, mais lorsque c'est Beyond Good & Evil qui a reçu le prix du meilleur scénario, alors qu'il était en compétition avec Knights of the Old Republic, on ne pouvait s'empêcher de penser un instant qu'il y a quelque chose de pourri au royaume du jury Imagina.

Et les autres...

Pour continuer dans la série des lauréats Ubi, Beyond Good & Evil s'est vu remettre le prix du meilleur jeu – qui sait, voilà qui va peut-être donner le coup de pouce dont il avait besoin pour se vendre auprès d'un public timide. On notera ensuite XIII, qui reçoit le prix de la meilleure bande son, et In Memoriam, récompensé – à juste titre – pour le concept original qui l'anime. Et puisqu'il y a quand même des jeux qui ne viennent pas de chez Ubi qui ont été récompensés, on notera Star Wars Galaxies qui reçoit le titre de meilleur jeu online – il était notamment en compétition avec Tom Clancy's Rainbow Six 3 sur Xbox – tout en notant l'absence d'un membre de l'équipe pour recevoir le prix, heureusement palliée par un petit Quicktime enthousiaste "pour cause de Space Expansion". Et les applaudissements auront été légion pour Call of Duty, qui reçoit le prix du meilleur premier jeu.

Que du beau monde

Au travers de ces remises de prix, la foule en délire a pu acclamer Peter Molyneux, le papa plus que célèbre de Populous et de Black & White, qui a pu remettre un des Awards, sans oublier le créateur de Prince of Persia, et puis surtout le créateur de Miss Lara Croft, qui a reçu le prix du meilleur personnage numérique, et à qui l'auteur de cet article a eu l'honneur de tenir la porte en sortant de la salle (au créateur, pas à Lara). A noter aussi que Mark Reign, le vice-président d'Epic et donc géniteur d'Unreal Tournament 2003, était présent une journée sur le salon pour débattre lors d'une conférence sur l'utilisation de moteurs tiers dans les jeux vidéo. Et le meilleur pour la fin : l'animateur de la cérémonie des Awards, qui est aussi l'organisateur du salon, n'était autre que Jean-Michel Blotière, le fondateur du tout premier magazine de jeux vidéo en France, j'ai nommé Tilt !

Et à part ça...

Le reste du salon aura plutôt été orienté vers la presse, les étudiants en infographie et les professionnels. On notera tout de même la présence de Succubus Interactive, le seul studio de développement disposant d'un stand sur le salon, qui présentait sa simulation de pilotage tout en shaders qui avait un agréable fumet de Crimson Skies. A côté, le stand immanquable de nVidia proposait un poste unique permettant de s'adonner aux joies de la démo d'Unreal Tournament 2004, tandis que les discussions allaient bon train sur les différences entre les Quadro FX et les GeForce FX. Le passage du Prince Albert, sous le patronat duquel était placé le salon, aura amené son lot d'animation, avec gardes du corps à la mine patibulaire et sa cour toute souriante dans son sillage : un grand moment presque hollywoodien ! Et les participants retiendront enfin l'avant-première de Blueberry, avec la présence des acteurs principaux dont le grand Vincent Cassel et la petite Juliette Lewis, avec le réalisateur Jan Kounen. Une avant-première applaudie par un public mi-figue mi-raisin, plus conquis par la qualité de certains effets spéciaux que par le film lui-même, au fond un peu à l'image du salon : quelques très bons moments, mais une impression globale assez morne.
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