Test | Tortuga – Pirates et Flibustiers
19 janv. 2004

Testé par sur
Tortuga

Lier stratégie, gestion et action, voilà l'objectif ambitieux des développeurs d'Ascaron avec Tortuga. C'est en partant à l'aventure dans les mers des Caraïbes avec son navire que l'on doit atteindre ce but, avec au menu moult abordages, maints pillages et pas beaucoup d'adrénaline. Le sel du grand large aurait-il eu raison de l'ardeur des matelots ?

Tortuga, c’est une ville !

L'action de Tortuga se déroule en plein cœur des Caraïbes, sur une carte en 2 dimensions s'entendant de la Louisiane jusqu'en Colombie. Au milieu du XVIème siècle, la domination espagnole y est sans appel : le rhum, l'étoffe et autres marchandises s'échangent allègrement contre des tas de pièces sonnantes et trébuchantes croissant, tandis que quelques escarmouches opposent parfois les flottes de l'un des quatre pays présents dans la zone, que ce soit les mangeurs de fromage à la feuille de lys, les insulaires à l'Union Jack ou les habitants sous la mer au drapeau tricolore, courbant tous plus ou moins l'échine sous la domination ibérique. Les fréquentes attaques de pirates sournois viennent parfois entacher ce tableau, mais heureusement les vaillants corsaires des quatre couronnes veillent, et l'on sent déjà dans l'air du temps comme l'aube d'une nouvelle ère.

C’est un fameux trois mats…

C'est dans la ville de Port-au-Prince, dans la fameuse colonie de Saint-Domingue, que débute votre première mission – vous êtes aux commandes d'un brick, un fier navire de trente bons mètres de long et abritant un équipage courageux et expérimenté de quelque cinquante marins d'eau salée et agitée. Dans la vue en deux dimensions de la ville, une visite dans le palais du gouverneur vous donne votre premier fil pour atteindre l'objectif du scénario : annexer trois villes d'ici dix ans. L'écoulement plutôt long des jours et des trajets sur la carte des Caraïbes fait immédiatement penser que, putain, 10 ans, ça va être long. Dès que l'on découvre qu'il est possible d'accélérer le temps, tout semble aller mieux, sauf que l'on se rend compte dans la minute qu'il est ainsi impossible d'identifier à temps les pavillons des navires avant une rencontre qui souvent s'avère funeste.

Les gau-gau, les gau-gau… les Gaulois !

Et lorsque le bref instant de frôlement sensuel entre deux navires battant des pavillons différents tourne au drame, voilà qu'il faut faire jouer les canons qui ornent les deux côtés de votre navire. Seuls éléments en trois dimensions, les combats consistent à déplacer votre navire, à sélectionner les boulets de canon appropriés (mitraille pour faire des coupes dans l'équipage ennemi en vue de l'abordage, boulets ramés pour détruire les mâts et la voilure, et boulets traditionnels pour faire de bons gros trous dans la coque) et enfin à viser au mieux. Avant que l'on découvre qu'il vaut mieux naviguer dans le vent, poursuivi pour l'ennemi, pour ainsi lui imposer les manœuvres, ces batailles navales semblent franchement difficiles. Et peu de temps après avoir découvert cette technique de vieux baroudeur, on se rend compte que si l'ennemi peut engager plusieurs navires de guerre en même temps dans une bataille, on est soi-même limité à un unique esquif, quelle que soit la taille de son convoi… Le manque de réalisme est patent, et rend les combats excessivement douloureux et difficiles, alors même qu'ils constituent le cœur du jeu.
Résultat

Le jeu propose certes deux autres éléments sur lesquels se reposer pour atteindre la richesse, en l'occurrence le transport de passagers et de marchandises d'une certaine ville à une autre dans le cadre de missions ponctuelles, et le commerce. Un système assez développé incluant une vingtaine de marchandises différentes, allant du blé à l'or en passant par les tuiles, permet d'augmenter ses propres richesses en jouant sur les prix qui peuvent varier fortement d'une ville à l'autre, en fonction de la production locale et de l'approvisionnement. Reste que cet objectif d'augmentation de richesses ne représente pas un élément motivant pour continuer à jouer : l'argent ainsi rassemblé ne permet en aucun cas d'acheter de nouveaux navires, au mieux de refaire le plein de canons ou une partie de dés totalement contingente à la taverne locale. Au final, le seul et unique objectif du jeu se résume à obtenir le plus de richesses personnelles pour figurer dans l'habituel Temple de la Renommée, ce qui est loin d'être suffisant pour faire de Tortuga un jeu réellement entraînant.

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