Test | Dark Void : plus vide que sombre
14 avr. 2010

Testé par sur
Aussi disponible sur
Dark Void

Si Capcom a su créer des jeux de tirs à la troisième personne assez réussis (Lost Planet en tête), il leur arrive également de sous-traiter. C'est d'ailleurs le cas de Dark Void dont le développement a été confié au jeune studio Airtight Games. Le titre semble original sur le papier. Jugez plutôt : une ambiance rétro-futuriste, des combats a priori dynamiques... Bref, pas de quoi s'ennuyer. Et pourtant, si. Explications.

Sliders : les mondes parallèles

Vous incarnez Will, un pilote de cargo tout ce qu'il y a de plus banal. Lors d'un vol de routine, vous réussissez à vous cracher dans le Triangle des Bermudes, ce qui vous amène dans une dimension parallèle appelée le Néant. Une dimension dans laquelle de mystérieux aliens tentent de conquérir la Terre. Chose que ne peut laisser faire l'ami Will, évidemment. Le voilà donc enrôlé bon gré mal gré par un groupe nommé Les Survivants. Ces aliens technophiles, que certains humains présents sur place sacralisent au plus haut point, ont donc du souci à se faire. Will s'en va sauver l'humanité !

Il y a 'néant' dans 'anéantir'

A droite : Will et son charisme débordant

Sans faire la mauvaise langue, la notion de vide caractérise parfaitement le jeu édité par Capcom. Tout d'abord, comment ne pas être consterné par la pauvreté des décors et du moteur graphique en général ? L'Unreal Engine est ici très mal exploité. Les textures sont sommaires et de nombreux retards d'affichage sont à signaler. Plus grave, certains bugs de scripts sont tout bonnement inadmissibles. Par exemple, lorsqu'à un moment vous escortez un humain, que vous nettoyez une zone comme il se doit, mais que l'humain en question n'avance plus (un ennemi mystère étant encore là selon lui), il ne vous reste plus qu'à relancer votre partie et recommencer la séquence. Une honte en 2010. Par ailleurs, le manque de charisme des protagonistes est tellement affligeant qu'il en devient presque amusant. Impossible de s'identifier un minimum aux personnages tant ceux-ci arborent un design lambda. Et ce ne sont pas les dialogues qui risquent de changer la donne. Creux, récités sans conviction, ils ne servent en aucun point le récit. Les cinématiques vous perdent assez vite de toute manière, la faute à un sens de l'ellipse plutôt étrange. Peut-être que certaines d'entre elles ont été absorbées dans Le Néant, qui sait ?...

Game-plaie

Le système de couverture à l'oeuvre

Dark Void promettait monts et merveilles en terme de gameplay. Personnellement, la démo entrevue l'an passé au Micromania Game Show m'avait laissé dubitatif. Et ces doutes se sont avérés fondés une fois le jeu en mains. La maniabilité, sans être totalement catastrophique, s'avère toutefois relativement bancale. Les passages terrestres sont peut-être les plus réussis. S'ils ne révolutionnent en rien le genre, ils demeurent assez efficaces. Will peut ainsi se cacher derrière des murs façon Marcus Phoenix. Ce système de couverture est loin d'être aussi nerveux et bien pensé que dans Gears of War, mais cela passe encore. Les séquences aériennes, elles, sont plus problématiques. Déjà parce que repérer les ennemis sur la carte vous donne vite le tournis tellement la représentation des vaisseaux est mal pensée. Mais aussi parce que les affrontements impliquent le JetPack. Transformé en Rocketeer, vous volez tel un oiseau. Enfin tel un oiseau éméché plutôt, car l'utilisation du JetPack est plus que bancale. Rien à signaler lorsque vous planez dans de grands espaces. En revanche, quand vous devez vous en servir dans des endroits plus exigus, le calvaire commence. Les développeurs ont malgré tout tenté d'apporter un peu de fraîcheur aux combats en permettant à Will de riposter sur des plates-formes de manière verticale. Une initiative sympathique à défaut d'être transcendante. Le reste n'est que routine. Une action contextuelle intervient pour ponctuer les prises de contrôle de vaisseaux. Amusant les premières fois, mais quand vous reproduisez toujours le même schéma pendant presque 7 heures, la lassitude s'installe. Surtout quand l'affrontement final n'arrive même pas à apporter un brin de nouveauté à un gameplay déjà trop générique. Au final, la meilleure caractéristique de Dark Void est certainement sa bande son. Composée par Bear McCreary, responsable des musiques sur la série de science-fiction Battlestar Galactica, elle permet d'apporter ce que la mise en scène n'apporte pas : du rythme. Mention spéciale au thème principal repris à la sauce 8 bits dans le générique de fin.
Les Plus
  • les thèmes musicaux
  • la faible durée de vie ?
Les Moins
  • le gameplay peu original
  • la réalisation graphique à la ramasse
  • les bugs en pagaille
  • l'I.A. pas bien maligne
Résultat

Avec sa réalisation dépassée, son gameplay peu convaincant et son héros à l'absence de charisme, Dark Void fait fausse route. Les fans absolus de jeux de tirs à la troisième personne pourront éventuellement lui donner une chance en occasion, mais foncez dessus en neuf serait du suicide. Les musiques sont aussi entraînantes que les combats sont mous et peu variés. Airtight Games ne peut que mieux faire pour son prochain jeu en somme.

Partagez ce test
Tribune libre