Test | Asheron's Call
16 août 2000

Testé par Tkilah
Asheron's Call

Les jeux massivement online sont l'avenir du jeu vidéo, disent certains. Ce qu'il est certain, c'est que le jeu de rôle online prend son envol. En tout cas, les projets pullulent : Horizons, Shadowbane, Néocron, Dark Sector, Ultima Online 2... Après qu'Ultima Online et Everquest aient essuyé les plâtres, l'outsider Asheron's Call pourrait bien être la nouvelle preuve qu'un vrai genre est en devenir...

C'est aujourd'hui un phénomène de mode : tous les grands éditeurs se lancent dans le jeu massivement multijoueur. Pourquoi un tel succès ? C'est très simple, depuis que Meridian 59 et Ultima Online, les pionniers du genre, ont fait leur apparition, en demandant un abonnement mensuel aux joueurs, les grosse boîtes sont plus qu'alléchées !! Imaginez un peu ce que leur rapporte l'achat du jeu lui même (300 francs) plus un abonnement de 10$ par mois (70 francs) : c'est tout simplement énorme, et croyez le, le jeu solo est voué à disparaître, car désormais, place aux jeu online, comme Everquest, Ultima Online ou encore le petit dernier, Asheron's Call, de chez Microsoft. La particularité de tous ces jeux est qu'ils sont tous des jeux de rôle. Car il est vrai que c'est ce qu'il y a de plus amusant : créez un personnage qui réponde à vos exigences, entrez dans un monde immense et superbe, et éclatez vous !

Une concurrence sévère.

Quoi de mieux ? C'est sûr que vu comme ça, les jeux massivement multi ont plus la côte ces temps ci que les pauvres jeux solo. Mais cessons les bla-bla et concentrons nous sur ce qui nous intéresse aujourd'hui, à savoir Asheron's Call : petit frère d'Ultima Online et d'Everquest, il a la particularité de se dérouler dans un univers créé de toutes pièces par les gentils gars de Turbine Entertainement. Et ces petits gars ont le moyens de vous faire rêver, car ils sont parrainés par Billou himself, j'ai nommé Krosoft ! Hmm.... Par où commencer ? Apres plusieurs mois passés à fouler le sol de Dereth (le monde d'AC), c'est dur de trouver un bon début, mais faisons les choses dans l'ordre, et commençons par l'installation.

Avant de se lancer

Petit avertissement prélable : comme pour UO ou Everquest, vous n'êtes pas prêts de voir le jour très souvent, car ce type jeu devient une drogue, à très court terme, pour tous ceux qui veulent tenter une nouvelle expérience alléchante, celle du jeu massivement online... Une fois le soft installé, il vous faudra créer un acompte sur la zone de Microsoft, puis rentrer votre n° de carte de crédit, et enfin la référence du coupon vous donnant droit à un mois gratuit. On ne sait jamais, peut être que vous ne serez toujours pas convaincu au bout d'un mois ! Une fois le jeu convenablement installé et vos coordonnées validées, un dernier choix : le serveur. En gros, il y a une dizaine de serveurs, qui sont tous exactement pareils, sauf un, Darktide, qui permet le PvP, c'est à dire les combats entre joueurs... Mais là, il faut vraiment en vouloir.

La création de perso.

C'est donc le moment de lancer le jeu. Apres une brève cinématique d'introduction, qui ne restera pas dans les annales, voici venue la phase de création du personnage, et attention, car un bon personnage peut vous faire aimer le jeu deux ou trois fois plus qu'un mauvais, qu'on le sache ! Vous devez tout d'abord choisir entre l'une des 3 races : sho (type asiatique), garhu'dim (africain), et aluvian (européen)... Aucune différence, si ce n'est l'apparence physique, et les propriété à utiliser des armes spécifiques à chaque race en cours de jeu. Une fois que cela est fait, c'est le moment de choisir sa carrière : archer, maître d'armes, enchanteur, mage, sorcier, vagabond, ou guerrier. Tout cela est bien beau, mais un bon conseil : choisissez plutôt l'option Custom Character, pour personnaliser votre bonhomme jusque dans les moindres détails.

Les attributs.

