Test | Le Seigneur des Anneaux : La Communauté de l'Anneau
28 mai 2003

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The Lord of the Rings: The Fellowship of the Ring

Dans la guerre des licences de l'Anneau, Vivendi a récupéré les droits des livres. Du coup, le premier jeu PC basé sur l'oeuvre de Tolkien respecte scrupuleusement la trame du premier livre, en extrapolant quand même un peu pour que les niveaux ne soient pas trop vides. Les ennemis se sont multipliés et permettent d'aiguiser sa lame ou ses flèches sur leurs épouvantables échines, voire de les contourner en douce en passant au doigt l'Anneau unique. De quoi varier les plaisirs dans ce jeu d'action (beaucoup) et d'aventure (un peu) qui reprend jusqu'aux chansons de l'oeuvre originale.

Un jeu pour les gouverner tous

Alors qu'Electronic Arts a fait main basse sur les droits du film, Vivendi a fourbement racheté les droits du livre. L'idée, c'est que comme le film a fait l'impasse sur des personnages secondaires, le jeu tiré du livre collera mieux à l'oeuvre de Tolkien. Ce brave Tom Bombadil fait du coup sa petite apparition et quelques passages absents du long métrage comme la traversée de la forêt maudite se retrouvent dans ce jeu. Les développeurs ont poussé le vice jusqu'à faire chanter les divers protagonistes pendant certaines cinématiques, comme dans le livre, mais moins longtemps heureusement. Les fans absolus qui en veulent à mort à Peter Jackson risquent bien de se laisser séduire par ces charmantes attentions même si, il faut bien l'avouer, il faut vraiment être fan pour ne pas broncher devant les nombreux défauts du jeu.

La facilité du Mordor

L'aventure commence dans la peau velue de Frodon Sacquet, à Cul-de-Sac. Ce gros nigaud de Hobbit a perdu la clef de sa propre demeure et passe les premières minutes du jeu à la chercher. Ce petit prétexte permet de découvrir les mouvements essentiels et de faire connaissance avec un moteur graphique pas mauvais du tout, un peu sommaire parfois mais qui propose de bien jolis effets d'éclairage. La visite de Hobbittebourg fait en revanche une triste impression. Toutes les portes sont fermées, les petits sentiers empêchent le joueur trop curieux d'aller baguenauder dans les prés ou de sauter à pieds joints dans la rivière. C'est logique pour des Hobbits qui n'aiment guère l'eau mais l'impression d'être sur des rails rend l'expérience assez déplaisante. Sous prétexte de faire un jeu accessible, les développeurs ont surtout fait un jeu affreusement linéaire qui laisse bien peu de place à l'exploration.

Une noire adrénaline

L'arrivée des Cavaliers Noirs redonne heureusement un petit coup de fouet au jeu. Ce brave Frodon n'étant guère capable de leur tenir tête, il faut les esquiver en misant sur la discrétion. Jeter des cailloux au loin et résister à la tentation de mettre l'Anneau au doigt permet de s'en défaire rapidement, ce qui fait franchement plaisir tant les bruitages sont réussis. Les spectres de l'Anneau sont effrayants et donnent même quelques belles suées. La scène dans laquelle Frodon évite un cavalier grâce à une souche providentielle est là aussi et est plutôt bien mise en scène. C'est à cette occasion que l'on découvre les effets négatifs de l'Anneau. Le porter attire les cavaliers et ruine la santé mentale de Frodon. Celui-ci commence alors à disparaître tandis que des flammes dévorent les bordures de l'écran, jusqu'à ce que mort s'ensuive. Il est pourtant bien utile pour se rendre invisible, et parfois indispensable pour échapper aux serviteurs du Mordor, notamment dans la Moria.

