Test | Far Cry 4
27 nov. 2014

Le foutage de Ghale ?

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Far Cry 4

Avec ses nombreuses licences à succès, on pourrait comparer Ubisoft à un sympathique restaurant. Tout le monde aime se faire un bon repas entre amis, souvent dans les mêmes endroits, par habitude mais aussi pour ne pas prendre le risque d'être déçu. Et à chaque fois, les plats sont attendus avec une certaine impatience. Far Cry 4 c'est ça : un plat attendu... mais qu'on aurait peut-être déjà un peu trop goûté par le passé.

L'histoire

En 2012, Far Cry 3 avait fait sensation. Sorte d'allégorie de l'Amérique et de son capitalisme, le jeu brillait par un discours fort, une démence omniprésente et un final réussi. Un sentiment accentué quelques mois plus tard par la sortie de l'excellent Far Cry 3 : Blood Dragon, ode aux années Reagan. Pour sa part, Far Cry 4 vous fait grimper dans les montagnes de l'Himalaya. Vous incarnez Ajay Ghale. Tandis que vous comptiez disperser les cendres de votre mère dans la province fictive de Kyrat, vous voilà pris dans une guerre civile due à un dictateur cinglé : Pagan Min.

Si ce personnage laisse d'abord penser que la trame aura de l'intérêt, il est dommage de ne jamais retrouver la finesse d'écriture de Far Cry 3. Un constat accentué par des situations un peu ubuesques, notamment quand on se penche sur le background. Entre la milice de l'épisode précédent et les factions de cet Himalaya fantasmé, il y a finalement peu de différences. Voir une femme prendre les armes et crier "Je vais tous vous crever !" fait plus penser au dernier Tomb Raider qu'à autre chose.

Heureusement, malgré un léger clipping et des textures parfois décevantes, Far Cry 4 est plutôt joli, au point que vous vous surprendrez parfois à vous arrêter pour contempler le paysage. Le titre d'Ubisoft n'est peut-être pas la claque attendue sur next gen (surtout qu'esthétiquement l'ensemble est très proche de Far Cry 3), mais il figure sans nul doute parmi les plus beaux jeux disponibles à ce jour. Mention spéciale aux missions se déroulant dans les sommets de l'Himalaya ou dans la mythique Shangri-La.
L'Himalaya comme vous ne l'avez jamais vu

Le principe

A certains moments, Far Cry 4 est vraiment très beau.

Concernant l'aspect ludique, Far Cry 4 suit un peu trop les traces de son aîné. A vrai dire, vous vous retrouvez avec une sorte de copier/coller, au point qu'il aurait été plus judicieux de créer une vraie suite à Far Cry 3 plutôt qu'une nouvelle histoire à part entière. Comme dans l'épisode précédent, la progression se fait au sein d'un environnement totalement ouvert, qui vous invite à progresser dans la quête principale, désactiver des tours radio, attaquer des postes de gardes, secourir des otages ou encore chasser pour confectionner de l'équipement.

L'impression d'avoir affaire à un clone est d'autant plus présente que les ennemis sont souvent identiques à ceux de Far Cry 3 (une pensée, par exemple, pour les artilleurs et les lanceurs de molotov). Pour trouver un soupçon de (vraie) nouveauté, il faut se tourner vers la trame principale qui vous demande de choisir vos missions entre deux leaders. Côté gameplay, ce sont les "véhicules" (gyrocoptère, wingsuit) et le grappin qui sortent du lot, un peu par défaut puisque la verticalité de l'environnement – plus prononcée que dans l'épisode précédent – rendait l'intégration de tels joujoux obligatoire.

Même le bestiaire reste finalement classique (pas aidé par l'IA assez neuneu des animaux) et on retiendra surtout la possibilité de chevaucher des éléphants, et l'apparition d'opposants capables de contrôler la faune pour mieux vous enquiquiner. Les ennemis du jeu étant tout sauf futés, cette capacité donne plus l'impression de cache-misère ludique qu'autre chose. En parlant de capacité, l'arbre de compétences déjà présent dans Far Cry 3 est repris peu ou prou à l'identique. Cette impression de sans cesse se reposer sur ses lauriers a tendance à agacer de plus en plus au fil des heures.
Un goût de trop peu

Le multi

Le grappin s'utilise à des endroits précis. Dommage car la sensation de liberté en prend un coup.

