Preview | Diablo IV
20 mars 2023

Lilith ou La Force du destin

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Diablo IV

Vous aimez Verdi ? Vous aimerez Diablo IV. Alors oui, c'est un hack'n slash avec du loot aussi efficace sur votre cerveau reptilien que les tintements d'une machine à sous. Mais c'est aussi le drame de la Démone Lilith et de son amant l'Ange Inarius, les Leonora et Don Alvaro de Blizzard Entertainment, dont l'enfant maudit est au cœur de cette bêta.

Acte 1 : de l'importance de l'aléatoire

Pourquoi on joue encore aux Diablo ? Pourquoi les suites d'un jeu sorti en 1996 se vendent à des millions d'exemplaires aujourd'hui – plus de 30 millions pour Diablo III ? D'abord parce que Diablo a conceptualisé le principe de loot dont les descendants sont les free to play aujourd'hui. En bref : le jeu vous donne des récompenses aléatoires et votre cerveau est dopé par l'excitation de ne pas savoir ce que vous allez recevoir.

Dans cette bêta limitée à l'Acte 1 du jeu et capée au rang 25 maximum, vous retrouvez tout ce qui a fait le succès de la formule : les monstres puissants qui lâchent du loot légendaire, le code couleur des objets repris par toute l'industrie depuis, le côté aléatoire de ce que vous récupérez (anneaux, cuirasse, etc.) et les nombreuses possibilités de l'améliorer moyennant finances et crafting. En gros : vous récupérez parfois de la daube et il faut la recycler pour améliorer ce qui peut l'être. Et survivre aux combats les plus durs. C'est cette mécanique implacable de la difficulté compensée par l'excitation de récompenses aléatoires qui vous rend junkie.

Acte 2 : de la difficulté

Du loot, des couleurs, des pourcentages : Diablo IV est un bandit manchot avec une moustache.

Les combats sont sans surprise le second point fort du jeu. Contrairement à pas mal de concurrents qui n'ont pas compris le truc, les ennemis lambda explosent en quelques secondes mais sont appuyés par d'autres plus vicieux. Faut-il se débarrasser de ces archers fantômes faibles mais qui vous harcèlent, ou vous concentrer sur ce Minotaure coriace qui vous inflige de lourds dégâts... ? Sachant que c'est bien sûr le Minotaure qui a le plus de chances de finir en pinata à loot.

Qui dit combats dit arbre de progression pour débloquer attaques et sorts de plus en plus puissants. Vous vous sentirez bien nu(e) au début du jeu, comme ma Sorcière avec ses attaques pourries au corps à corps. Avant de finir par invoquer des serpents de feu une fois le niveau 25 atteint. Bonne nouvelle, vous pouvez réinitialiser une partie ou la totalité des attaques achetées à tout moment, moyennant une somme ridicule – enfin dans cette bêta. Idéal pour tester des combinaisons, surtout que l'équipement légendaire récupéré donne des avantages à telle ou telle catégorie – le feu par exemple pour ma Sorcière bien aimée, alors que j'avais fait une build... électricité. Damn.

Autre option : jouer en coop, avec des inconnus ou des amis, pour faire un groupe équilibré – Barbare au corps à corps et Sorcier à distance, par exemple, pour citer deux des cinq classes disponibles. À noter que le Nécromancien fait son grand retour, une nouveauté pour ceux qui n'avaient pas acheté le DLC de Diablo III. C'est en coop que le monde ouvert de Diablo IV révèle tout son potentiel, même si de gros ralentissements surviennent pour le moment en ville – notamment près des marchands. Croiser des inconnus en train de laminer un mini boss qu'on allait justement fesser peut aussi agacer, tout comme l'interface pour le moment un peu confuse pour accepter des demandes d'inconnus ; quelques broutilles à améliorer pour la version finale, afin d'en faire un jeu aussi légendaire que les précédents.

Acte 3 : de la famille

Souvent négligé dans les hack'n slash, le scénario a ici des accents faustiens.

Si on récapitule pour les pressés qui aiment bien attaquer par la fin : vous avez donc un loot qui rend fou et des combats nerveux avec un bel arbre de progression. Est-ce suffisant ? Après tout on a déjà vu des clones cocher ces deux cases sans pour autant se vendre à 30 millions d'exemplaires, eux. Et c'est sans doute ce bon vieux Verdi de 1861 qui a la réponse : pour durer, il faut raconter une histoire. Et p***, quelle histoire !

C'est sans doute la plus grosse surprise de cette bêta – plus que le monde ouvert, l'ambiance à la Diablo II ou les chevaux pas encore accessibles. C'est bien simple, Lilith crève l'écran. À peine aperçue dans les bandes-annonces, elle se taille la part du lion dans cet Acte 1 et est parfois émouvante quand elle évoque son fils, sa bataille. Voir Lilith souffrir en parlant des siens déclenche des émotions contradictoires dans le cœur du joueur qui pensait juste taper sur un méchant de plus.

En composant La Force du destin, Verdi était déçu par un Risorgimento qui n'était pas à la hauteur de ses ambitions. Sa mélancolie et ses doutes rendaient encore plus sombre l'encre de sa partition, irriguée par la noirceur du destin et l'échec de la rédemption. Pour un peu on entendrait presque Inarius rêver du ciel avant de commettre l'irréparable – et d'alimenter la haine de son ancienne amante, Lilith. Quel sera le dénouement de leurs destins croisés... ? Pour le savoir, Blizzard Entertainment est malin : il va falloir passer à la caisse pour ce candidat déjà très sérieux au Game Of The Year 2023.
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Tribune libre