Test | Prey pour les chemins de l'étrange ?
22 août 2006

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Prey (2006)

Prey fait partie de ces monstres vidéoludiques qui n'ont pas à investir dans la publicité pour se faire connaître. Il est vrai qu'au cours des 8 années de développement, les informations données au compte gouttes ont su faire naître une impatience nerveuse chez tous les joueurs. C'est donc avec une certaine fébrilité que nous l'avons vu débarquer en salle de test, et il est vrai que les innovations sont de mises. Voyons en détails ce que ce titre, annoncé comme l'un des plus grands FPS de l'histoire, a dans le ventre.

Des lignes de scénario

Le scénario, qui tient généralement sur un emballage de carambar dans ce style de jeu, prend ici une place prédominante. Bien que vous ne soyez pas maître des directions que prendra votre histoire, elle pose sacrément le décor. Vous incarnez ainsi un jeune Cherokee, Tommy, qui renie profondément ses origines de 4x4, sa mère étant berlinoise... Bref ! En fait, ce sont surtout les superstitions mystiques de son peuple qui lui sortent par les yeux. Cependant, son grand-père ne le lâche pas d'une semelle, voulant l'aider à rentrer dans le droit chemin, histoire de sauver son âme. Une troisième personne entre en jeu : votre amie Jean, la belle du scénario. Elle vous aime mais refuse de vous suivre en dehors de la réserve. Vous vous retrouvez donc accompagné dans le bar que tient votre amie le soir où tout a basculé. En effet, après avoir expliqué à coup de clé à molette à deux jeunes gens qu'il faut parler correctement à votre fiancée, la télé s'éteint. Fin du tutorial. Non vous ne l'avez pas débranché en vous battant. Vous entendez bredouiller "vaisseaux", "OVNI", et le toit de l'établissement s'envole. Un halo lumineux vous aspire dans les airs. Vous voila prisonnier, et ce sont sous vos yeux que votre grand-père est transformé en steak haché. C'est à partir de là que vous vous saisissez d'une arme et partez sauver votre belle héroïne. Et c'est là que, par la force des choses, vous débutez véritablement l'aventure à bord de ce vaisseau extra-terrestre.

Finit de s'étaler, maintenant on étale !

Certains de ces chemins demanderont à être activés : un travail pour votre double mystique.

Oui, dévoiler la quasi-totalité de l'intrigue n'est pas chose habituelle. Dans le cas de Prey, c'est presque obligatoire. C'est pour mieux situer l'action et surtout le détail des nouveautés qui suit. Jugez par vous-mêmes : à bord d'un vaisseau alien, vous êtes forcément moins surpris de pouvoir marcher sur les murs ? Donc, imaginez une pièce standard de FPS, un cube. Dans Prey, il vous suffit de marcher sur des bandes bien distinctes pour coller au mur, puis au plafond. Tout simplement. De plus, vous vous décrochez quand bon vous semble. Même Sam Fisher ne pouvait rêver mieux pour surprendre les ennemis. D'accord, il n'est pas question d'infiltration dans ce titre mais tout de même, ne soyons pas sectaires. Maintenant, prenez une respiration profonde. Car une fois saisi le principe de ce qui suit, vous allez trépigner comme de jeunes demoiselles. Promis !

Des innovations qui tombent du ciel

Voilà où les anciens s'en vont. Sympa, non?

Les développeurs ont tenu leur promesse quant aux portails. Il s'agit de trous spatio-temporels par lesquels vous apercevez même vos ennemis. Ils permettent de passer d'une zone à une autre, puis de revenir à la première avec une facilité déconcertante. Vous les trouvez partout, dans une caisse ou contre un mur. L'intérêt ? Obtenir une fluidité entre les niveaux, les environnements, et aussi vous perdre un peu. En tous cas l'idée est bonne et bien utilisée. Elle sera sûrement déclinée sous peu dans d'autres titres. De plus, l'effet graphique qui les accompagne est très sympathique. Mais le poids lourd toutes catégories dans ce rayon "nouveautés", c'est la possibilité de changer la gravité. En tirant simplement sur des balises placées aux murs, vous la modifiez à volonté. Cela apporte une autre dimension aux niveaux et au jeu. Votre manière de voir les choses est ainsi modifiée. Une trappe est trop haute pour vous, par exemple ? Ne cherchez plus l'ascenseur qui y mène mais la bonne balise. En tirant dessus le plafond devient sol. Il est vrai que cela rend quelques passages délicats, mais quoiqu'il en soit, cela surprend et donne lieu à un level-design des plus léché.

