Test | Mad Max
14 sept. 2015

Ça manque un brin de folie

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Mad Max

Le jeu vidéo Mad Max a une drôle d'histoire. D'abord prévu pour une sortie en 2014, le jeu de Warner a eu la bonne idée d'attendre le succès du dernier film en date : l'excellent Mad Max Fury Road. Toutefois, le jeu ne pâtit-il pas de la comparaison avec le long métrage ?

L'histoire

Mad Max débute quand Max se fait dérober l'Interceptor, son fidèle bolide. Alors qu'il fait la connaissance de deux compagnons, un chien blessé et un étrange bossu nommé Chumbucket, notre héros voit son bolide se faire démanteler. Heureusement, Chumbucket lui propose de participer à sa "quête divine", et ainsi de construire un bolide hors-norme : la Magnum Opus. Pour ce faire, il vont devoir parcourir les Terres Désolés à la recherche de nombreuses pièces.

Mad Max retranscrit plutôt bien l'univers cinématographique des films de George Miller, ce grâce à quelques personnages plutôt réussis. Graphiquement, le jeu est plutôt joli mais pâtit sans doute d'un développement ayant débuté sur la génération précédente. Heureusement, la direction artistique finit de lui donner un cachet qui n'a rien à envier à l'ambiance de la saga.
Un univers fidèle

Le principe

Très brutaux, les combats permettent des coups spectaculaires à mesure que l'aventure avance.

Côté gameplay, le titre d'Avalanche Studios manque de ce brin de folie qui ferait passer Mad Max dans la catégorie des grands jeux. Pourtant les bases, piochées ici et là, restent solides. C'est par exemple le cas du système de combat repris de Batman, que l'on ne présente plus et dont la brutalité ici mise en valeur fait plaisir à voir. De même, vous retrouvez les habituels systèmes d'amélioration permettant de booster votre bolide mais aussi votre personnage.

Ainsi, vous devez récupérer de la ferraille sur les différents endroits visités. Sur le papier, la grande idée de ce Mad Max résidait pourtant autre part : dans la nécessité de se nourrir, de remplir sa gourde et de boire pour recouvrer de la santé, ou même celle de trouver des bidons d'essence pour remplir son véhicule de carburant.

Hélas, vous vous rendez vite compte que tout cela est assez vain. En effet, Max n'est jamais réellement en difficulté, et il est dommage que l'aspect survie ne soit pas plus prononcé. Même lorsque votre véhicule est anéanti, Chumbucket n'aura aucun mal à le réparer sur place. C'est toute la différence entre un jeu comme celui-ci et l'excellent Alien Isolation – par exemple – qui n'avait pas peur de prendre des choix radicaux, quitte à ne plus tenir le joueur par la main.

Si le jeu reste relativement divertissant, vous n'avez jamais l'impression de subir l'environnement. C'est le cas pour la gestion des ressources, mais aussi pour les rencontres avec les adversaires. De ce point de vue, le titre reprend les grande lignes de Far Cry, avec la présence de postes de gardes, de convois et de points de reconnaissance. Si la recette a fait ses preuves, vous ne serez jamais surpris par la folie des ennemis. Jamais oppressé non plus, vous aurez du mal à vous sentir dans un monde de fous.

Paradoxalement, le jeu met parfois en avant des idées assez "burnées". Ainsi, vous appréciez le fait de devoir subir des tempêtes vous obligeant à vous cacher dans un lieu sûr pendant quelques minutes. De même, si la configuration des touches est globalement à la ramasse (il est hallucinant de voir que l'on saute avec une gâchette, ou que ce gros bénêt de Max est incapable de prendre un jerrycan d'une main et une arme de l'autre), les poursuites font parler la poudre et s'en sortent remarquablement bien, comme dans les films de la saga.
À force de vouloir des compromis...

Pour qui ?

Exemple d'aberration : des déplacements rapides qui ne consomment pas un seul litre de carburant.

Évidemment, si vous êtes fan de Mad Max, le jeu devrait vous divertir suffisamment pour que vous y trouviez votre compte. D'ailleurs, si vous ne connaissez pas l'univers cinématographique, le titre pourrait bien vous surprendre par ses personnages et son ambiance. Les joueurs adeptes de l'action au sein d'environnements ouverts retrouveront pour leur part toutes les influences récentes du genre, de Batman à Far Cry. Enfin, à force de jouer la carte du divertissement pour tous, Mad Max est un jeu simple, et qui manque globalement de challenge. Si les joueurs confirmés verront en cela un défaut, d'autres en profiteront peut-être pour faire essayer le titre d'Avalanche Studios à des personnes n'ayant pas l'habitude de jouer au jeu vidéo. Pourquoi pas, après tout.
Un peu tout le monde

L'anecdote

Avouez : ça donne quand même envie de se faire une partie de Twisted Metal, non ? Dommage.

Il est finalement dommage que Mad Max ne propose pas de mode multijoueur. En effet, impossible de ne pas penser à Twisted Metal ou à Motorstorm en parcourant les zones désertiques caractéristiques de la saga. C'est dommage, car il y avait sûrement quelque chose à faire à ce niveau, surtout que le jeu permet d'anéantir d'autres buggys en chargeant ou en tirant au fusil ou au harpon. Peut-être pour une suite ?
De la tôle froissée, mais en solo
Les Plus
  • Esthétiquement convaincant
  • L'ambiance en général
  • La Magnum Opus
  • Quelques personnages secondaires bien sentis
  • Une recette qui a (trop?) fait ses preuves
  • Sur le papier, il y avait de l'idée
  • Les tempêtes
  • L'action au sein des véhicules
Les Moins
  • Un jeu qui manque vraiment de "cojones"
  • Quel dommage de ne pas avoir développé l'aspect survie !
  • Le système d'amélioration bridé par la nécessité de remplir des missions ou cumuler des niveaux
  • Un mode multi aurait pu être appréciable
  • Des incohérences flagrantes dans le game design
Résultat

Les productions Warner défilent et se ressemblent. Ainsi, après L'Ombre du Mordor et Batman, Mad Max reprend lui aussi les grandes lignes du monde ouvert et du combat au corps à corps. À vrai dire, difficile de ne pas imaginer que Warner s'aventure sur les plates-bandes d'Ubisoft : confectionner une recette propre à tous les jeux de l'éditeur. Si L'Ombre du Mordor offrait un élément de gameplay pertinent, et si le dernier Batman atteint le firmament grâce à une narration et une atmosphère digne des plus grands, Mad Max reste finalement un peu en retrait. À force de ménager la chèvre et le... fou, Avalanche Studios nous livre un titre qui manque de folie. Pourtant, une fois la dizaine d'heures passées, Mad Max gagne en souplesse et quelques moments de bravoure se dessinent (qu'il s'agisse de certaines scènes d'action ou de la beauté grisante des tempêtes). Un jeu plutôt bon, voire même très réussi sur le plan esthétique, mais qui n'arrive jamais à atteindre l'excellence ludique et artistique des meilleurs – la faute à des incohérences trop nombreuses dans le game design. Si suite il y a, espérons que le studio qui en aura la charge prendra plus de risques, car il y a assurément matière à faire un grand jeu.

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