Test | Xenoblade Chronicles : Definitive Edition
29 juin 2020

Une balade sans fin

Testé par sur
Xenoblade Chronicles : Definitive Edition

Xenoblade Chronicles : Definitive Edition est un titre tellement emblématique. La revanche de Tetsuya Takahashi a imposé une vision, le pari finalement gagnant de Nintendo avec Monolith Software, le titre gigantesque d'une Wii à bout de force. Aujourd'hui la saga est devenue une poule aux œufs d'or qui en est déjà à sa sixième itération en dix ans. Finalement qu'importe, Xenoblade Chronicles est de ces rêves de joueurs dont on ne se lassera jamais, une promenade mystique, une cathédrale de symbologie qui à chaque sortie améliore l'entendement.

L'histoire

Sur le corps des titans Bionis et Mékonis, qui se livraient une lutte acharnée et que le temps a fini par figer, sont nées deux civilisations. Sur Bionis apparurent les humains regroupés en colonies, tandis que sur Mékonis les robots. Ces deux civilisations, rivées dans le télescopage des épées, sont en guerre, les humains fréquemment assaillis ne devant leur salut qu'à la puissance de Monado - une mystérieuse épée que seul votre héros peut maîtriser, avec laquelle il entame une quête de vengeance et deviendra le dernier espoir d'une civilisation.

Le scénario parfaitement écrit va monter crescendo, mettant d'abord en exergue la relation entre Monado et votre groupe ; porte d'entrée vers les révélations mythologiques d'un monde livré aux caprices des dieux. Histoire intemporelle, elle a cette fougue des jeux d'antan qui allaient de rebondissements en rebondissements avec quelques lignes de dialogue et une mise en scène rachitique. Sauf que Xenoblade Chronicles fait les choses en grand, abondamment illustré en cinématiques soutenues par des dialogues et des scènes d'action puissants ; le rythme est endiablé.
Le rythme est endiablé

Le principe

D'une beauté à se damner.

S'il est un J-RPG dans la lignée de Final Fantasy XII, il se démarque comme aucun autre par son gigantisme où les thématiques métaphasiques posées par Tetsuya Takahashi tout au long de sa carrière trouvent un écho qui touche à la quintessence de par son accessibilité.

Les Titans sont des corps-mondes : les panoramas qui se dégagent de ces morphologies démesurées sont ahurissantes de beauté jusqu'à l'intimidation ; vous vous sentez tout petit. Mais c'est aussi cette place insignifiante qui, plus que jamais, fait de vous de véritables aventuriers. Vous voulez aller partout, vous confronter à toutes les directions, à toutes les espèces, et si ce n'est pas le bon moment vous fuirez, froussard, pour y revenir plus tard. La faune considérablement variée contribue pour beaucoup à cette allégresse, vous inscrivant dans l'échelle quelque part entre le papillon et le dinosaure, réagissant à votre passage dans l'indifférence ou la mise en chasse. Les premières heures sont alors délicieuses à vivre, où vous hésitez constamment entre vous approcher pour contempler, dénicher ou vous tenir à l'écart et frôler les murs, de peur d'approcher de trop près certaines espèces au niveau affolant.

Plus complexe à appréhender, le jeu est bourré de quêtes annexes qui tendent évidemment à vous faire gagner de l'expérience, des objets, mais pas seulement. En les réalisant, vous augmentez votre niveau de sociabilité, qui rend compte des liens noués avec les PNJ, traçant ainsi un sociogramme qui vous sera propre, singularisant votre aventure. Dans le même ordre d'idées, beaucoup de points d'intérêt se réservent à une rencontre entre deux personnages précis, une fois qu'ils auront le niveau d'affinité requis. Vous obligeant, si vous voulez assister à ces petites scènes, à offrir des cadeaux ou à constituer les groupes adéquats pour partir en mission.
Quintessence d'accessibilité

La jouabilité

La gestuelle des personnages accuse les années.

En ce qui concerne sa jouabilité, Xenoblade Chronicles se pose en héritier des MMORPG et porte une telle générosité qu'il déborde de systèmes.

Commençons par l'idée de génie : l'épée Monado offre au héros un pouvoir lui permettant d'entrevoir le futur, non seulement lors de la narration mais surtout durant les combats où le temps se fige, vous montrant le coéquipier en danger de mort. Ainsi, il faut faire preuve de rapidité dans le choix de l'action (la plus pertinente) afin de peut-être le sauver. C'est tellement malin ! Ces moments s'apparentent à des phases de QTE qui renouvellent constamment l'intérêt des combats.