Puis vient le choix des attributs, qui déterminera les forces et faiblesses de votre perso : 6 attributs : strength (masse musculaire et force frappe), endurance (points de vie et de stamina), coordination (facilité à attaquer, et défendre), quickness (rapidité du personnage à effectuer des actions), focus (concentration sur des taches mentales), et self (points de mana)... Vous l'aurez donc compris, si vous voulez un personnage uniquement composé de muscles, privilégiez les 4 premiers attributs, sinon, pour les mages, enchanteurs et sorciers, investissez un maximum dans le focus et le self, sans pour autant négliger les autres attributs. La bêtise pour un mage serait de mettre le maximum en focus et self, et le minimum dans le reste -- le personnage ne tiendrait pas la toute. Non, vraiment, l'idéal, c'est un personnage polyvalent, sachant manier les armes et les sorts. Evidemment l'expérience de ce genre de paramétrages viendra en jouant, et vos premières erreurs vous aideront à vous constituer un personnage plus solide par la suite.

Les compétences.

Ensuite, la séquence Skills, elle aussi primordiale. En effet, c'est ici que vous allez distinguer votre personnage de tous les autres. Au total, plus d'une trentaine de skills sont disponibles. Elles suivent une hiérarchie précise : skill spécialisée, skill entraînée, skill non entraînée, skill inutilisable. Faites donc bien attention quant au choix de ces skills. Par exemple, un warrior devra prendre une skill d'arme (sword, axe, dagger), ainsi qu'une skill de melee defense, et peut-être même une skill run. Mais si vous voulez distinguer votre guerrier de tous les autres, et si vous l'avez doté de quelques points en focus et self, ne vous privez pas d'une skill magique ! Item enchantment vous permettra de jeter des sorts sur votre équipement et celui des autres, comme par exemple rendre une épée plus rapide et puissante. Creature enchantment affecte les personnages et monstres du jeu, en bien ou en mal cela dépend du sort. Life Magic permet tout ce qui est soins sur soi et les autres. Et enfin War Magic regroupe tous les sorts offensifs.

Quelques réserves...

N'oublions pas non plus quelques skills plus "tape à l'oeil", comme cooking (cuisiner), sauter (eh, sauter avec ses jambes hein ?), etc. Bref, vous aurez à votre disposition de quoi faire un personnage original ou très efficace, à vous de voir. Puis vient la dernière partie de la création, plus tranquille, ou vous devrez choisir le nom du personnage, son aspect, ses vêtements, et sa ville de départ. Au niveau de l'aspect, vous avez un trombinoscope vraiment bien fourni, et il serait difficile de trouver deux personnages vraiment identiques ! Seule petite ombre au tableau, tous les personnages ont la même corpulence, on aurait aimé des gros des maigres, des géants et des nains, comme c'est le cas dans Everquest et ses ogres gigantesques. Tant pis, ce sera pour Asheron's Call 2 !

Où se poser ?

En ce qui concerne la ville de départ, vous avez le choix entre 9 villes sur les 27 du jeu: 3 villes Aluvian (Holtburg, Lytelthorpe, Rithwic), 3 villes Gharu'ndim (Al-Arquas, Samsur, Yaraq), et 3 villes Sho (Nanto, Shoushi, Yanshi).... Petites préférences pour Holtburg, Shoushi et Rithwic, qui contiennent beaucoup de donjons et d'endroits intéressants pour bien débuter. Ne négligez pas la ville de départ, car c'est là où vous allez passer la majeure partie de vos premières heures. Il faudra tuer quelques monstres inoffensifs pour monter de quelques niveaux, avant de pouvoir vraiment commencer à jouer, et à vous aventurer dans le monde de Dereth. Vous pourrez par la même occasion visiter la ville, avec son forgeron, sa boutique de mage, son joaillier, etc. Bref, ne négligez pas cette phase d'apprentissage, et passez au moins 10 heures dans votre ville de départ, afin de la quitter en étant au moins niveau 5 ou 6.

Lançons nous !

Et une fois cette première étape franchie, il est temps de partir à l'aventure, et croyez moi, vous n'êtes pas prêts de tout visiter ! Le monde de Dereth est immense, et composé en gros de 3 parties : l'Osteth du Nord, l'Osteth du mileu, et les Direlands. Vous passerez la majeure partie de votre temps dans l'Osteth du milieu, car c'est là que se trouvent 26 des 27 villes du jeu. La 27ème se trouve dans les Direlands, mais c'est à réserver aux personnages de très haut niveau (niveau 25 minimum, dirons-nous, et encore). Dans la partie Osteth, il y a des villes de 3 influences différentes : l'influence Aluvian, l'influence Sho et l'influence Garuh'ndim. Mais si l'entourage des neuf villes de départ est plutôt calme (entendez par là que vous n'y croiserez rarement des monstres d'un niveau supérieur au level 11), certaines villes (Qualabar, Arwic) sont très dangereuses, et à ne recommander qu'aux joueurs expérimentés. mais bien sûr, ces villes dangereuses ont un gros avantage : c'est là que vous croiserez les meilleurs joueurs, et vous pourrez peut être leur jurer allegiance.