Le pouvoir de l'Anneau

Pour reprendre ses esprits, Frodon doit aider les siens et accomplir quelques bonnes actions. C'est une bonne idée mais elle est mal exploitée. Les occasions d'aider les autres sont bien trop rares. Du coup, l'Anneau ne sert que très ponctuellement et renforce l'impression qu'il n'est là que pour franchir des obstacles bien précis. C'est lorsque Frodon accompagne Gimli ou Aragorn qu'il peut vraiment s'en servir. Le reste du temps, il lui faut se résoudre à jeter des cailloux pour distraire les ennemis ou essayer de les rosser à coup de bâton. Contre les araignées de la forêt ce n'est pas trop dur, mais contre les loups ou les Orcs, c'est une autre histoire... Heureusement que quelques membres de la Confrérie donnent parfois un petit coup de main en suivant Frodon car autrement la tâche aurait été insurmontable !

Un peu de magie, beaucoup d'effet

En fonction des missions, d'autres personnages sont heureusement jouables. Aragorn est le plus amusant à jouer grâce à son épée et à son arc qui lui permettent d'attaquer au corps à corps ou de loin. Ses coups ne sont hélas pas assez variés pour empêcher l'ennui de s'installer assez rapidement. Les adversaires humains de Bree sont pénibles à force et les loups ou les Orcs finissent par lasser. Vers la fin du jeu quelques Trolls assaillis à la fois par Legolas et par Gimli redonnent un peu d'intérêt aux combats, mais le reste du temps l'évasion finit par primer sur l'affrontement. C'est lâche, mais c'est efficace. Dans la Moria, c'est Gandalf qui devient jouable. Le pauvre est hélas un peu fragile et doit surtout s'appuyer sur sa magie. Certains sorts comme la foudre ou les traditionnelles boules de feu valent le détour. Mais c'est surtout le sort de projection qui est amusant, quand l'envie prend le joueur un peu taquin d'envoyer bouler les Orcs les uns contre les autres en restant précautionneusement à distance de leurs épées !

Quelques hauts mais beaucoup de bas

Evidemment, la confrontation avec le monstrueux Balrog est présente et constitue avec le Nazgül de la fin un des gros morceaux de bravoure du jeu. C'est ce genre d'affrontement qui fait oublier les nombreuses imperfections du jeu, à commencer par de cruelles baisses de rythme. Quand les combats répétitifs ne rendent pas l'action inintéressante, il faut accepter d'endurer des balades soporifiques. Le comble est atteint dans la forêt maudite, lorsque Frodon part à la cueillette de nénuphars... C'est là qu'on commence à comprendre pourquoi Peter Jackson n'a pas repris tous les passages du livre. Comme dans le film (et n'en déplaise aux fans, comme dans le livre...), le jeu est handicapé par des passages bien longuets. Le jeu se traîne au début, la traversée de la Moria est vraiment longue et les derniers niveaux donnent un peu trop l'impression que la durée de vie a été rallongée artificiellement. Franchement, l'intérêt a du mal à décoller au début et retombe souvent, les actions étant peu variées et la liberté des plus réduites.
Les Plus
  • L'ambiance des livres et du film
  • Le respect scrupuleux du livre
  • Quelques beaux passages bien flippants
  • Les divers personnages à incarner
Les Moins
  • Atrocement linéaire et répétitif
  • Réalisation très inégale
  • Beaucoup de longueurs
Résultat

Tout n'est pas à jeter pour autant puisque l'ambiance du livre est fidèlement retranscrite, notamment par les musiques mais aussi par certains décors franchement réussis. L'impression d'évoluer sur les Terres du Milieu suffit à donner envie au joueur patient d'aller à chaque fois un peu plus loin, histoire de découvrir de nouveaux environnements. Les fans qui n'ont pas l'habitude des jeux vidéo risquent donc d'accrocher, surtout que pour une fois la difficulté n'est pas trop mal réglée. Il est toutefois évident que ceux qui n'aiment pas plus que ça l'univers de Tolkien ou qui ont hélas l'habitude des jeux d'aventure action auront tôt fait de bailler à s'en décrocher la mâchoire et de revenir à leurs valeurs sûres, comme Severance : Blade of Darkness par exemple. Evidemment, c'est un peu plus vieux mais ça n'est pas franchement plus moche, bien au contraire.

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