Test | Spirit of the North : Enhanced Edition
11 déc. 2020

L'esprit du voyage

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Spirit of the North : Enhanced Edition

Spirit of the North est un jeu indépendant dont l'idée de départ est pour le moins séduisante. En effet, qui ne serait pas attiré par l'idée d'incarner un renard, noble et facétieux animal, dans un voyage fantastique parsemé d'énigmes et de mystères à travers un territoire en ruine qui n'est pas sans rappeler les terres arides du grand nord ? Déjà sorti initialement sur PC, PS4 et Switch en 2019, Infuse Studio ressort son walking sim sur la nouvelle console de Sony à travers une édition Enhanced. Outre l'aspect technique et l'intérêt de cette version PS5, Spirit of the North est une aventure qui lorgne du côté d'aînés prestigieux. Ainsi, le joueur habitué du genre est en droit de s'interroger, le jeu est-il à la hauteur de sa proposition ?

L'histoire

Spirit of the North vous lance d'entrée de jeu au cœur d'un paysage désolé de rocaille et de glace inspiré de l'Islande. Vous incarnez un renard roux aux commandes duquel vos premières minutes de jeu vont se résumer à errer sans but et à avancer à la découverte d'un monde en ruine. L'objectif de votre personnage restera d'ailleurs longtemps assez mystérieux, tout au plus devez-vous suivre une trace rougeâtre flottant dans le ciel qui se rappellera régulièrement à votre bon souvenir au cours des 8 chapitres que compte Spirit of the North. Si le jeu est avare en explication, aucune ligne de dialogue ni aucun texte ne rythme l'aventure, quelques indices parfois cachés, parfois placés sous les yeux du joueur lui permettent de reconstruire un semblant d'histoire tout en ajoutant un élément de recherche au gameplay. Les seuls êtres que le goupil va croiser sur sa route sont les fantômes de mystérieux chamans dont la découverte est elle-même une composante essentielle de l'histoire. Seule présence réconfortante au sein de ce monde en ruine, un esprit gardien prenant lui aussi la forme d'un renard, viendra vous guider et vous épauler tout au long de votre périple.
Un renard dans le Grand Nord

Le principe

Trouver les chamans défunts est un des éléments les plus intéressants du voyage.

Sur le principe, Spirit of the North est un pur walking sim dont l'inspiration principale est à rechercher du côté des classiques de thatgamecompany et plus particulièrement du chef-d'œuvre du studio qu'est Journey. De cette prestigieuse inspiration on reconnaîtra ce goût pour les paysages arides et majestueux, pour le silence et l'isolement, le tout habillé d'une bande-son discrète à base de cordes et de piano qui s'avère être un complément indispensable au voyage. L'inspiration est tellement forte que certaines séquences semblent placées dans le but d'évoquer l'émerveillement engendré à son époque par son prestigieux modèle. Malheureusement, la comparaison est souvent cruelle pour Spirit of the North tant ces séquences sont techniquement bien en deçà de l'original (les glissades par exemple). Heureusement, Spirit of the North sait aussi se démarquer et, si les premiers chapitres laissent parfois planer la crainte de l'ennui, le jeu vient rapidement s'enrichir d'une touche de gameplay agréable. En effet, la magie de votre esprit compagnon permet d'introduire progressivement quelques pouvoirs qui vont agrémenter le jeu d'une dimension Metroidvania en proposant des énigmes et des phases de plateforme qui ont le mérite d'exister même si le challenge est rarement relevé.
Plus d'un tour dans son sac

La technique

Illustration de certains soucis d'intégration du renard dans le décor

La qualité graphique et l'aspect technique sont des éléments indispensables pour faire d'un walking sim une expérience à la hauteur du joueur et c'est malheureusement un point sur lequel Spirit of the north échoue parfois à convaincre.

Le portage PS5 n'apporte pas grand-chose de plus à un jeu qui manquait déjà de polish à sa sortie et, même si les textures ont été remastérisées pour l'occasion, on remarque encore des effets de particules et d'eau sommaires, des polygones saillants ou encore des rencontres fréquentes avec des murs invisibles. Pire, l'intégration du renard dans le décor est assez désastreuse, donnant constamment l'impression que le personnage glisse sur les éléments solides (c'est assez flagrant sur les escaliers). Le gameplay, lui aussi, pêche par moments, certaines phases de plateforme imprécises obligent trop souvent à refaire un chemin fastidieux. Les premiers niveaux, censés plonger le joueur dans l'aventure, sont d'ailleurs les plus ratés et, même si cela s'améliore très significativement par la suite, vous en viendrez parfois à vérifier qu'il ne s'agit pas d'un joycon que vous tenez entre les mains. Attention, Spirit of the North reste un jeu extrêmement agréable à l'œil mais, si une grosse partie du jeu offre un rendu magnifique, le résultat est parfois décevant au regard de ce qu'on est en droit d'attendre d'un jeu estampillé PS5.
Pas toujours à la hauteur de ses ambitions

Pour qui ?

Les paysages de steppe sont particulièrement réussis.

Spirit of the North se destine clairement aux joueurs casual, voire aux plus jeunes. Il ravira les amateurs de voyages fantastiques et merveilleux, d'expériences courtes mais immersives (une partie va durer une dizaine d'heures). La petite équipe de Infuse Studio propose ici un jeu calme et zen. Aucune violence, ni aucun combat n'est requis pour venir à bout de l'aventure, il suffit juste de se laisser porter par la trace dans le ciel et par l'esprit du Nord. Les fans des jeux de thatgamecompany trouveront là une proposition qui, même si elle est en deçà des productions du studio japonais n'a, au final, pas à rougir de la comparaison.
Pourtant que la montagne est belle

L'anecdote

Vous devrez d'abord vous charger en énergie avant de pouvoir utiliser vos pouvoirs.

L'équipe d'Infuse Studio n'est pas la première à nous proposer d'incarner un renard, le sieur goupil est en effet souvent apparu dans le jeu vidéo. Nintendo en a fait un pilote chevronné dans la série des Star Fox tandis qu'avec Tail, Sega introduisait le premier compagnon de Sonic. Un renard polaire guidait déjà quant à lui une fillette dans Never Alone. Les plus anciens se souviendront avec nostalgie d'avoir trouvé à l'époque les aventures de Spy Fox dans leur paquet de céréales. S'il est souvent présenté sous une forme cartoonesque, le renard de Spirit of the North est l'une des versions les plus réalistes de l'animal qu'il vous sera donné d'approcher, rappelant à bien des égards la magnifique louve de Okami.
Mister Renard
Les Plus
  • Le personnage principal est un renard
  • Une invitation au voyage et au dépaysement
  • Les pouvoirs qui enrichissent le gameplay
  • Une bande-son réussie et immersive
Les Moins
  • Un jeu agréable mais oubliable
  • Mal fini techniquement
  • Le portage PS5 n'apporte aucune plus-value
  • Souffre de la comparaison avec ses principales inspirations
Résultat

Très largement inspiré du génialissime Journey, Spirit of the North peine bien souvent à s'en démarquer, la faute à une partie technique peu aboutie ce qui est cependant compréhensible au vu de la taille réduite de l'équipe de développement. Le jeu a tout de même quelques atouts à faire valoir et réussit régulièrement à faire oublier son inspiration. L'utilisation des pouvoirs notamment, enrichit un gameplay contemplatif, d'énigmes et de phases de plateforme qui rythment, prolongent et donnent envie de poursuivre une aventure qui aurait pu être totalement ruinée par un premier niveau terne et peu avenant, heureusement vite rattrapé par des chapitres au rendu magnifique.

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