Far Cry 4 propose deux pans multijoueur distincts. Premièrement, il y a le mode en ligne classique, divisé en trois modes de jeu et qui vous demande de choisir entre deux factions au gameplay sensiblement différent. Malgré un éditeur de niveaux convaincant, difficile d'être totalement emballé par la chose. Vient ensuite le mode coopération. Celui-ci vous permet de parcourir Kyrat avec un ami (en ligne uniquement) et de prendre d'assaut des forteresses surarmées. Un bonus qui se révèle au final assez intéressant, même si plus de défis auraient été les bienvenus.
Le coop' en tête

Pour qui ?

Tout comme les modèles/animations des ennemis, les exécutions rappellent beaucoup trop Far Cry 3.

Étonnamment, Far Cry 4 peinera à trouver sa cible. Beaucoup ne verront en lui qu'une continuité fainéante de Far Cry 3. Pour ces joueurs, ce quatrième épisode pourra autant s'apparenter à une déception qu'à un bon moment, en fonction de votre seuil de tolérance. Pour ceux n'ayant pas fait le précédent volet, Far Cry 4 n'aura d'intérêt que si vous le faites sur next gen. Si vous avez un Xbox 360 ou une PlayStation 3, surtout au regard de son prix et d'une écriture plus surprenante, Far Cry 3 peut s'avérer être un meilleur choix.
Une flèche manquée

L'anecdote

Pagan Min est présent dès l'introduction.

Pagan Min n'est autre que l'équivalent de Vaas dans Far Cry 3. Toutefois, l'archétype est moins surprenant, la faute au fait que ce psychopathe ait la parlotte facile en plus d'être dévoilé dès l'introduction. Pagan Min est paradoxalement trop présent pour inquiéter à la manière des méchants de Bioshock, et trop discret pour être développé correctement. Dommage, car Far Cry 4 semble passer à côté de son objectif en terme d'ambiance. Un constat d'autant plus perturbant que la caractérisation des différents protagonistes (dérangés, manipulateurs, etc.) est véritablement calquée sur celle des personnages de Far Cry 3.
Mais il est fou ?! Oh non !
Les Plus
  • Certains paysages particulièrement beaux
  • Un monde ouvert tout de même ludique (chasse, etc.)
  • Du contenu sans forcer mais bien présent
  • Bon... chevaucher un éléphant
  • Le coop'
Les Moins
  • Quelques textures et modèles décevants
  • Transposer si bêtement les thématiques de Far Cry 3 dans l'Himalaya... Sérieusement ?
  • Des protagonistes (Pagan Min, personnages secondaires, etc.) complètement ratés
  • Ajay Ghale, héros sans charisme
  • Une progression peu inspirée
  • Certaines missions trop similaires à celles de Far Cry 3 (brûler des champs et de l'opium... Vraiment ?)
  • Une IA et des scripts franchement scandaleux par moment (adieu l'immersion)
  • Déjà pas nombreuses, les nouveautés sont parfois décevantes (par exemple le grappin)
  • Quelques (rares) chutes de framerate (notamment dans Shangri-La)
Résultat

Far Cry 4 n'est rien d'autre qu'une recette bien "mythonnée". Trop bien même, puisque le jeu reprend à la fois les grandes et petites lignes de Far Cry 3. Qu'il s'agisse de Pagan Min, des personnages secondaires caricaturaux ou de certaines missions reprises à peu de chose près du précédent volet, tout sent le réchauffé. Une impression renforcée par un arbre de compétences terriblement classique ainsi qu'une intelligence artificielle n'ayant pas progressé d'un iota. Certes, Far Cry 4 n'est pas un calvaire, mais il se révèle à la fois moins surprenant que Far Cry 3 (la transposition des thématiques dans l'Himalaya tronque le sens du discours) et moins barré que le tout-ludique Blood Dragon. Finalement, le jeu est surtout sauvé par ses environnements dépaysants. La marque de fabrique de la série pour certains, un retour en arrière pour d'autres.

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