Test | Evil Days of Luckless John : une aventure malchanceuse
07 oct. 2007

Testé par sur
Evil Days of Luckless John

La mort du point & click annoncée à la fin des années 90 n'aura pas eu lieu. Genre tombé en désuétude, il était condamné à un sort funeste notamment à cause du désintérêt des grosses pointures du genre et l'émergence de genres techniquement plus pimpants. Pourtant, nous assistons depuis quelques années à son grand retour, parfois malheureux, parfois franchement d'une grande réussite. Evil Days of Luckless John surfe sur ce second souffle. La vieille recette qu'il utilise est-elle suffisamment digeste pour séduire ? Réponse de suite.

Bienvenue à Snake City

Snake City, dans les années vingt. Johnny Majer vient d'apprendre le décès de son oncle, détenteur de l'unique casino de la ville. Ce dernier l'a mis dans son testament comme unique héritier légal. Le voici désormais riche et puissant. Cependant, la mafia ne l'entend pas de cette oreille puisqu'elle comptait mettre la main sur ce casino. Aussi, avec l'aide du shérif Barnaby qui pourrait faire enfermer père et mère pour une poignée de dollars, ils cherchent à mettre la main sur John pour récupérer sa nouvelle possession. Heureusement, ce dernier n'est pas seul dans cette grande ville qu'est Snake City, et il pourra compter sur l'aide de ses nombreux amis, tous autant attachant que légèrement dérangés pour le soutenir. Vous croiserez dans cet univers loufoque un trio de grands-mères adeptes de kung-fu, un prêtre vraiment trop porté sur l'alcool et la prière, un mafieux au doux nom de Don Macaroni et tout un tas d'autres personnages aussi improbables que drôles. L'histoire se résume à récupérer le casino des mains de la mafia. Pourtant, la trame de l'intrigue bien que pour le moins simpliste se révèle plaisante et comporte quelques surprises agréables.

Un bon air de déjà vu

Les énigmes sont un peu trop simples, mais l'humour fait son office.

Le jeu est en 3D intégrale, et bien que la modélisation n'ait pas grand-chose à voir avec les dernières productions sorties récemment sur PC, les textures ainsi que les ombres dynamiques donnent un univers très attachant, proche d'un dessin animé. La bande son, légèrement jazzy et rétro, vient agrémenter les lieux parcourus. Les doubleurs anglais ont fourni un très bon travail et donnent vie à leurs personnages. Pour les anglophobes, des sous-titres restent disponibles dans la langue de Molière. Même le manuel de la boîte est réalisé comme un petit journal de Snake City. Centauri Production a donc cherché ici à restituer la meilleure ambiance possible pour le joueur, et c'est tout à leur honneur. C'est bien ce qui fait la marque de fabrique de ce jeu : l'humour est souvent mis en avant, avec le personnage, un anti-héros à souhait. Voila qui fait même parfois penser aux anciens Lucas Arts. Parfois seulement, car il manque quand même cette touche de folie et de génie que pouvait insuffler un Tim Schaffer (Maniac Mansion, Day of the Tentacle, Grim Fandango...) pour ne citer que lui. Evil Days of Luckless John utilise d'ailleurs à plusieurs reprises des références bien placées au cinéma (King Kong, Matrix...) qui produisent leur petit effet. Les lieux traversés sont divers et variés : vous cheminez dans Snake City même bien sûr, mais aussi dans une usine, dans des égouts remplis de rats et, chose moins ordinaire, de crocodiles. D'autres lieux bien moins consensuels comme un monde se situant à mi-chemin entre vie et mort viennent parachever ce tableau. La diversité est de rigueur, et ce n'est pas le seul endroit à être traité de la sorte dans ce jeu.

Des jeux dans le jeu

La course de tracteur : idée amusante mais réalisation décevante.

L'histoire commence comme tout banal jeu d'aventure avec une séquence réflexion où il convient de résoudre une énigme afin de pouvoir progresser. Mais dès les premières minutes, les développeurs prouvent leur souci de ne pas vous lasser en proposant tout un tas de séquences très diverses qui reviennent ponctuellement. Ainsi, le héros a une barre de vie qui s'active dans les moments d'action, laissant planer la mort sur sa tête. Ces passages se concrétisent sous la forme de petits mini-jeux qui viennent ponctuer tout du long l'aventure et qui l'agrémentent. Dit comme cela, l'offre est plutôt alléchante, et en effet avoir quelques instants de répit entre deux énigmes est agréable. Malheureusement, la réalisation de la plupart de ces mini-jeux est proche de la catastrophe ! Infiltration, combats, courses, tir et d'autres encore, des séquences mal réalisées qui n'ont apparemment pas été suffisamment testées en interne, comme celle des menottes où vous devez appuyer en rythme sur des touches, reproduisant un jeu musical. Mais le moindre écart d'un dixième de seconde par rapport au rythme est fatal. Les différentes courses sont également assez exaspérantes avec des voitures qui au choix ne souhaitent pas tourner ou alors sont de véritables savonnettes.

Sorti trop tôt du four

Ce jeu aurait dû rester dans l'ombre encore quelques mois.

Alors ce ne sont que des mini-jeux certes, mais la sensation que le jeu qui englobe ces "ajouts" n'est pas fini se fait cruellement sentir, d'autant plus qu'ils représentent une bonne partie du jeu. En effet, déplacer le personnage se révèle être parfois difficile, en particulier durant les heureusement rares séquences de plate-forme, et les énigmes sont toutes d'une simplicité déconcertante, à se demander même si parfois il s'agit bien d'énigmes. Bref, Evil Days of Luckless John n'est pas un jeu qui va vous causer une calvitie précoce en vous faisant arracher vos cheveux devant votre écran, sauf éventuellement durant ces séquences de mini-jeux. Enfin, il est à noter qu'un petit moteur physique est de la partie, ce qui est plutôt rare dans ce genre de jeux, et son utilisation se révèle amusante. Vous devrez par exemple lancer des cailloux sur une poutre pour la faire tomber ou encore garder une cargaison dans un pick-up sans renverser la marchandise. Une petite idée bien sympathique, mais trop peu exploitée. Dans ces conditions, difficile ne pas se dire que le jeu a manqué d'un ou deux mois de développement pour être totalement achevé et avoir ainsi une meilleure finition. Réellement dommage donc.
Les Plus
  • L'ambiance réussie
  • L'humour agréable
  • L'histoire
Les Moins
  • Un gameplay mal pensé et mal dosé
  • La durée de vie
  • Une trop grande facilité
Résultat

Evil Days of Luckless John n'est pas un mauvais jeu. Cependant, la volonté des développeurs à vouloir orienter leur titre vers une compilation de mini-jeux dessert l'ensemble de la réalisation. A vouloir trop en faire, rien ne se révèle ici particulièrement savoureux ou même simplement amusant. Et c'est bien là le plus gros défaut de ce jeu, car même si l'aventure repose sur des mécaniques classiques, le résultat se laisse agréablement prendre en main. L'aventure se finissant au maximum en une dizaine d'heures, elle est trop courte et trop facile pour racheter ses faiblesses avec le temps. Dommage, car avec sa bonne humeur de rigueur, Evil Days of Luckless John avait de quoi séduire...

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