Preview | Sniper Elite dans la ligne de mire
17 août 2005

Rédigé par
Prévu sur
Sniper Elite
  • Éditeur Ubisoft
  • Développeur Rebellion
  • Sortie initiale 29 sept. 2005
  • Genres Action, First Person Shooter

Quelle est cette passion qui amène nombre d'entre nous à vouloir aligner une cible et un viseur, à appuyer au bon moment, et à observer le résultat, l'ennemi propulsé par l'impact de la balle ? Est-ce le sentiment de puissance que de produire un effet à distance ? Est-on d'autant plus puissant que le tir porte loin ? Sniper Elite nous rappelle ce désir profond enfoui dans notre psyché : celui de tuer des gens en leur tirant dans la tête. Mais non, le jeu vidéo n'est pas violent, il s'agit d'une reconstitution historique.

Guerre froide, jour 1

Encore un jeu prenant pour cadre la seconde guerre mondiale me direz-vous ? Oui, mais cette fois-ci vous interpréterez un sniper américain qui se déguise en allemand qui se déguise en gravats pour descendre des russes rouges au fusil de sniper. On nous le dit tout de go dans la séquence d'introduction : vous êtes le premier soldat de la guerre froide, cette guerre où l'on place des balles dans le dos sans y aller avec celui de la cuillère. Tout ça pour empêcher une organisation russe, le NKVD, d'obtenir la bombe A, ce qui aurait pour répercussion de déstabiliser "l'équilibre des forces mondiales". Quel qu'en soit le prétexte, les fourbes trouveront ici leur terrain de jeu, laissant aller leur pulsion de mort en défigurant d'une balle placée dans la joue, l'oeil ou le front de ces hommes qui défendent le partage. Vaste programme.

Dans la peau d’un sniper

Non, on ne peux pas abattre d'avion, ce n'est qu'un événement d'ambiance

Le sniper est une des facettes du joueur de FPS que certains adoptent très régulièrement. Qu'y a-t-il de comparable au plaisir de supprimer l'adversaire sans qu'il aie la chance de répliquer ? Il est vrai que cette attitude est souvent dépréciée dans le multijoueurs. Pour consoler les mal-aimés des lans de Counter-Strike, Rebellion leur propose un jeu qui leur est entièrement consacré : plus loin qu'un Silent Scope qui a plus à voir avec House of the Dead, Sniper Elite propose un jeu à la troisième personne dans lequel on offre au joueur le plaisir de se camoufler, de choisir son spot de tir, de dissimuler les cadavres laissés sur la route, le rapprochant ainsi plus d'un jeu d'infiltration que du FPS qu'on aurait imaginé. De même l'aspect simulation est appuyé, puisque le vent et le poids de la balle sont pris en compte et il est possible comme dans Far Cry de passer en mode "poumons vides", pour supprimer le tremblement lié à l'essoufflement. Le rythme cardiaque est lui aussi représenté, ainsi si l'on vient de courir par exemple le viseur tremblera plus, et on ne pourra couper son souffle pour mieux viser. De multiples détails très attractifs qui donnent envie de se plonger dans le jeu...

Le vieux campeur

L'effet accompagnant un tir spectaculaire est très réussi

Dans le principe, Sniper Elite explore un type de jeu passionnant : on se retrouve dans un champ de bataille en ruine, observant les alentours à la recherche d'ennemis potentiels. C'est ici que, malgré une réalisation pour l'instant très moyenne, la direction artistique est fort réussie. Les décors sont ocres ou gris, et il est difficile de distinguer l'humain, ennemi potentiel, de la ruine. Tout autour, chaque bâtiment peut dissimuler une menace. Ce qui permettrait d'apprécier pleinement ce principe de jeu, serait une ia qui surprendrait le joueur, qui ne serait pas prévisible. Or la version actuelle ne propose qu'une intelligence artificielle sommaire, trop sensible à certains stimuli, comme les bruits de pas de l'autre côté d'un immeuble, et pas assez à d'autres, les coups de feu frôlant leur tête ne les empêchant pas de se relever au même endroit. Ce que l'on est en droit d'attendre, c'est le jeu en multijoueurs qui pourra être fort intéressant, se transformant en partie de cache-cache à grande échelle et en véritable duel psychologique. Cependant il faudra que les modes de jeu invitent les joueurs à se déplacer, sans quoi la meilleure chose à faire sera de planter sa tente pour une petite partie de camping.

Attention ! Un avion va s’écraser si vous prenez la première à gauche !

On ressent toute l'angoisse de l'instant précédant l'impact

La réalisation de la version que nous détenons actuellement laisse malheureusement à désirer. Les textures sont grossières, les bâtiments très répétitifs, et les objets avec lesquels on peut interagir sont bien trop rares. Si la mise en scène d'événements d'ambiance, principalement aériens, donne de la vie à la façon de Call of Duty par exemple, leur apparition est si scriptée que cela casse l'immersion recherchée. C'est dommage, vu la qualité de certains effets spéciaux. La bande-son en l'état est véritablement problématique, car des fusillades d'ambiance et des jurons germano-russes viennent de nulle part. Cela scinde le son et le gameplay, ce qui est dommage. De plus des bugs importants nous ont empêché de terminer certaines missions, ce qui ne nous permettra de donner notre avis qu'avec la version définitive.

Ont-ils grillé toutes leurs cartouches ?

On peut passer par les canalisations

Sniper Elite présente toutefois des qualités qui nous donnent envie de voir ce que les développeurs auront réussi à modifier grâce au délai obtenu sur la release du jeu. Le ralenti lorsque l'on place un joli tir dans la tête d'un ennemi en mouvement où la caméra suit la balle procure un plaisir cynique diablement efficace. De plus le tir est assorti de ses caractéristiques de distance, de placement, etc. qui récompensent la beauté (malsaine) du geste. Le principe d'infiltration et de sniping est séduisant, car il implique une attention constante au level design et au moindre mouvement ennemi. Sniper Elite, dont la sortie est prévue pour la fin septembre, réussira peut-être à nous surprendre si ses défauts sont corrigés. Si ce n'est pas le cas, ce sera une mise en place utile d'un concept de jeu efficace qui sera repris par ses propres développeurs ou par d'autres.
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Tribune libre