Test | Battlefield : Hardline
26 mars 2015

C'est pas de la bonne

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Battlefield : Hardline

Battlefield : Hardline marque un tournant dans la série d'EA. Développé par Visceral Games pour l'occasion, le titre n'ambitionne rien de moins que de revisiter le mythe du flic et du bandit. Au revoir les conflits majeurs et bonjour la guerre contre le crime. Reste à savoir si cette nouvelle orientation vaut vraiment le détour.

L'histoire

Battlefield : Hardline vous place donc dans la peau d'un policier de Miami luttant contre le crime, et plus précisément contre le trafic de drogue et ses méchants flics ripoux. Le jeu n'est pas sans rappeler certains films ou séries TV, et la présence d'acteurs issus de productions américaines ne fait que renforcer ce sentiment. Toutefois, c'est pas tant par son histoire que par son rythme et son sens du spectacle que brille Battlefield : Hardline. De ce point de vue, le jeu est convaincant, bien aidé par la modélisation des protagonistes – assez réussie – ainsi que des effets visuels impressionnants lors des scènes d'action. Si le scénario rempli de clichés passe au second plan, le jeu des acteurs et le doublage anglais donnent une touche de réalisme bienvenue.
End of Watch

Le principe

L'un des meilleurs passages du jeu, hélas situé au début de l'aventure. Notez l'effet de lumière.

Toutefois, passé les quelques éclats de mise en scène, Battlefield : Hardline donne surtout l'impression d'avoir affaire à un concept sous-exploité. Les missions se basent sur une idée assez simple : se la jouer infiltration et mettre en joug des criminels afin de les appréhender. Le principe est sympathique, et les deux premières missions (qui font office de tutorial) sont pour le moins prometteuses. Hélas, à mesure que l'aventure progresse, vous finissez par vous rendre compte que les mécaniques sont finalement trop rodées pour totalement emballer. Avec ses ennemis aux parcours particulièrement scriptés (quand ils ne restent pas complètement inactifs), Battlefield : Hardline a définitivement quelque chose de suranné. C'est d'autant plus gênant que la part d'infiltration dans la campagne solo est importante.

Mais plus dérangeant que cet aspect somme tout assez banal, c'est bien le concept même d'arrestation des suspects qui trahit le jeu. Ainsi, si l'idée est louable sur le papier, dans les faits, on sent bien que Battlefield : Hardline tourne beaucoup trop autour de cette mécanique. Il n'est pas rare, par exemple, de nettoyer toute une zone en se contentant de mettre en joug les ennemis et de les appréhender, tout ça sans que les gardes alentours (régis par leurs cônes de vision) ne s'aperçoivent du moindre souci. Pas très next-gen tout ça. Dans le même genre, dommage que le système d'arrestation ne soit pas plus subtil. Que vous mettiez en joug vos opposants avec un 9 mm ou un fusil à pompe ne change strictement rien, et le fait qu'ils soient parfois mieux armés que vous n'apporte aucune tension supplémentaire. Allié au scénario particulièrement téléphoné, ce sentiment d'avoir affaire à une simple recette "bien appliquée" est regrettable. Même la belle diversité des environnements et des situations de jeu finit par pâtir de ce ressenti général. C'est dommage, car Battlefield : Hardline avait clairement des atouts à faire valoir.
Les mains sur la tête... dans le guidon

Le multi

Paradoxalement, les situations sont aussi variées que convenues.

Quitte à jouer aux gendarmes et aux voleurs, autant le faire avec des amis. Ainsi, Battlefield : Hardline propose l'habituel mode multijoueur, évidemment adapté au background du jeu pour l'occasion. Exit les conflits planétaires et bonjour les affrontements façon Counter-Strike... Enfin, si on veut. En effet, bien que l'univers et certains modes rappellent le dinosaure de Valve (les escortes de VIP par exemple), Battlefield : Hardline pêche néanmoins par son manque de pragmatisme et de lisibilité (un fardeau inhérent à la série diront certains). Pourtant, le jeu a tout de même la bonne – et logique – idée de supprimer bon nombre d'armes lourdes et de véhicules : impossible d'imaginer autre chose que des hélico, des tanks et des bolides compte tenu du cadre à disposition. Résultante directe : l'intégration d'un mode Poursuite Infernale, plutôt sympa et basé sur les véhicules et bagnoles – à la physique toujours aussi discutable.

