Preview | Broken Sword 4 : George reprend du service
14 août 2006

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Broken Sword : The Angel of Death

La série Broken Sword (Les Chevaliers de Baphomet) fait partie des derniers représentants vivants des jeux d'aventure old school. Et contre vents et marées, elle continue d'être déclinée régulièrement. Après un Manuscrit de Voynich confus, tant au niveau du gameplay (première incartade 3D de la série) que du scénario, l'équipe de Revolution emmenée par l'emblématique Charles Cecil, met la touche finale à ce nouvel épisode mystérieusement intitulé Les Gardiens du Temple de Salomon. Voyons ensemble ce que promettent ces prochaines aventures de George Stobbart.

George Stobbart toujours prêt !

Voila déjà un certain temps que notre ami George n'a pu apprécier une nouvelle fois le frisson de l'aventure. Finis les dragons et des divinités Mayas à vaincre, finies les nominations de Chevalier d'un Ordre Sacré oublié depuis des siècles. Lorsqu'on est avocat dans une agence de cautionnement, les occasions d'exotisme et de dépaysement se font rares. Dans de telles conditions, quoi de plus normal de trouver excitant la présence d'une jeune femme blonde en détresse dans son bureau. Avant même d'avoir pu trouver les premières réponses à ses questions, George se voit contraint de prendre la fuite avec la demoiselle pour échapper à des gros bras bien décidés à couper court à toutes discussions. Cette entrée en matière est faussement rythmée (la vitesse de votre progression n'a pas d'influence sur votre réussite) mais permet astucieusement de ne pas s'interroger sur le tout nouveau moteur du jeu (nommé Immersion). Si bien que ce ne sont que plusieurs minutes après le début de l'aventure que l'accessibilité du titre apparaît comme plutôt bien étudiée. Voila qui est bon signe, surtout après un Manuscrit de Voynich en dents de scie à ce niveau là.

Lifting et conséquences

George n'est plus un personnage de cartoon. En tous cas, visuellement...

Les Gardiens du Temple de Salomon utilise un moteur hybride qui laisse le choix entre du point'n'click classique et un mélange souris/clavier. En pratique, le système initial est plus intuitif car des placements de caméras faussement fixes, pour accentuer l'aspect cinématographique de l'aventure, ne permettent pas toujours une utilisation efficace des flèches de direction. Sur le plan graphique, cet épisode possède de jolis atouts : entre reflets du plus bel effet, éclairages multiples et textures détaillées, les fans d'emballages classieux devraient largement avoir de quoi s'extasier. Les visages des personnages ont d'ailleurs été particulièrement soignés et George lui-même dispose maintenant d'une vraie gueule de jeune premier. Attention tout de même car pour proposer tout ça, le jeu nécessite une carte graphique compatible Shader Model 1.1, un modèle récent dont ne dispose pas forcément les fans de jeux d'aventure... Voila le prix à payer pour un environnement graphique plus proche du vieux film noir que de l'ambiance cartoon des précédents épisodes. Après tout, pourquoi pas ?

Une aventure torride ?

Dans cet épisode, George va faire des choses avec une femme !

Si les graphismes apparaissent plus adultes, le scénario imaginé par Charles Cecil laisse également entrevoir une orientation mature. Au delà de la quête habituelle d'un artefact "terriblement dangereux pour la planète s'il est mal utilisé" (qui vous conduira de New York à Istanbul, en passant par Rome et Phoenix), l'apparition d'un nouveau personnage féminin devrait permettre d'offrir plus de relief à l'histoire, et surtout à notre héro. Pour faire taire des rumeurs persistantes sur sa sexualité déviante, son créateur n'a pas hésité à annoncer que George va enfin connaître sa première vraie relation amoureuse. Tombé sous le charme de l'intrigante Anna-Maria, la jeune femme blonde qui lui demande de l'aide au début de l'aventure, George n'aura pas qu'un but archéologique en tête. Que les fans se rassurent, cette idylle n'éclipsera pas pour autant la belle Nicole Collard, alias Nico. La compagne d'aventure de George depuis Les Chevaliers de Baphomet fait toujours partie du casting. Cela dit, depuis l'annonce du jeu, le pitch parle d'une "douloureuse et amère conclusion" à cet épisode. De là à imaginer la mort d'un personnage principal, il n'y a qu'un pas que nous vous laissons la liberté de franchir.

Propre, drôle et… dirigiste

Les dialogues à choix multiples sont toujours au rendez-vous.

Cette version preview laisse entrevoir une histoire intrigante, basée sur un mélange de faits réels, de fiction et de conspiration. L'ambiance navigue allégrement entre le mafieux et l'ésotérisme, mode Da Vinci Code oblige. Mais comme toujours, c'est dans son traitement subtil et décalé que son intérêt se fait sentir. Vous aurez droit une fois encore à des dialogues parfaitement ciselés, parfois proches du Raymond Devos par leur non-sens, et toujours emballés dans un second degré réjouissant. George a décidément la réplique facile, pour votre plus grand plaisir. La localisation va dans ce sens puisque, comme pour les précédents épisodes de la série, George est doublé par le talentueux Emmanuel Curtil, la voix française de Jim Carrey et Mike Myers (Austin Powers). Il existe tout de même un point qui apparaît déjà problématique : la linéarité de la progression semble très prononcée. Les adeptes du genre y sont habitués, certes, mais ce carcan est parfois vraiment bloquant. Sur une version preview, difficile de savoir s'il s'agit d'un bug (il en subsiste encore plusieurs au niveau des icônes d'action et des zones réactives) ou d'un élément qui nous est passé sous le nez quelques scènes plus tôt.

Pour les fans devant l’Eternel ?

La cible de base est sans doute déjà conquise. Mais les autres ?

Ces premières heures de jeu sont encourageantes et c'est avec un vrai plaisir que l'on retrouve George Stobbart et ses répliques tantôt piquantes, tantôt idiotes. Techniquement travaillé (même s'il reste des problèmes de ralentissements à régler) et graphiquement soigné, Les Gardiens du Temple de Salomon promet de ne pas décevoir les fans. Reste que le titre se montre déjà très classique et il est légitime de se poser la question suivante : un tel jeu aurait-il ses chances s'il n'était pas estampillé "Charles Cecil présente Les Chevaliers de Baphomet" ? Autrement dit, les joueurs qui ne connaissent pas la série pourront-il être attirés ? Le fait que THQ ait choisi de ne proposer qu'une version PC, contrairement à l'épisode précédent dont les déclinaisons sur consoles n'ont pas rencontré le succès escompté, laisse entrevoir un début de réponse.
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Tribune libre