Des idées comme celle-ci, le jeu en est bourré. Les attaques sont nombreuses et propres à chaque protagoniste : certaines exigent que vous soyez placé au bon endroit face à l'ennemi sous peine d'invalider votre coup, et les ennemis eux-mêmes possèdent des points faibles qu'il s'agit d'exploiter au risque de perdre vos combats. Sans parler des encouragements qu'il faut veiller à distribuer pour remonter le moral des troupes et autoriser le déclenchement d'une attaque combotée surpuissante. Les attaques sont évidemment illimitées et se rechargent automatiquement ; après les combats tout le monde récupère sa barre de vie et les points d'expérience sont distribués automatiquement.

À la fois complexes, limpides et stratégiques, les combats sont épiques. Vous ne pourrez leur reprocher que la caméra brouillonne, qui se perd parfois dans les entrailles des protagonistes et qu'on ne sait pas toujours où placer face aux boss immenses. Pour le reste, c'est la grande classe !

Enfin si, un petit quelque chose quand même. Xenoblade Chronicles est un J-RPG à l'ancienne, alors avec ses airs de jeu de randonnée avant l'heure, il sait vous rappeler à l'ordre et vous remettre au charbon. Si la dimension tactique est importante, ce qui compte tout de même au final ce sont les niveaux : les vôtres et ceux de vos ennemis. N'espérez pas les vaincre et encore moins les boss avec plusieurs niveaux à leur avantage ; impossible. Xenoblade Chronicles en mode Normal n'échappe pas à la règle des heures perdues à leveler, et même si le jeu propose un mode Facile qui tend à remédier à cela, l'expérience reste suffisamment exigeante.

À noter que le jeu propose aussi un mode Expert qui se réserve aux plus fougueux d'entre vous, puisque les points d'expérience gagnés sont mis en réserve pour être utilisés ultérieurement, et un personnage pourra constamment voir son niveau modifié afin de récupérer l'expérience et la mettre en réserve.
D'une telle générosité qu'il déborde de systèmes

Pour qui ?

Des conditions climatiques bien rendues.

Il est fort possible que Xenoblade Chronicles ressorte sur la prochaine génération de consoles mais qu'importe ! De la même manière que Final Fantasy XII : The Zodiac Age était une obligation, celui-ci l'est autant. Il est aussi de ces jeux qu'on parcourt fièrement, qui vous font croire que vous n'aurez pas à vous lever demain et qui vous rappellent pourquoi vous aimez tant le jeu vidéo. "Xenoblade fait partie de ces titres qui se destinent à tous les joueurs." Point.
De ces jeux qu'on parcourt fièrement

L'anecdote

Des boss pleins de style.

Cette version Switch n'est sans doute pas à la hauteur de l'enrobage d'or et de platine que le jeu mérite, mais tout de même. Lorsque l'on compare les images d'aujourd'hui et les sensations toujours vivaces avec celles d'il y a dix ans... tout de même... le travail est colossal. Sans parler des musiques divines qui ont été, pour la plupart, réorchestrées. Puis, la quantité d'innombrables ajustements de l'ordre de l'anecdotique, qui ont pourtant été mis en chantier, rendant l'expérience d'actualité. S'ajoute en plus un épilogue de plus de dix heures, qui vient très irréprochablement habiller ce qui est sans doute le plus grand et le dernier des J-RPG de l'ancien monde.
Le travail est colossal
Les Plus
  • Un monde exceptionnel
  • Scénario parfaitement construit
  • Des combats plein de fougue
  • Nouveaux modes de difficulté bien trouvés
  • L'épilogue en plus
Les Moins
  • Une difficulté à l'ancienne
Résultat

La sortie de Xenoblade Chronicles : Definitive Edition est une bénédiction. S'il était réputé pour être un jeu interminable, cette édition définitive n'améliora ni sa résonance, ni votre temps de sommeil. Les nouveautés sont nombreuses : réfection spectaculaire, meilleure lisibilité de l'action, nouvelle gestion de l'équipement, défis Time Attack... Sans parler de l'épilogue inédit et d'un mode Difficile qui remettront ceux qui connaissent le jeu par cœur à l'ouvrage sur le métier. Le challenge est à la hauteur et la Switch s'emporte partout. Xenoblade Chronicles : Definitive Edition est de la trempe des plus grands : un univers qui se traverse bouche bée, des combats dynamiques et un scénario spectaculaire d'audace indémodable.

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