En plus de cela, citons évidemment les modes Braquage et Argent Sale qui s'intègrent assez logiquement à l'univers de Battlefield : Hardline. Si le premier porte bien son nom et vous propose soit de voler de l'argent, soit de le défendre, le second s'apparente un peu à un Capture de Drapeau couplé à un Domination (dans le fond). Ce dernier vous permet par exemple d'aller piocher dans les caisses adverses. De quoi s'éclater entre deux parties des habituels modes Conquête. Enfin, terminons par le plus gros regret : l'impossibilité de parcourir la campagne en coop'. C'est d'autant plus dommage que le solo se parcourt presque constamment avec un coéquipier contrôlé par le CPU, loin d'être futé qui plus est.
Du contenu mais sans coop'

Pour qui ?

Le mode braquage est l'un des plus du multijoueur.

Soyons clairs : Battlefield : Hardline fait un peu office de second couteau. Malgré son multijoueur relativement convaincant, le titre fait plutôt pâle figure en comparaison de la progression opérée par Call of Duty : Advanced Warfare. Le solo du titre de Visceral Games est assurément moins haletant et divertissant que la concurrence. Pourtant, Battlefield : Hardline peut convaincre les plus férus adeptes de FPS ; pas ceux qui sont exigeants, non, plutôt les boulimiques du genre.
Les boulimiques

L'anecdote

IA nulle, level design scolaire, alarmes, scanner : l'influence de Far Cry 3 est trop évidente.

Exemple parfait des petits couacs brisant l'immersion dans Battlefield : Hardline : cette scène où vous vous retrouvez à braquer votre arme sur trois types plantés comme des piquets. Malgré la présence de votre partenaire à une vingtaine de mètres, cela ne sert à rien de compter sur son support. Ainsi, à trois contre un, les malfaiteurs auront tout le loisir de sortir leurs armes dissimulées afin de vous plomber le crâne. Pour le réalisme et une intelligence artificielle à la hauteur des espérances, on repassera.
Faire le travail soi-même
Les Plus
  • Le début du jeu
  • Le sens du spectacle
  • Les effets visuels
  • Une certaine diversité
  • Les arrestations, des bases intéressantes
  • Un solo tout de même divertissant
  • Une durée de vie honnête, même seul
  • Le multijoueur, comme souvent
Les Moins
  • Caster des acteurs convaincants pour un scénario si quelconque...
  • L'iA des ennemis (au secours)
  • Des scripts désuets
  • Des incohérences à tous les niveaux
  • Juste divertissant
  • Pas non plus "waouh" sur le plan technique
  • L'absence de coop' pour la campagne (alors que les arrestations s'y prêtaient bien)
Résultat

En soi, Battlefield : Hardline n'est pas un mauvais jeu. Le souci, c'est juste qu'il mise tout sur une idée à la fois attrayante et simpliste. Si l'arrestation des suspects peut être grisante (notamment au début du jeu), elle se révèle finalement redondante, la faute à un level design et une intelligence artificielle dépourvus d'originalité. De même, difficile de ne pas voir l'omniprésence d'événements scriptés (de l'apparition des ennemis aux courses poursuites) comme un frein à l'immersion. Heureusement, le titre dispose désormais d'un sens du spectacle qu'on ne lui connaissait pas, ainsi que d'un multijoueur toujours convaincant. Des bases sont posées, reste à espérer qu'une suite vienne apporter un peu (beaucoup ?) d'audace à une série qui en a définitivement besoin.

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