Monarques et vassaux.

Le système d'allegiance d'AC, en voilà une nouveauté pratique ! En effet, quoi de plus dur pour un joueur débutant que de se trouver confronté à un univers dont il ne comprend quasiment rien ? Ce système d'allegiance lui permettra donc d'être pris en charge par un joueur expérimenté, qui pourra s'occuper de lui, et lui fournir du bon matériel. En général, ce même joueur est sous les ordres d'un patron, et son patron est également sous les directives de quelqu'un, etc, jusqu'au monarque, le patron absolu, qui est en général d'un niveau incroyablement élevé (entendez par là level 50 environ). Mais quels sont les avantages pour un patron ? Et bien c'est très simple, votre patron va gagner un certain pourcentage de votre expérience acquise au combat. Ce pourcentage ne sera pas prélevé sur votre propre expérience, mais sera additionné. Et ce pourcentage varie en fonction de deux facteurs : la skill "leadership", propre au patron, et la skill "loyalty" propre au vassal. Plus ces aptitudes sont élevées, plus le patron empochera d'expérience. Et le vassal sort évidemment gagnant de tout cela, car non seulement il se voit fournir du matériel gratuitement, mais en plus, par la suite, il pourra lui aussi engager des vassaux, et donc gagner beaucoup d'expérience !

L'expérience.

Car l'expérience est la clé du jeu, comme elle est la clé de tout jeu de rôle bien évidemment. Vous allez en gagner au combat (plus vous tuerez des monstres de haut niveau, plus vous en gagnerez, nous sommes dans un jeu de rôle classique). Ces points d'expérience vont s'accumuler, et vous allez pouvoir par la suite vous en servir pour deux choses : augmenter vos attributs, et augmenter vos skills. Et plus vous aurez des attributs et skills élevées, plus vous aurez un personnage polyvalent, et plus vous pourrez vous aventurer en territoire dangereux. On commence par tuer quelques drudges insignifiants, et on tue par la suite des golems, des lugians (des géants bleus de plus de 2 mètres de haut), ou encore des morts vivants et liches... Et tout cela dans des paysages plus que varié, allant de la forêt verdoyante, aux déserts arides, en passant par les plages et les îles paradisiaques, les montagnes et sommets enneigés. Bref, vous allez gagner de l'expérience tout en voyageant dans un monde immense, et graphiquement très réussi...

Coté Graphismes.

Le moteur graphique est un des modèles du genre (pour un jeu online bien évidemment, pas question de le comparer à un Quake III ou un jeu de ce genre) : il ne demande pas de grosse configuration, peut monter en 1600*1200, avec plusieurs niveaux de détails, offre un clipping plus que correct, etc. De plus, il a le gros avantage d'afficher des décors extérieurs superbes! Il est vrai que l'on peut reprocher à AC une certaine banalité dans les textures, mais cela ne gâche en rien le plaisir visuel éprouvé lorsqu'on y joue. En ce qui concerne les personnages, ils sont tous humains, et ont la même corpulence, mais vous ne risquez pas de croiser votre clone, tant les possibilités de modifier son apparence physique sont nombreuses. Encore un bon point pour AC. Ce qui nous amène en revanche au principal point faible du jeu : le son. C'est à la limite du lamentable : pas de musique, pas d'effets sonores (enfin si, quelques monstres poussent de vagues cris)... Et pas de voix. Heureusement, Turbine Entertainment est conscient de ce défaut, et depuis quelques temps, rajoute des sons ambiants dans certaines régions du jeu, au fil des patchs, et nous garantit que ce problème de son est un de ses objectifs primordiaux.

Coté gameplay.

Intéressons nous maintenant au gameplay d'AC : il ne se manie pas comme un quake like, à savoir avec la combinaison clavier-souris, mais uniquement avec le clavier (touches directionnelles afin de diriger son personnage). C'est un peu délicat au départ, mais on s'y fait vite. Asheron's Call possède en gros deux catégories de joueurs : les joueurs qui utilisent la magie, et les joueurs qui utilisent les armes. Deux modes de combat sont donc proposés. Pour l'utilisation des armes, on cible une créature, et on choisit le type d'attaque que l'on souhaite lui porter : basse, moyenne ou haute. On choisit également, à l'aide d'une barre, si l'on souhaite des coups puissants mais lents, ou des coups rapides mais moins destructeurs. Bien entendu, les attaques varient en fonction du type de monstre à attaquer. En ce qui concerne l'armement, vous allez avoir le choix : épées, lances, tridents, arcs, haches, siffili, dagues, club, marteaux, etc. Et chaque branche contient des dizaines d'armes différentes, allant de la simple arme de base, à l'arme magique de très haut niveau. Car il ne faut pas négliger l'élément essentiel d'AC, la magie.