Les grands-parents gâtent trop

Sortir de votre enveloppe sert principalement à passer les champs de force

Grand papa s'est fait trucidé, nous l'avons vu plus haut, ou plus bas, tout dépend de la gravité en fait. Mais vous le retrouvez au pays des morts lorsque vous aussi vous êtes à court d'énergie. Il vous dote même d'un allié, le faucon de votre enfance. Ce dernier va vous guider tout au long du jeu. Papy vous apprend aussi que vous êtes doté d'un pouvoir particulier : vous pouvez sortir de votre corps. Comme les jeunes bougres qui écoutent de la musique techno. De cette manière, vous pouvez laisser votre enveloppe charnelle à un endroit. Vous en sortez pour atteindre un interrupteur généralement placé derrière un champ de force. Notez que, sous cette forme vaporeuse, vous êtes invisible aux yeux de l'ennemi mais pouvez tout de même vous battre. C'est très pratique et ajoute encore à l'intérêt de l'exploration. Le dernier cadeau est par contre empoisonné, pas pour vous mais pour le titre en général. Voyez plutôt...

Ce qui pourrit le ver de la pomme

Voila le niveau bonus en question. Il n'y a pas de quoi en être fier !

Cette dernière idée, certainement née d'un mélange de drogues et de 51 frelaté, est clairement de trop. Lorsque vous devez en théorie mourir, vous partez en fait au royaume de vos ancêtres pour y capturer des âmes qui vous redonnent des points de vie. Cette manière de renaître enlève toute crainte de décès atroce. Et dans un FPS, c'est cette même peur qui motive l'avancée du joueur, non pas un désir de balade bucolique dans un vaisseau alien, si magnifique soit-il. Le cas contraire, vous joueriez à "La croisière interstellaire s'amuse". Parlons justement des qualités graphiques du titre. Prey utilise le moteur de Doom 3. Les décors sont magnifiquement rendus. Les textures organiques sont tout simplement superbes. C'est réellement du beau travail, et le tout est bien optimisé. Par contre, l'IA des ennemis n'a pas du être vendue avec le moteur. En effet, mis à part le fait de se cacher de temps en temps derrière une caisse, les affreux d'en face ne font pas grand-chose. La visée ennemie est imprécise, et leur agressivité faible. Notez que le mode "difficile" ne se débloque qu'après avoir terminé le mode "normal", ce qui n'arrange pas la durée de vie du jeu.
Les Plus
  • Beau, doublé d'une ambiance du tonnerre
  • L'aventure est tout de même sympathique
  • Les innovations sont bien pensées et laissent présager de bons titres à venir
  • Mention spéciale pour le changement de gravité qui parfois rend fou
Les Moins
  • Les ennemis ne réagissent pas et le headshot est déclaré sport national
  • L'impression désagréable de jouer en "god mode" !
  • Le faucon qui nous guide dans les niveaux bride les initiatives
  • Les puzzles rencontrés sont simplistes
Résultat

Le mode multijoueur n'est pas au niveau de la campagne solo, bien qu'il en reprenne les particularités. Seulement deux modes sont au compteur : "Deathmatch" et "Team Deathmatch". Vous aurez tôt fait de ne plus en pouvoir de fragger sur les 6 cartes actuellement disponible. Vous avez compris que la force de Prey réside dans son ambiance glauque, et les nouveautés qui rendent la progression sympathique. Les épreuves et puzzles que vous trouvez sur votre chemin ne sont pas des plus difficiles. Les conséquences se font bien entendu sur la durée de vie du titre, qui se situe aux environs de 8 à 10 heures. Cela devient apparemment une habitude dans ce genre de jeux, espérons juste que la concurrence ne se calque pas sur la durée de développement. Malgré ces derniers points négatifs, Prey est tout de même à conseiller aux joueurs occasionnels. Car même si la campagne solo est courte et que vous avez constamment l'impression de jouer en god mode, le joueur lambda appréciera l'aventure. Les graphismes magnifiques et l'accélération soutenue de l'action font passer d'agréables moments ponctués de bonnes surprises. Les plus férus attendront une version moins onéreuse, un peu comme la sortie cinéma que l'on préfère attendre en location DVD.

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