Dossier | Le retour du Video Games Live à Paris
27 nov. 2009

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Reprendre des musiques de jeux vidéo avec un orchestre symphonique : un pari osé mais qui marche de mieux en mieux au fil des années. Lancé en 2005 aux Etats-Unis, le Video Games Live (VGL) a depuis écumé la planète entière. L'année passée, ses créateurs, Tommy Tallarico et Jack Wall, étaient en représentation avec le Star Pop Orchestra pour la première fois en France. De retour dans l'hexagone le 21 novembre dernier, Gamatomic ne pouvait passer à côté de l'évènement. Compte-rendu d'un concert pas comme les autres.

Le concert dont vous êtes le héros

Le VGL fait partie de ces concerts chaleureux durant lesquels l'audience est invitée à faire part de ses émotions en temps réel. Tommy Tallarico (compositeur des bandes son d'Earthworm Jim, Cool Spot et bien d'autres) l'a d'ailleurs rappelé, l'orchestre se nourrit de l'énergie du public. Il est donc tout naturel que celui-ci montre son enthousiasme ou son mécontentement afin que le show soit le plus vivant possible. Si la foule s'est montrée un peu moins participative que l'an dernier l'atmosphère n'était pas pour autant monotone. Il faut préciser qu'une fois de plus certains chanceux ont pu monter sur les planches, et prendre part au spectacle. C'est ainsi que deux joueurs ont tenté de faire le meilleur score possible sur Frogger en l'espace d'une minute trente. Pendant qu'ils étaient en action l'orchestre jouait évidemment la bande son de ce titre rétro. Le public s'est montré très réactif et Jean Philippe, le vainqueur, aura entendu plus d'un « JP » en guise d'encouragement ! Un sympathique échange entre les musiciens et le public donc, qui aura remplacé de belle manière l'instant Space Invaders de 2008. Par ailleurs, le traditionnel challenge à Guitar Hero : Aerosmith (Tallarico étant un cousin du chanteur du groupe : Steven Tyler) s'est encore déroulé à la Porte Maillot. Contrairement à l'édition précédente, le joueur sélectionné a réussi le défi : dépasser 150 000 points sur la chanson Sweet Emotions du fameux groupe de hard rock originaire de Boston. Félicitations à lui, du haut de ses seize ans, le jeune joueur ne s'est pas démonté devant les 3000 personnes présentes et a bien assuré, le tout en expert qui plus est.

Le concert de la ‘Playhistoire’

Ralph Baer respire encore la passion du jeu vidéo et des inventions en tout genre

Dans le genre évènementiel, le VGL a fait très fort cette année avec plusieurs brèves interventions vraiment intéressantes. La plus judicieuse est bien entendu celle de Ralph Baer, cet inventeur allemand âgé aujourd'hui de 87 ans. Illustre inconnu pour un certain nombre des auditeurs, l'homme a pourtant énormément apporté au média, puisqu'il est tout simplement le créateur de ce qui sera appelé plus tard 'jeux vidéo'. Interviewé via Skype par Tommy Tallarico, il est revenu sur les circonstances de ses velléités créatrices d'après-guerre. Les plus jeunes joueurs pouvant se désintéresser de l'histoire du média qu'ils apprécient tant, il est naturel quelque part de les inviter à en apprendre davantage sur la courte mais néanmoins passionnante histoire des jeux vidéo. Une politique que l'on retrouvait également dans le hall avec la présence des Editions Pix 'n Love, spécialisée dans le retro gaming et l'histoire des jeux vidéo, mais aussi l'association MO5, qui lutte à raison pour la préservation du patrimoine vidéo-ludique. Pour revenir à la musique, Jesper Kyd, créateur notamment des bandes son de la licence Hitman et de l'excellent Borderlands, était lui aussi interviewé un court instant. Pas très causant l'homme a cependant touché quelques mots sur la plus grande variété de gameplay du récent Assassin's Creed 2 ; le tout impliquant moins de répétition dans les thèmes proposés. Le dernier gros titre d'Ubisoft s'est donc invité en avant première mondiale sur la scène du Palais des Congrès. Un choix qui relève certainement plus d'un coup de pub que d'un véritable choix artistique. Le morceau repris pour l'occasion, loin d'être mauvais, s'apprécie sûrement plus dans le jeu qu'en live. Pas vraiment emprunt d'une personnalité forte il sera vite oublié. Un peu comme celui tiré de Civilization il y a un an.

Quoi de neuf docteur ?

Martin Leung aura une fois de plus eu droit à une standing ovation méritée

Qui dit nouveau concert dit nouveaux morceaux. Ceux qui assistaient à l'évènement pour la seconde fois ont pu écouter un bon tiers de titres inédits. Myst, jeu dont Jack Wall s'est occupé de la partie musicale, a ainsi été à l'honneur. De quoi mettre à l'honneur la chorale, globalement moins présente qu'en 2008 ; l'absence du segment God of War y étant pour quelque chose. Les auditeurs ont également pu savourer les arrangements de thèmes repris d'une licence mythique de Capcom : Megaman. Autre vide comblé lors de ce cru 2009 : celui d'un passage Shadow of the Colossus. Forcément trop court, il fut tout de même bienvenu tant ce titre se prête à merveille à la réorchestration en live. Dans un registre différent, un montage vidéo a magnifiquement rendu hommage au Roi de la Pop. Michael Jackson, dans son plus beau sprite de Moonwalker sur Megadrive, a ainsi été réincrusté dans divers monuments vidéo ludique : Tetris, Mario… Magique ! Enfin, les amoureux des RPG ont été plus que comblés. En plus du magnifique medley au piano de Martin Leung, la saga Final Fantasy a eu droit à deux autres. Square Enix fut aussi représenté via un joli final dédié à Chrono Cross et Chrono Trigger. Un morceau plébiscité par le public européen (premier des votes sur le site d'ailleurs, devant Megaman), qui aura permis d'entendre un peu de guitare acoustique. Le reste des morceaux, de très bonne facture, s'est concentré sur des grands classiques tels que Zelda, Halo, World of Warcraft ou bien encore Metal Gear Solid. S'il est permis d'émettre un petit bémol, évoquons juste le décalage entre la puissance de l'orchestre et plusieurs parties rythmiques un peu en dessous. Non pas que les deux percussionnistes soient de mauvais musiciens, bien au contraire. Disons que le batteur que nous rêvons d'une base rythmique basse/batterie en plus de la section percussion. Cela permettrait d'ailleurs de rendre certains thèmes rock encore plus vivants, comme celui de Castlevania par exemple. Peut-être pour l'an prochain, qui sait ?
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