La Magie

Si vous comptez vous investir un tant soit peu dans ce jeu, vous devrez forcement vous y initier, soit en choisissant une ou plusieurs des 4 écoles de magie : Life magic (tous les sorts pour soigner, augmenter le mana, etc...), War Magic (magie offensive, avec des boules de feu, de glace, etc...), Item Enchantment (affecter armures et armes de propriété magiques), et Creature Enchantment (affecter les autres joueurs et monstres de propriétés magiques), soit en vous équipant d'armures et armes magiques. En effet, vous aurez quantité de matériel à découvrir, allant des épées enchantées aux casques et armures taillées dans des peaux de différents monstres. Et c'est tout ce qui fait l'attrait d'AC : un renouvellement permanent, une robustesse à toute épreuve.

Les evènements.

Asheron's Call a de plus un énorme atout : les évènements aléatoires, qui sont annoncés tous les mois (environ). De nouvelles zones apparaissent, de nouvelles quêtes sont initiées, de nouveaux objets (armes magiques, etc) sont introduits dans l'univers de jeu. En décembre dernier, par exemple, l'hiver s'est abattu sur Dereth, et des créatures de glace sont apparu. Récemment, un portail apparaissait, déversant des hordes de morts-vivants sur Dereth. Les développeurs organisent même des concours (un concours de recette, par exemple), bref, l'univers du jeu est très vivant et devrait subir de nombreux changements.

Ma vie, mon oeuvre...

Je voudrais au passage vous faire partager un peu de mon expérience, car il est impossible de faire le test d'un jeu pareil sans évoquer ses aventures personnelles. J'ai incarné un guerrier sur Solclaim, Moto Tsumoro, et j'ai combattu aux quatre coins de Dereth. J'ai pris les skills Sword, Item Enchantment, Melee defense, Run, et Life Magic, ce qui donne au final un personnage équilibré et facile à jouer. J'ai passé 110 heures sur AC, et j'ai rencontré la communauté francophone de Dereth, Monarchie (bonjour en passant à Venedra the Fury, Librasulus, Killdozer the old et Wolver), des joueurs américains très sympas (bonjour aussi à mon patron, Shaharidan, que je vous conseille si vous souhaitez vous lancer dans AC), etc, et le fin mot de l'histoire, c'est qu'avec mon vieux modem 56K, je n'ai pratiquement jamais été gêné par le lag, c'est merveilleux de pouvoir jouer sans être déconnecté toutes les 10 minutes.
Les Plus
  • Univers riche et immense
  • Moteurs graphiques et réseau très performants
  • Gameplay fabuleux
  • Plaisir de jeu constamment renouvelé
  • Les évènements aléatoires
Les Moins
  • Dur pour le porte monnaie
  • Ambiance sonore inexistante
  • Pas de serveur implanté en France
Résultat

En conclusion, je vous conseille fortement de vous lancer à l'assaut de Dereth, qui comporte mille et unes subtilités que je n'ai pas eu la place (ni le temps) d'évoquer. Mais attention, car ce jeu est une drogue, et en plus de l'achat du jeu, il vous faudra payer l'abonnement mensuel, et les factures de téléphone. Oui, ça va faire mal au porte monnaie, mais le jeu en vaut vraiment la chandelle. Quand à la comparaison avec Everquest, autre géant du RPG online, elle est difficile : les deux jeux se valent, sont tout deux très réussis et très prenant. Everquest est peut-être à réserver aventuriers plus expérimentés, mais le système d'allegiance et d'évènements aléatoires jouent énormément en faveur d'Asheron's Call. De plus, le jeu est constamment renouvelé grâce aux patches, à l'adjonction de nouvelles quêtes, et de nouveaux bonus de jeu. Bref, un jeu en constant devenir promis à un avenir brillant.

PS : n'hésitez pas à consulter l'excellent article du site Gamasutra, dans lequel Toby Ragaini, lead designer du jeu, nous fait partager les aléas du développement.

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